La Roumanie dans le Rapport de la Commission européenne sur l’éducation
România Internațional, 14.11.2018, 13:56
Disposant d’un système d’enseignement vieilli, avec des élèves qui n’ont ni le désir, ni le plaisir d’apprendre, avec des enseignants mal payés et avec un décalage qui se maintient entre le milieu rural et le milieu urbain, la Roumanie n’a pas fait trop de progrès, ces dernières années, dans le domaine de l’éducation. Bien qu’un peu plus grandes, depuis quelque temps, les enveloppes allouées à l’éducation — soit 3,7% du PIB en 2016 — sont toujours inférieures à une moyenne européenne de 4,7% du PIB. Entre 2014 et 2017, 18% des élèves roumains ont abandonné leurs études à la fin du secondaire, contre 10,6% dans l’UE, qui table sur 10% en 2020. A ce nombre, pris en compte par les statistiques, s’ajoute celui des élèves qui s’inscrivent au lycée, mais y renoncent en cours de route.
De l’avis des spécialistes en éducation, ces objectifs ont été fixés en 2008-2009 et ils reposent sur la situation de cette période-là, ainsi que sur des prévisions concernant l’évolution possible de notre système d’enseignement. Ils affirment également que tous les Etats ne se trouvaient pas au même niveau au moment où ils avaient fixé ces objectifs.
Se rapportant au taux d’abandon enregistré en Roumanie, Ciprian Fartuşnic, directeur de l’Institut des sciences de l’éducation, déclarait :«Pour l’instant, les chiffres ne sont pas des meilleurs. En 2009 nous avons prévu un taux d’abandon de 11,3%, que nous souhaitions atteindre en 2020. Les prévisions ont reposé sur un scénario moyen. Seulement, la crise économique a éclaté, les choses n’ont pas évolué comme nous l’avions souhaité et à présent nous sommes assez loin de cette cible. Le taux d’abandon est d’environ 18%, ce qui veut dire qu’un jeune sur cinq ne réussit pas à achever les 10 années d’études de la scolarité obligatoire. »
Quant à l’enseignement universitaire, en Roumanie le nombre de jeunes ayant des études supérieures est inférieur de beaucoup à la moyenne européenne — à quelques exceptions près. Ciprian Fartuşnic: « La situation est un peu meilleure pour l’enseignement tertiaire. Pour la tranche d’âge allant de 30 à 34 ans, nous sommes très proches du chiffre prévu pour 2020 et nous comptons parmi les Etats ayant enregistré un progrès important par rapport à 2010. L’enseignement tertiaire est aussi celui qui bénéficie d’un financement comparable à celui alloué par d’autres Etats de l’UE. En revanche, les sommes destinées à l’enseignement préscolaire, primaire et secondaire sur l’ensemble des dépenses approuvées pour l’Education sont sensiblement moindres. Je pense d’ailleurs que le message de ce Rapport de la Commission européenne, c’est la nécessité d’appliquer des mesures courantes et de lancer de nouveaux programmes pour ces cycles d’enseignement. A présent on risque d’assister à une polarisation de la population scolaire, avec, d’une part, les jeunes qui réussissent à achever des études supérieures et même à continuer par un mastère ou un doctorat et, d’autre part, un grand nombre d’enfants qui ne parviennent pas à achever les années d’étude de la scolarité obligatoire. »
Même si en Roumanie, seulement 45% des élèves réussissent à avoir leur Bac, il y en a d’autres qui font de la performance. Ils sont des milliers à participer annuellement aux concours nationaux et internationaux. Certains arrivent même à étudier dans les universités les plus prestigieuses du monde. Bref : la même école produit tant des génies que des analphabètes — c’est la conclusion de Ciprian Fartusnic, spécialiste de l’éducation : « Si notre système éducationnel était « nul » comme l’affirment de nombreuses voix, nous n’aurions pas eu tant d’enfants qui s’adaptent facilement aux demandes de l’éducation au moment où ils se rendent à l’étranger ; nous n’aurions pas eu tant d’enfants admis dans des universités occidentales renommées et qui occupent par la suite des postes importants… En revanche, le grand problème, c’est qu’ils ne représentent qu’une partie des jeunes. Car nous avons aussi de nombreux élèves qui ont vraiment du mal à tenir le pas avec les demandes de la classe et qui finissent par se détacher du système, par l’abandonner…. Selon une étude que nous avons effectuée récemment, le nombre des enfants se trouvant en dehors du système éducationnel tourne autour de quelques centaines de milliers. Par conséquent, à l’avenir, il est très important de mettre l’accent sur des mesures censées prévenir ce phénomène. Car au moment où un enfant s’habitue à ne plus aller à l’école, il est difficile de l’y ramener. Il existe un programme appelé de « La seconde chance » qui peut être mis en place dans les écoles, mais au niveau national, la distribution de ces établissements scolaires n’est pas du tout homogène. Il faut donc lutter davantage pour leur première chance à l’éducation, de sorte que tout enfant trouve sa place dans une école et puisse atteindre son potentiel, se sentir en sécurité et être encouragé. La plupart des fois, c’est l’école même qui est la cause de l’abandon scolaire, parce qu’elle ne réussit pas à adapter son offre scolaire et ses stratégies didactiques aux besoins si divers des élèves présents en classe. »
Notons, pour terminer, que la même étude européenne constate que, pour la période 2014 – 2017, le taux d’emploi des nouveaux diplômés (des jeunes de 20 à 34 ans) était de 76% en Roumanie, à la différence de la moyenne européenne de 80,2%. En revanche, le taux des jeunes ayant fait des études supérieures était de 87,4%, alors que la moyenne européenne était de 84,9%.
(Trad. Dominique, Valentina Beleavski)