Le marché de l’emploi en temps de pandémie
Luiza Moldovan, 01.07.2020, 15:52
La plupart des
personnes qui ont perdu l’emploi du fait de la pandémie sont âgées de 45 à 54
ans, proviennent du milieu rural et ont une éducation précaire. C’est ce que
révèle une enquête IPSOS réalisée du 11 au 17 mai 2020. Selon cette étude, 19%
des répondants ont perdu leur emploi, 16% ont été placés au chômage partiel,
14% ne travaillaient pas avant la pandémie et continuent d’être désoeuvrés.
Enfin, 27% des sondés affirment que
l’épidémie de Covid-19 n’a amené aucun changement dans leur travail.
Dans bien des domaines, le télétravail a été de
mise. La grande majorité des télétravailleurs habitent la capitale, Bucarest et
ont fait des études supérieures. Parmi eux, les femmes sont majoritaires, tout
comme les jeunes de 18 à 34 ans et les diplômés. 22% des questionnés ont
continué de se rendre au travail. Les domaines les plus stables son les
technologies de l’information, les ressources humaines et le marketing.
Dragoș Gheban,
cogérant de la plateforme de recrutement hipo.ro, nous a livré une radiographie
du marché roumain de l’emploi. Les
salariés des secteurs tels que la comptabilité et les finances, les transports,
le tourisme, les centres d’appel cherchent activement de nouveaux jobs, même
hors du champ de leur formation initiale.
Dragoș Gheban : L’analyse
que nous avons faite sur le portail des carrières hipo.ro met en évidence
les domaines les plus riches en offres d’embauche, en ce moment. Il s’agit,
tout d’abord, des technologies de l’information, logiciels et équipements de
télécommunications confondus. Vient ensuite le domaine financier-bancaire et
des assurances. En troisième position se situent les relations avec les
clients, les services de support y compris. La liste continue avec les ventes,
qui ont beaucop progressé dernièrement, suivies par l’ingénierie, la
production, les acquisitions, la logistique et les ressources humaines. Nous
estimons qu’avec la reprise d’activité dans le secteur de l’hôtellerie, de la
restauration et des cafés, HoReCa, le nombre d’opportunités va accroître. Bien
des gens ont perdu leurs emplois et puis les entreprises activant dans ce
domaine auront besoin de personnel pour faire face à une saison estivale qui
s’annonce assez chargée. Les ventes iront croissant elles aussi parce que la
production reprendra, petit à petit. A notre avis, ces deux derniers domaines
vont connaître une croissance réelle.
Dragoș Gheban nous a également parlé
de la foire virtuelle de l’emploi récemment lancée, à l’intention des jeunes,
par la plateforme de recrutement hipo.ro : Nous avons de bonnes
nouvelles pour les jeunes aussi. Nous venons de lancer une foire virtuelle de
l’emploi, qui concentre plusieurs centaines d’opportunités s’adressant à cette
catégorie de candidats. Nous conseillons aux jeunes de consacrer plus de temps
au processus de recrutement et de postuler pour plusieurs programmes pour être
sûrs de ne pas rater cet été et de gagner ainsi du temps pour leur carrière
professionnelle.
D’un point de vue émotionnel, après la
panique initiale, c’est l’inquiétude qui s’est installée surtout chez les
femmes. 40% des répondants se sont dits
optimistes, tandis que 38% ont déclaré que la pandémie a pesé lourd sur leur
moral et qu’elle leur a induit le stress. Plus informés et pragmatiques, les
hommes supportent mieux le stress émotionnel. Par contre, les femmes s’avèrent
plus inquiétées et réservées quand il s’agit d’un plan d’adaptation. Ceux qui
travaillent dans la production sont plus terre à terre et plus optimistes,
alors que les travailleurs du secteur tertiaire sont plus tendus, inquiets.
D’autre part, ces derniers ont le sentiment de se trouver dans une situation
privilégiée par rapport à ceux qui travaillent dans d’autres domaines.
48% des personnes ayant travaillé à
distance durant le confinement, affirment vouloir bien même souhaiter très fort
retourner sur leur lieu de travail. 18% des sondés déclarent le souhaiter peu
ou très peu. Les moins enclins à retourner au travail sont les jeunes de 25 à
45 ans, les diplômés et les employés habitant la capitale. 49% des Roumains qui
ont travaillé à domicile pendant le confinement avouent s’être sentis
inconfortablement, voire même très inconfortablement, lorsqu’il a fallu
regagner le lieu habituel de travail. Un autre aspect extrêmement important est
celui du niveau des salaires sur le marché de l’emploi. Idée partagée par 39%
des sondés, alors que 38 % des répondants trouvent que les cours de
perfectionnement professionnel sont fort importants.
Les mesures concrètes prises par le
gouvernement roumain ont aidé le marché de l’emploi. La ministre du travail
Violeta Alexandru, a annoncé le maintien des mesures de soutien aux catégories
professionnelles les plus durement touchées par la crise sanitaire. Il s’agit
des travailleurs de l’hôtellerie et de la restauration, du tourisme et du
domaine artistique.
Violeta Alexandru :
En premier lieu, à l’initiative du ministère du Travail et de
Protection sociale, le gouvernement a été d’accord avec la prolongation des
mesures de soutien à certaines catégories de personnes. Ces mesures, adoptées
durant le confinement, visent l’octroi de l’allocation familiale, le stimulant
d’insertion accordé aux parents qui acceptent d’écourter leur congé parental
légal, le stimulant pour les personnes se trouvant en congé d’accommodation en
vue de l’adoption d’un enfant. Les bénéficiaires de cette prolongation sont
ceux qui travaillent dans des secteurs où les restrictions n’ont toujours pas
été levées. C’est le cas des restaurants ou du domaine artistique, par exemple.
Les personnes dont le congé pour garde d’enfant arrivait à échéance
continueront donc de toucher les indemnisations mentionnées tant que les restrictions
frapperont leurs emplois ». (Trad. Mariana Tudose)