Le télétravail, une option convenable
Contraints par l’actuelle crise sanitaire à limiter au maximum les déplacements, de nombreux employeurs ont encouragé leurs salariés à faire du télétravail. Regardée dans un premier temps avec scepticisme, la mesure a fini par convaincre et au bout de deux mois, elle commence à porter ses fruits, selon des études de spécialité. Ainsi, une enquête déclenchée à la mi-mars par la société de conseil en ressources humaines HPDI (Human Performance Développent International) et menée deux mois durant, montre-t-elle que dans les six mois à venir, les salariés des grandes entreprises travailleront 40% du temps depuis chez eux.
Christine Leșcu, 09.09.2020, 13:00
Contraints par l’actuelle crise sanitaire à limiter au maximum les déplacements, de nombreux employeurs ont encouragé leurs salariés à faire du télétravail. Regardée dans un premier temps avec scepticisme, la mesure a fini par convaincre et au bout de deux mois, elle commence à porter ses fruits, selon des études de spécialité. Ainsi, une enquête déclenchée à la mi-mars par la société de conseil en ressources humaines HPDI (Human Performance Développent International) et menée deux mois durant, montre-t-elle que dans les six mois à venir, les salariés des grandes entreprises travailleront 40% du temps depuis chez eux.
Parmi les principaux inconvénients du télétravail figure notamment le manque de compréhension des sentiments personnels, suivi par la transmission déficitaire des informations, rapportée par 28% des salariés pris en compte par le sondage. Enfin, 23% des sujets questionnés ont accusé les réponses tardives et l’absence d’une interaction directe avec les autres. Tout cela mis à part, le télétravail a fait des adeptes, aux dires de Petru Păcuraru, PDG de HPDI. « Même si, dans un premier temps, on s’attendait à ce qu’une fois la quarantaine levée, les gens frappent du poing sur la table, las de toute cette période difficile de télétravail forcé, eh bien, on a fini par constater que bon nombre d’entre eux souhaitent marier travail à domicile avec travail sur place. En fait, le télétravail occupe un poids plus important qu’on ne s’y attendait. Notre enquête a débouché sur une surprise, à savoir d’ici la fin de l’année, les salariés à temps plein souhaiteront travailler 40% du temps depuis chez eux, au lieu de passer 100% de leur temps au bureau. »
Encore plus surprenant est de constater la préférence des employeurs pour le travail à distance. Au bout de deux mois de télétravail, les chefs d’entreprises ont constaté une hausse de l’efficacité de leurs salariés, parallèlement à la baisse des frais de transports, de logement et d’entretien des locaux, affirme Petru Păcuraru :« On doit prendre en considération le temps passé pour se déplacer, surtout quand on parle de Bucarest et de ses alentours, les gens mettant parfois une heure pour se rendre au bureau et une heure pour rentrer chez eux. Donc, à force de travailler à la maison, on peut épargner deux heures qu’on passe normalement coincés dans les embouteillages. C’est un avantage pour l’employeur aussi, celui de faire économiser ce temps aux salariés. Après, le télétravail a permis aux gens de profiter de ce qu’ils ont déjà. Si on laisse de côté la peur et la panique, qui se sont emparé des gens au début de la pandémie, on constate qu’ils ont commencé à apprécier leur vie : leurs appartements, leurs maisons, leurs enfants, les animaux de compagnie, en fait, tout ce qu’ils ont obtenu dans la vie. Et, malgré les pronostics, étant donné que l’activité n’a pas eu à souffrir, le télétravail a fait gagner tout le monde. »
Du coup, les salariés ont demandé de travailler à distance deux ou trois jours par semaine. Une telle demande pourrait-elle devenir une nouvelle règle à l’avenir ? Petru Păcuraru : « Je ne saurais me rapporter qu’à 2020, qui restera comme une année marquée par la pandémie et le télétravail. Bien sûr que le domaine d’activité a son mot à dire, mais personnellement, je crois que les entreprises souhaiteront revenir petit à petit à la situation initiale. Le travail à distance se maintiendra en place, mais il perdra de son importance. Ce ne sera pas de la faute des salariés, mais de leurs chefs qui souhaiteront garder le contrôle. Du coup, ils feront venir les gens au travail pendant 80% de leur temps et le reste de 20%, ils leur permettront de bosser à domicile. A l’heure où l’on parle, la situation est loin de ce scénario. Nous, on a pensé qu’une fois le déconfinement mis en place le 15 mai, les gens reviendront au bureau. Eh bien, ce n’est pas le cas. La plupart d’entre eux n’envisagent pas de le faire avant septembre. »
En pleine révolution technologique, lorsque la numérisation du travail ne fait qu’augmenter, il est essentiel d’avoir une bonne connexion Internet, surtout si l’on travaille à domicile. La vitesse et l’accès à Internet – voici deux critères fondamentaux pour certains domaines, constate un récent classement réalisé par BroadbandDeals.co.uk. Selon la publication britannique, Bucarest est la meilleure ville européenne pour pratiquer le télétravail, alors que Rome est en queue de peloton. Le classement prend en compte plusieurs critères dont la vitesse de la connexion et l’accès à Internet qui a une moyenne de 52 Mbps dans la capitale roumaine, sans oublier la qualité des services de livraison de nourriture à domicile et le coût général de la vie.
Cela fait plusieurs années déjà que le journaliste espagnol Marcel Gascon Barbera est le correspondant de l’agence ibérique EFE à Bucarest et collaborateur du site d’informations Balkan Insight. Sa propre expérience de vie confirme les résultats du classement mentionné. Marcel Gascon Barbera : « Bucarest est une ville excellente pour le travail à domicile ou à distance. Moi, je peux confirmer tout ce que cette étude met en évidence. Je ne peux pas la comparer à d’autres villes, mais de par mon expérience, je peux vous dire que la connexion Internet y est excellente, fiable et bon marché. Les bars et les restaurants offrent de très bons services de livraison à domicile. De même, le coût de la vie est assez bas par rapport à d’autres pays. A mon avis, toute personne, qui travaille depuis chez elle à Bucarest ou qui utilise du moins Internet dans cette ville, ne peut que partager mon avis. Pour moi personnellement c’est le tarif très bas d’Internet qui est très avantageux. Mais ceux qui font du design en ligne par exemple, qui téléchargent des fichiers vidéo ou travaillent avec des logiciels plus compliqués – ces personnes-là ont vivement besoin d’une connexion forte et performante. C’est ce qui fait la différence, d’ailleurs, entre une ville et une autre. Ici, à Bucarest, on est assez chanceux. »
En tant que journaliste, Marcel Gascon Barbera a toujours travaillé à domicile. A son avis, dorénavant, le télétravail sera une option de plus en plus utilisée : « Maintenant, avec cette crise déclenchée par la pandémie, il est très possible que de plus en plus de gens se mettent à travailler chez eux. Peut-être ne le feront-ils pas en permanence, mais c’est sûr que ces derniers mois les gens ont appris qu’il est possible de faire à la maison tout ce qu’ils faisaient au bureau. Et ils préféreront travailler à domicile, du moins partiellement. En tout cas, c’est une possibilité. Et Bucarest est une ville très intéressante en ce sens.»
Et, qui sait, si le télétravail était de plus en plus privilégié, le trafic routier diminuerait et la capitale roumaine deviendrait une ville moins polluée. (Trad. Ioana Stăncescu, Valentina Beleavski)