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La vie dans la rue en hiver

Ils sont en première ligne face au froid, contraints de subir les rigueurs de l’hiver. Alors que le gel sévit de nouveau en Roumanie, les sans-abris deviennent encore plus vulnérables que d’habitude. Une réalité des plus cruelles face à laquelle des ONGs telles le Samusocial s’activent. Sabina Nicolae, directrice exécutive de l’association, témoigne: « Par ce temps, on prend soin de distribuer aux gens de la rue des sacs de couchage, des chaussures, des gants, des bonnets et de leur offrir une boisson chaude, que ça soit une tisane ou de la soupe. A part ça, on met à leur disposition du soutien spécialisé : psychologique, médical et social, tout au long de l’année, afin d’accroître leurs chances à la réinsertion professionnelle. Sinon, le Samusocial s’efforce à leur trouver un abri aussi bien en été qu’en hiver, quand la plupart de ceux passant la nuit dehors souffrent d’engelures très graves. Pour les aider à mieux traverser la saison froide, on leur donne aussi des suppléments de nourriture. Et puis, en hiver, ceux qui sont prêts à offrir un repas chaud aux mal logés sont nombreux.»

La vie dans la rue en hiver
La vie dans la rue en hiver

, 01.02.2017, 14:46

Souvent sans papiers qu’ils ont perdus ou se sont fait voler, les gens de la rue s’en remettent aux assistants du Samu pour se voir délivrer de nouvelles cartes d’identité, premier pas vers une possible réinsertion sociale. A 24 ans, Cristian en a déjà passé 3 dans la rue. Originaire de la ville de Tulcea, il a gagné la capitale, Bucarest, à sa majorité, dans l’espoir d’une vie meilleure. Hélas! Sans parents ni amis prêts à lui donner un coup de main, le jeune homme s’est retrouvé très vite au bout de ses moyens et de ses forces: « Cela fait six ans que je vis à Bucarest et la moitié, je les ai passés dans la rue. L’hiver surtout, c’est l’enfer. J’arrête pas de penser à tous ceux qui passent leurs nuits dehors parce qu’ils n’ont pas d’alternative. Comment font-ils pour résister? Je sais très bien de quoi je parle, car moi aussi, j’ai fait l’expérience des nuits d’hiver passées en plein air. Les soirées, ça va encore. Mais après minuit, quand il se met à geler, c’est très dur. Pour la nourriture, ça allait encore. Je faisais des petits boulots et en échange, on me donnait à manger».

Ce fut vers la fin 2015 et le début 2016 que le soleil s’est remis à briller timidement dans le ciel de Cristian. C’est grâce au Samu que le jeune homme, muni enfin d’une nouvelle carte d’identité après avoir perdu tous ses papiers dans la rue, trouve du travail : «Je travaille pour une association chargée de la protection de l’environnement et je m’occupe du recyclage du papier. J’aime bien cette façon à eux de faire la collecte du papier en vélo cargo. Au début, l’idée de pédaler toute la journée ne m’attirait pas trop, mais au bout de deux mois de travail, j’ai changé d’avis et je m’y plais. J’habite un petit appart fourni par une ONG à laquelle je verse un loyer modeste qui progressera au fur et à mesure que mes moyens augmenteront eux aussi. Il faut faire comprendre aux gens que le travail est essentiel pour mener une existence normale.»

Malheureusement, toutes les histoires n’ont pas de fin heureuse. Catalin Niculaie Niculescu a 59 ans et les 13 dernières, il les a vécues dans la rue. C’est suite à son divorce qu’il a perdu sa maison et s’est retrouvé dans cette situation. Après une tentative échouée d’immigrer en Allemagne, il rentre en Roumanie les mains vides et souffrant d’une tuberculose. Pour cet ancien ingénieur métallurgiste, l’âge représente le principal obstacle à l’embauche. Comment a-t-il fait pour résister toutes ces années dans la rue? : «J’ai fait de mon mieux pour tenir bon. Jeune, j’ai fait de l’escalade et j’ai participé à toute sorte de stages de survie en pleine nature. J’ai passé mes nuits un peu partout: dans les parcs, dans une chapelle désaffectée, dans le train régional reliant la capitale à la localité de Videle. J’ai fais la manche à l’entrée des cimetières. Et puis, depuis novembre 2015, j’ai trouvé une place dans un centre d’accueil pour les mal logés. On m’y offre trois repas par jour, une pièce chauffée et de l’eau chaude. J’en suis content».

Et puis cet hiver, surprise: Monsieur Niculescu s’est vu enfin offrir un petit boulot compatible avec sa taille massive et sa barbe grisâtre : « Je n’espérais pas une telle offre! A vrai dire, il y en a eu plusieurs, donc j’ai même fait mon choix! Cela m’a fait une belle expérience puisque j’ai fait le Père Noël pour Coca Cola. On m’a laissé garder le costume offert par le Samu. Moi, je n’ai pas de connexion à Internet, donc c’est toujours à eux de chercher du boulot pour moi».

Malades, abattus, accablés par les conditions austères d’une vie très rude, les gens de la rue finissent souvent par déposer les armes, en proie à la solitude et au désespoir. Du coup, ils ont du mal à changer de vie, même quand le destin leur tend la main. Un mécanisme psychologique qui n’a rien de surprenant, nous explique Alina Mirea, assistante sociale au Samu: «La plupart des SDF sont des personnes traumatisées depuis leur jeune âge. Issus dans des familles abusives, ils ont mené une vie de privations avant de se retrouver dans la rue. Du coup, ils sont persuadés qu’ils ne pourront jamais échapper à leur condition. Il faut donc beaucoup de patience et de l’aide spécialisée pour les faire changer de perspective. Certes, on ne saurait pas changer complètement leur destin, mais on pourrait quand même améliorer un peu leur quotidien. Parfois, on arrive à leur offrir un abri, ne serait-ce que temporaire, pour les aider à voir la vie d’un œil différent et les ambitionner à se reconstruire. Mais, il y en a qui préfèrent vivre du jour au lendemain, contents de se restaurer ou de se laver. Ca dépend de chacun quel combat il veut mener».

Il arrive souvent que les gens de la rue refusent de se voir installer dans des centres, préférant la rue à une place remboursée par du travail. Pourtant, les assistants sociaux ne baissent pas les bras et continuent d’encourager ces déshérités du sort jusqu’à ce qu’ils arrivent à franchir le cap.

Foto: Vitolda Klein / unsplash.com
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