La PAC vue de Roumanie
. Censée non seulement aider les agriculteurs à produire des aliments, mais aussi protéger l’environnement, améliorer la qualité de vie du bétail et soutenir des communautés rurales viables, la PAC a connu plusieurs changements au fil des années afin de s’adapter aux nouvelles demandes du secteur. La réforme la plus récente vise la période 2014 — 2020 ; elle a été précédée d’une ample consultation publique. Une fois lancée, la Commission européenne a voulu connaître l’opinion des Européens sur les modifications portées à la PAC.
Christine Leșcu, 30.04.2014, 13:55
Selon l’Eurobaromètre réalisé en ce sens, 77% des Européens estiment que la PAC est bénéfique pour tous les citoyens de l’Union. Plus de 90% des personnes questionnées sont favorables aux objectifs de la nouvelle Politique, tels que les aides équitables et mieux orientées ou l’idée de relier le soutien financier accordé aux fermiers et l’utilisation des pratiques agricoles bénéfiques pour l’environnement. Quant aux Roumains, pour eux l’agriculture est vitale. Selon 92% d’entre eux, l’agriculture et le milieu rural sont un sujet important pour l’avenir du pays, alors que 78% des Roumains estiment que la PAC est bénéfique pour tous, pas seulement pour les agriculteurs.
Ces données extrêmement favorables à cette politique vont de pair avec le courant favorable visant toutes les institutions de l’UE, constate Diana Filip, coordinatrice du Centre Europe Direct de Bucarest: « Les Roumains restent optimistes en ce qui concerne la direction dans laquelle se dirige l’UE, les politiques et les résultats qu’elle réussit à mettre en place. Plus de la moitié (soit 62%) des Roumains interrogés à ce sujet estiment que l’UE va dans une direction correcte pour sortir de la crise. Parmi eux, 11% se déclarent extrêmement optimistes et ont une opinion positive de l’ensemble des politiques européennes ainsi que de la législation européenne en vigueur en Roumanie. »
Comme dans la plupart des Eurobaromètres sur la perception des institutions communautaires, on constate que les Européens sont assez bien informés au sujet des politiques de l’Union. Du moins au niveau général, car on n’a pas assez de données pour pouvoir entrer dans les détails. Par exemple, 45% des ressortissants communautaires sont au courant de l’aide accordée par l’UE aux agriculteurs, sans pourtant en connaître les détails, alors que 36% d’entre eux affirment n’avoir jamais entendu parler de ce sujet. Les statistiques ne sont pas loin de la réalité, affirme Szőcs Attila, membre d’Ecoruralis, association des fermiers qui pratiquent l’agriculture écologique et traditionnelle: «Lorsque je regarde ces chiffres je vois qu’en général, les Européens, agriculteurs ou non, se déclarent satisfaits de la réforme. Notre association se rend dans les villages et parle aux paysans, aux petits producteurs qui y habitent. Et nous constatons que la PAC est notamment connue par les plus de 40 ans et que ce sont les jeunes qui ignorent son contenu. Autrement dit, les jeunes fermiers de Roumanie ne sont pas au courant des possibilités offertes par l’Europe. »
Cependant, 62% des Roumains considèrent que l’aide financière accordée aux jeunes est une bonne chose. Un peu plus de la moitié des citoyens roumains ont une très bonne opinion du soutien équitable et mieux dirigé pour les agriculteurs ainsi que de l’aide accordée aux agriculteurs qui se préoccupent de l’environnement.
De l’avis de Szőcs Attila, une grande distance sépare la perception des citoyens et les actions des pouvoirs locaux. «Malheureusement, bien qu’il existe une volonté politique européenne de développer les zones rurales, on remarque le fait que les politiques appliquées au niveau gouvernemental semblent contredire cette volonté. Même si l’idée que la PAC pourrait les aider est acceptée, la bureaucratie nationale bloque leur développement. Ce qui fait que les jeunes perdent l’espoir. Nous avons des villages dépeuplés, des jeunes qui partent dans d’autres pays pour être des ouvriers saisonniers, alors qu’ici, ils ont un terrain agricole et des parents qui peuvent leur apprendre à gérer une ferme. »
En attendant la réduction de la bureaucratie nationale et une meilleure campagne d’information, la Roumanie peut développer son potentiel d’agriculture écologique. Szőcs Attila. «Un des objectifs de la nouvelle PAC a été le plus de vert”. Hé bien, en Roumanie, ceux qui font le travail le plus vert”, ce sont les paysans des villages, qui ne peuvent ni ne veulent utiliser des produits de synthèse. Ils s’approchent ainsi de l’agro-écologie, une innovation qui est à l’origine d’un nouveau courant en Europe. La Roumanie détient un grand nombre de zones d’intérêt écologique où nous pourrions développer une telle agriculture. Les gens déjà impliqués dans une agriculture traditionnelle et écologique sont en mesure d’offrir des produits de bonne qualité. Il faudrait une approche différente, intégrée, qui prenne en compte la protection de l’environnement et le climat socioéconomique. Il faudrait investir dans le développement de ces zones, dans le développement rural en général. »
Une première version du Plan national de développement rural pour 2014-2020 a été remise, fin mars, à la Commission européenne pour négociations. Les mesures de soutien pour les jeunes fermiers et pour une approche écologique ont été mises en exergue, afin de se plier sur la nouvelle PAC. L’année 2014 est l’année internationale de l’agriculture familiale, ce qui pourrait rendre service aux 4 millions et demi de paysans — petits fermiers, toujours actifs, de Roumanie. (trad. : Valentina Beleavschi, Ileana Taroi)