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La pandémie de Covid-19 et le drame des malades de cancer de Roumanie

Le cancer constitue la première cause de décès dans un nombre de plus en plus élevé d’Etats de l’Union européenne. La Roumanie détient un record négatif pour ce qui est du taux de mortalité par cette pathologie : avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19, plus de 140 personnes atteintes de maladies oncologiques mouraient chaque jour. Une fois le SARS-CoV-2 apparu en Roumanie, le nombre des décès parmi les personnes touchées par différentes formes de cancer a quasiment triplé, comme l’affirme le président de la Fédération des associations des malades de cancer, Cezar Irimia, qui cite les chiffres de l’Institut national de la statistique. Représentant une trentaine d’associations de toute la Roumanie, la Fédération tire depuis l’année dernière déjà la sonnette d’alarme au sujet du fait qu’une fois l’attention du public accaparée par la Covid-19, la mortalité parmi les patients atteints de cancer pourrait augmenter, en l’absence de soins médicaux appropriés.

La pandémie de Covid-19 et le drame des malades de cancer de Roumanie
La pandémie de Covid-19 et le drame des malades de cancer de Roumanie

, 01.09.2021, 10:42

Après une année de pandémie, certaines conclusions peuvent être identifiées, même si elles sont toujours provisoires. Ecoutons Cezar Irimia : « Nous estimons que les stratégies du ministère de la Santé ont été erronées. D’abord, la séparation entre les hôpitaux « Covid » et « non-Covid » a carrément coupé l’accès aux malades chroniques à des soins spécialisés en général. Ensuite, l’ordre des responsables de la Santé permettant uniquement les hospitalisations des cas graves dans les hôpitaux publics a constitué une nouvelle restriction imposée aux malades chroniques et non seulement. Bref, cet ordre a généré de nombreuses victimes, selon nous ! Nos patients n’ont pas pu bénéficier de soins médicaux spécialisés, n’ont pas été suivis, n’ont pas reçu des traitements à temps… tout cela s’est traduit par des vies perdues. Ce sont les statistiques qui le disent, tout comme mes données de la Caisse nationale d’assurance maladie qui font état du nombre de patients décédés. Je dirais qu’en Roumanie, en 2020, le nombre de malades ayant reçu un diagnostic oncologique a baissé de 30 à 40%, et cela sera visible vers la fin de l’année en cours, lorsque le nombre des diagnostics de cancer connaitra une véritable flambée, engorgera le système de santé et engendrera des coûts supplémentaires par rapport au coût moyen quotidien actuel. »

Normalement, l’espérance de vie est élevée pour la majorité des types de cancer traités de nos jours. Mais voilà qu’en pleine pandémie, le risque de mourir de cette maladie a carrément triplé. Les patients qui ont rapidement besoin d’un diagnostic et de soins sont condamnés à une mort certaine par un système médical roumain champion des décès évitables, des infections nosocomiales, de la mortalité maternelle élevée et enfin du sous-financement, affirme le président de la Fédération des Associations de malades de cancer, Cezar Irimia. A son avis, l’idée selon laquelle les patients atteints de maladies chroniques de Roumanie ne sont pas allés consulter le médecin à cause du Covid n’est qu’une légende : « Y a-t-il un danger plus grand que de mourir des suites du cancer ? Nous avons senti en tant que malades chroniques que durant la pandémie le ministère de la Santé a été un ministère du Covid et que seul le Covid a primé. Pour le reste, on a cherché à s’en sortir comme on a pu et notre grande chance a été le fait que les médecins en général et les oncologues en particulier se sont solidarisés avec les patients et peu à peu, timidement, ont commencé à recevoir des malades, sans aucune peur de se faire infecter au SARS-CoV-2, puisque les tests gratuits ont rassuré les patients et les médecins qui pouvaient se rencontrer pour décider d’un traitement. Mais je le répète, les restrictions sont toujours là, les médicaments continuent de manquer et l’accès aux interventions chirurgicales demeure toujours faible… Et je mentionnerais l’Institut oncologique de Bucarest : si, avant la pandémie, une quarantaine d’interventions chirurgicales y étaient pratiquées quotidiennement, durant la pandémie, leur nombre n’a pas dépassé les 10 interventions par jour. L’activité a été donc réduite à un quart du normal. Nous soupçonnons que tous les malades ont fait un quart des traitements dont ils avaient besoin et cette situation s’est retrouvée dans les rapports publiés par l’Institut national de la statistique visant les décès. Loin de nous de dire que les mesures pour combattre la pandémie n’ont pas été bonnes, mais nous avons été des victimes collatérales de ces mesures. Il n’y a pas eu de vision d’ensemble sur le système, mais uniquement une attention particulière sur cette pandémie au détriment des patients atteints de cancers. »

Le 3 février, à la veille de la Journée mondiale de lutte contre le cancer, la Commission européenne a présenté un plan de lutte contre cette maladie – priorité majeure et pilier essentiel d’une Union européenne de la santé physique de ses citoyens. Reposant sur la recherche et l’innovation, le Plan établit une nouvelle approche de l’Union en matière de prévention, diagnostic, traitements et soins palliatifs – autant d’éléments cruciaux du même puzzle et du même parcours d’un malade de cancer. La Fédération des associations des malades de cancer de Roumanie regarde avec beaucoup d’espoir l’élaboration de ce plan européen. Il se peut que grâce à lui, à la dernière minute, les autorités roumaines élaborent à leur tour un plan et un registre national des malades de cancer. Cezar Irimia : « En toute solidarité avec les médecins oncologistes, la Fédération des associations de malades de cancer de Roumanie demande depuis 2001 la création de ce plan et d’un registre national du cancer. Depuis pas moins de 20 ans, nous prions les autorités d’élaborer ce registre qui n’existe toujours pas en Roumanie. L’absence de ce registre national et surtout du plan national pour le cancer ont mené durant la pandémie à l’aggravation de ces problèmes dans la vie des patients. Avec un Plan national du cancer, certainement, la situation aurait été bien meilleure pour les patients atteints de cancers, et ce registre que nous demandons aurait sans nul doute suivi les fonds alloués à l’oncologie et aurait donné une statistique concernant l’efficacité des traitements appliqués aux malades, alors que le budget annuel de l’oncologie aurait reposé sur les statistiques de ce registre et non pas selon un historique comme c’est le cas de nos jours. Voilà donc autant de failles du système. Il est possible que certains intérêts aient cherché à ce que ni un Plan national en matière d’oncologie, ni un Registre national du cancer censé suivre absolument tout ce qui se passe relativement à cette pathologie ne soient mis en œuvre. Si seulement nous avions de la chance de bénéficier d’un plan européen de contrôle du cancer qui forcera en quelque sorte les Etats membres à élaborer des plans nationaux ! Mais à mon avis, sur l’ensemble de l’UE, nous sommes l’unique pays à ne pas disposer de ces deux outils. Il est clair que la Roumanie est le pays de toutes les possibilités. C’est pourquoi nous avons tant de millionnaires alors que les cimetières sont pleins de patients qui n’ont eu aucune chance de survie. »

Cancer ne devrait pas être synonyme de mort, affirme le président de la Fédération des Associations de malades de cancer, Cezar Irimia, qui rappelle que pour les patients oncologiques, chaque jour est un combat, dans le cadre duquel l’organisation du système de santé a une importance énorme.

Foto: Vitolda Klein / unsplash.com
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