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Alexandru Stoleru est issu du milieu rural. Malgré les difficultés financières, il a pu bénéficier d’une bourse et d’une aide de l’ONG World Vision Roumanie pour effectuer sa scolarité. Aujourd’hui, il est étudiant à l’université Polytechnique et défend la cause des élèves méritants qui n’ont pas les moyens d’aller à l’école, et à qui l’État devrait venir en aide :

book, reading Photo: pixabay.com
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, 27.10.2021, 08:30

Alexandru Stoleru est issu du milieu rural. Malgré les difficultés financières, il a pu bénéficier d’une bourse et d’une aide de l’ONG World Vision Roumanie pour effectuer sa scolarité. Aujourd’hui, il est étudiant à l’université Polytechnique et défend la cause des élèves méritants qui n’ont pas les moyens d’aller à l’école, et à qui l’État devrait venir en aide :



« Je n’ai jamais été du genre à avoir 20/20. J’étais un élève moyen, qui obtenait des 14 ou des 15. Mais je m’intéresse surtout à ceux qui passent d’une moyenne de 9 à 12. Ce sont les plus importants ! Car un élève ayant obtenu un 18 et qui veut avoir 20 la prochaine fois n’a pas beaucoup d’efforts supplémentaires à fournir. Alors que cet élève qui passe de 9 à 12 a franchi une étape. Il passe du statut de « cancre de la classe » à celui de « tu vois, tu peux y arriver ! ». J’aimerais qu’à un moment donné on n’ait plus à discuter de ces élèves, qu’il s’agisse des cancres ou des premiers de la classe. Ils font tous partie des nombreux élèves qui ont envie d’apprendre, de réussir dans la vie. Nous pouvons travailler ensemble, construire quelque chose ensemble, et pour ça nous avons besoin que certains nous donnent une chance, nous aident, des personnes haut placées qui ont la possibilité de nous rendre plus forts, de nous faire monter sur le devant de la scène. Nous souhaitons aider les personnes plus âgées, les plus démunis etc. »



Combien perd l’État en n’investissant pas dans l’éducation de ces enfants ? Combien lui coûte un chômeur ? Quel bénéfice obtiendrait-il en misant sur un étudiant diplômé plutôt qu’un nouveau chômeur ? Voilà certaines questions soulevées par World Vision Roumanie dans le cadre de son enquête « Le coût de l’éducation : investissement, rendement, impact », dont les résultats ont récemment été partagés lors d’un débat récent. Les résultats sont sans équivoque.


Mihaela Nabăr, directrice exécutive de World Vision Roumanie, nous en donne un aperçu :



« Chaque leu (la monnaie roumaine) investi dans l’éducation nous en rapporte 8. Est-ce peu ou beaucoup ? Je ne sais pas. Mais il est évident que l’éducation est très rentable. Nous avons également examiné dans quelle mesure l’investissement dans l’éducation, ou l’impact de l’éducation sur certains individus, peut influencer le bien-être et le salaire chez chacune des catégories que nous avons observées. Et nous avons souhaité nous concentrer particulièrement sur ce facteur, car très souvent, dans les communautés rurales roumaines avec lesquelles nous travaillons, 78 % des parents sont convaincus que le réseau prime sur l’éducation scolaire. Cette étude vient déconstruire ce mythe. Elle nous prouve, en s’appuyant sur des chiffres, que chaque niveau d’éducation, chaque cycle d’apprentissage, permet de doubler le salaire d’une personne, et aussi les revenus qu’elle reverse ensuite à l’État par d’autres voies. »



Pour être plus précis, l’étude montre que le salaire brut d’une personne double à peu près à chaque fois qu’elle termine un nouveau cycle d’enseignement. Un bachelier gagnera deux fois plus qu’une personne qui n’a pas poursuivi ses études après le collège. De même, un étudiant diplômé de l’université gagnera deux fois plus qu’un autre n’ayant obtenu que le baccalauréat. Tout ça indépendamment du statut professionnel de chacun, qu’ils soient salariés, agriculteurs ou qu’ils travaillent à leur compte dans un autre domaine.



De même, pour certains, la contribution au budget de l’Etat augmente proportionnellement à leur niveau d’études et à leurs revenus. Ainsi, un Roumain ayant terminé l’école primaire contribue au budget de l’Etat à hauteur de 10 000 lei (environ 2 000 euros). Cette somme double pour passer à 20 000 lei (environ 4 000 euros) pour les personnes issues d’une filière technique, puis jusqu’à 40 000 lei (environ 8 000 euros) pour les diplômés d’études universitaires ou postuniversitaires. Pour résumer simplement, à chaque nouveau diplôme obtenu, votre contribution au budget de l’État double presque.



Évidemment, l’État paye aussi nos études ! Mais selon l’enquête sur « Le coût de l’éducation : investissement, rendement, impact », commandée par World Vision Roumanie, pour chaque leu investi dans un cycle scolaire complet (de la maternelle aux formations postuniversitaires), l’État récupère 8 lei, sous la forme d’impôts et autres contributions. Par exemple, pour chaque étudiant diplômé de master, l’État dépense en moyenne chaque année un total de 168 000 lei (environ 33 000 euros), de la maternelle jusqu’à l’obtention du diplôme. L’État récupère du même coup environ 1,45 millions de lei (soit environ 290 000 euros) de la même personne, grâce aux impôts, taxes et autres contributions qu’elle paiera tout au long de sa vie. Ce qui correspond à un investissement avec un taux de rendement de 700 %. A l’inverse, à cause du manque d’accès à l’éducation, l’État dépense en moyenne 90 000 lei (soit environ 18 000 euros) pour un chômeur dont l’éducation n’a pas été au-delà de l’école primaire.


En d’autres termes, selon Mihaela Nabăr, directrice exécutive chez World Vision Roumanie, l’éducation est l’investissement le plus rentable à faire pour un Etat :



« Cette étude ne prend pas en compte l’aspect qualitatif de l’éducation en Roumanie. Elle ne cherche pas à savoir si nous sommes bien préparés pour les nouvelles générations d’élèves, ni à quel point les professeurs sont bien formés, ni combien nous devons encore investir, ni quel est l’état de nos infrastructures, ni si l’éducation est assez équipée sur le plan numérique… Toutes ces questions ne sont pas prises en compte dans l’étude. Toutefois, il est évident qu’il y a de la place pour investir dans tous ces domaines, pour que cela rapporte à l’Etat, comme nous l’avons observé. Par exemple, en modifiant le statut des personnes sans emploi, passant de celui de chômeur à celui de diplômé de l’université, prêt à intégrer le marché du travail. »



A l’heure actuelle, la Roumanie se trouve en fin de classement des Etats membres de l’OCDE en termes d’investissement dans l’éducation. Un investissement à hauteur de 2,5 % du PIB, loin des 6 % minimum promis par le gouvernement. En outre, les problèmes de l’iniquité et de l’accès inégal à l’éducation sont bien réels. Il existe presque deux Roumanies : urbaine et rurale, et les subventions allouées à l’éducation ne sont pas réparties entre elles équitablement. Mais, selon Mihaela Nabăr, si les objectifs du gouvernement sont déjà bien élaborés, il ne reste plus qu’à passer à l’action. D’un côté, la Roumanie dispose d’élèves brillants et méritants, qui chaque année remportent les Olympiades internationales ou sont acceptés dans les plus prestigieuses universités du monde. D’autre part, beaucoup d’élèves roumains sont considérés comme analphabètes fonctionnels. C’est à dire qu’environ 40 % des élèves ne sont pas capables de comprendre ce qu’ils lisent ou de faire un raisonnement simple. C’est à eux que le système doit venir en aide avant qu’il ne soit trop tard !


(Trad. : Charlotte Fromenteaud)

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