Le programme pilote «Ecoles sans harcèlement»
Toujours plus d’enfants sont agressés, ridiculisés et intimidés par leurs propres camarades en raison soit de leur apparence physique, soit de leur statut social. Près de 19.000 cas de violences ont été enregistrées au niveau national pendant l’année scolaire 2014-2015, selon les données fournies par le ministère de l’Education. Des dizaines de milliers d’appels ont également été enregistrés par l’Association « Le téléphone de l’enfant » signalant des actes de violence à l’école. 54% des enfants n’ont parlé à personne des abus dont ils étaient victimes, 24% ont confié leur souffrance à leurs amis ou à leurs collègues et 22% en ont parlé à leurs parents.
România Internațional, 17.10.2018, 13:42
Toujours plus d’enfants sont agressés, ridiculisés et intimidés par leurs propres camarades en raison soit de leur apparence physique, soit de leur statut social. Près de 19.000 cas de violences ont été enregistrées au niveau national pendant l’année scolaire 2014-2015, selon les données fournies par le ministère de l’Education. Des dizaines de milliers d’appels ont également été enregistrés par l’Association « Le téléphone de l’enfant » signalant des actes de violence à l’école. 54% des enfants n’ont parlé à personne des abus dont ils étaient victimes, 24% ont confié leur souffrance à leurs amis ou à leurs collègues et 22% en ont parlé à leurs parents.
En 2016, l’Organisation « Sauvez les Enfants » Roumanie lançait la première étude nationale sur le harcèlement scolaire. Nous écoutons le psychologue Marius Rusu: «13% seulement des enfants du milieu scolaire connaissent la notion de « harcèlement scolaire », ce qui prouve que très peu d’activités de prévention ou d’intervention sont entreprises dans les écoles. Selon les données fournies par l’étude, 31% des enfants sont exclus du groupe d’élèves, 29% subissent des violences physiques et des insultes au moins deux fois par semaine ; 39% d’entre eux sont bousculés, heurtés, blessés. On peut se rendre compte de l’ampleur du phénomène en parlant aux enfants: 73% d’entre eux affirment avoir été témoins d’un acte de harcèlement. Quant au harcèlement en ligne, la situation n’est pas meilleure : 69% des enfants ont assisté au moins un fois durant la dernière semaine, à un acte de harcèlement sur WhatsApp ou dans les groupes de socialisation. Si ce phénomène prend de l’ampleur, c’est surtout parce que des programmes de prévention ne sont pas mis en œuvre au niveau des écoles et il prouve que l’abus est encore très répandu dans la société roumaine. »
Selon les psychologues, le premier facteur qui détermine ce phénomène est le comportement des parents. Les études montrent que 6 enfants sur 10 vivent dans un milieu familial abusif, où ils connaissent la violence physique ou émotionnelle. Quant au milieu scolaire, les spécialistes estiment que des centres d’éducation parentale et des services de soutien aux enfants et à la famille devraient être créés dans chaque comté, les cabinets d’assistance psychopédagogique qui existent actuellement dans les écoles n’étant pas suffisants. Les écoles du milieu rural disposent d’un seul conseiller psychologique pour 800 élèves. La capitale compte un seul conseiller pour 1.200 élèves. Plusieurs campagnes et programmes de lutte contre le harcèlement scolaire ont été déroulés en Roumanie ces dernières années. L’organisation « Sauvez les enfants » vient de lancer le programme-pilote « Ecoles sans harcèlement » dont bénéficieront les quelque 5000 élèves des 20 écoles prises en compte. Marius Rusu: « Nous envisageons de mettre en œuvre ce projet dans le comté de Dâmboviţa, dans le sud du pays. Des équipes seront constituées, formées chacune de 3 membres : un professeur, un conseiller psychologique et un élève. Nous souhaitons couvrir les deux aspects de la lutte contre ce fléau : dérouler tout d’abord une activité de prévention, en développant les capacités socio-émotionnelles des enfants, leur empathie, leur compassion. Et nous tenteront aussi de susciter chez eux une prise de conscience des risques du harcèlement. Nous nous proposons également d’élaborer des procédés très précis de gestion des cas de harcèlement, pour que les professeurs et les conseillers psychologiques sachent clairement, à chaque instant, ce qu’ils doivent faire quand un cas de harcèlement a été rapporté. Enfin, la chose la plus importante dans ce projet pilote est la cooptation des enfants dans ces équipes, pour nous assurer leur collaboration. Ils deviendront nos partenaires dans l’élaboration de stratégies et de solutions visant à éliminer les actes de harcèlement. »
L’année dernière Association « Parents intelligents » a déroulé elle aussi une campagne visant à prévenir le harcèlement scolaire en collaboration avec la radio Itsy Bitsy FM destinée aux enfants. Un premier débat a eu lieu au siège du Parlement, avec la participation d’une quarantaine de représentants du gouvernement, du parlement, des ONGs, ainsi que de psychologues et d’experts en harcèlement scolaire. Nadia Tătaru, co-fondatrice de la radio Itsy Bitsy FM et présidente de l’Association « Parents intelligents »: « Aux tables rondes organisées pendant toute l’année 2017 avec les parties intéressées ont également participé des parlementaires. Constatant combien ce problème du harcèlement à l’école est important, deux d’entre eux déposé en mai dernier au Parlement deux initiatives législatives, visant à introduire la violence psychologique – soit le harcèlement – dans la Loi de l’éducation et dans le Code du travail parmi les autres formes de violences – notamment physique. Ces deux projets de loi suivent leur chemin. Le plus avancé est celui visant à amender la loi de l’Education. Ce projet a déjà reçu l’avis favorable de toutes les commissions et il sera avancé cet automne à la chambre des Députés et au Sénat. Nous disposerons donc d’une loi de l’éducation modifiée, qui prévoit entre autres des pénalités. Pourtant ce n’est pas là notre principal but. Notre but est de faire comprendre aux gens que la violence psychologique est très dangereuse et les déterminer à y renoncer. Nous avons besoin, pour cela, de campagnes très efficaces de prévention dans les écoles et de campagnes d’information parmi les enseignants, afin qu’ils puissent identifier le harcèlement et intervenir de manière appropriée pour y mettre un terme. »
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la Roumanie occupe la 3e place en Europe parmi les 42 pris en compte pour l’étude du harcèlement. (Trad. : Dominique)