La grippe saisonnière, de retour en Roumanie
Voilà plus de deux ans, depuis l’apparition du premier
cas de covid en Roumanie, que beaucoup ont constaté la disparition des termes « rhume »,
virose, ou grippe, du discours public. Toute notre attention s’est concentrée,
tout au long de cette période, sur un seul phénomène : celui du virus
Sars-Cov-2.
România Internațional, 18.01.2023, 00:48
Voilà plus de deux ans, depuis l’apparition du premier
cas de covid en Roumanie, que beaucoup ont constaté la disparition des termes « rhume »,
virose, ou grippe, du discours public. Toute notre attention s’est concentrée,
tout au long de cette période, sur un seul phénomène : celui du virus
Sars-Cov-2.
La dernière épidémie de grippe saisonnière en Roumanie
date de février 2020, juste avant le début de la pandémie. Or, après cette
funeste parenthèse de deux ans, ces maladies de notre quotidien d’autrefois
reviennent sur le devant de la scène avec un nombre croissant de malades. Les
désormais célèbres « chiffres du covid » ont été remplacés par une
avalanche de cas de « viroses ». Les hôpitaux sont débordés et les
chambres prévues pour les gardes de nuits sont remplies de malades fiévreux,
toussant et frissonnant.
Le virus du Sars-CoV-2
cohabite désormais avec tous les autres virus, expliquent les médecins. Comment
faire la différence ? Cătălin Apostolescu, médecin au sein de l’Hôpital
des maladies infectieuses « Matei Balş » de Bucarest nous explique :
« Toutes les maladies provoquées par un
virus sont nommées « viroses ». Certaines ont toutefois des
particularités permettant de les reconnaitre. Nous connaissons déjà le Sars-CoV.
Il y a aussi la grippe, qui peut parfois prendre des formes plus graves voire
mortelles, les infections par le virus respiratoire syncytial qui peut prendre
des formes particulièrement graves chez les enfants, et enfin tous les autres
virus de la coqueluche, comme le rhinovirus ou le coronavirus indigène, comme
nous l’appelons. Nous avons souvent à faire à des patients très vulnérables
appartenant à des tranches d’âges plus extrêmes je dirais, c’est-à-dire très
jeunes, très âgés ou atteints d’une maladie chronique qui peut les fragiliser
encore davantage face au virus. Par exemple les patients ayant des maladies
cardiaques, respiratoires, du diabète ou encore des maladies
auto-immunes. »
Que faire
face à ses virus dont la capacité de nuisance est renforcée par des
températures actuellement largement supérieures aux normales
saisonnières ? Les autorités ont communiqué une liste de recommandations
encourageant la population à éviter les lieux bondés ou à porter un masque dans
les espaces couverts, à aérer les pièces, à conserver une bonne hygiène, à
rester chez soi en cas d’infection respiratoire et à consulter un médecin
généraliste dès les premiers symptômes. Dans les hôpitaux, le gouvernement recommande
cette fois de quotidiennement trier les patients, de limiter les visites et
d’encourager le port du masque et des blouses de protection pour toute personne
entrant en contact avec un patient.
« Nous ne souhaitons pas imposer des restrictions,
nous voulons travailler main dans la main avec la population, afin de maintenir
sous contrôle ce phénomène naturel et saisonnier qu’est la grippe. » a
déclaré le ministre de la Santé, Alexandru Rafila:
« Nous préférons émettre des
recommandations plutôt que d’imposer des restrictions. Et vous savez
pertinemment que notre expérience avec la pandémie a démontré que nous avions
raison – les choses se sont bien mieux déroulées quand nous avons fait des
recommandations. Les gens ont beaucoup mieux réagis que pendant la période où
nous avions tenté d’imposer des restrictions qui ont provoqué de fortes
tensions au sein de la société. Nous préférons travailler main dans la main
avec nos concitoyens, plutôt que de générer des tensions, surtout dans le
contexte économique actuel qui reste compliqué. »
Les élèves ayant repris le chemin de l’école le 9
janvier, la ministre de l’Education Ligia Deca a précisé à son tour qu’elle
n’encourageait pas les élèves à rester chez eux. Personne ne souhaite revivre
l’expérience de la suspension des cours ou l’organisation d’horaires partiels
en ligne vécue pendant la pandémie. Ligia Deca s’exprime:
« Nous n’encourageons en aucun cas les
élèves à ne pas se rendre en cours. Nous considérons qu’après deux ans de
pandémie, il est primordial que les élèves conservent un rythme avec un taux de
présence élevé en cours. Pour nous, comme nous l’avons discuté avec monsieur le
ministre de la Santé, l’accent doit être mis sur la prévention. Il existe une
série de recommandations. Par exemple, vérifier quotidiennement que personne
dans sa famille n’a de symptôme, et rester chez soi si tel est le cas. La même
vérification doit être faite chaque jour lorsque les enfants arrivent à
l’école. Il est normal qu’en cas de symptômes les parents ou représentants légaux
soient informés. De même, nous recommandons – et ce n’est pas obligatoire – le
port du masque pour les élèves et enseignants. Nous souhaitons que tous les
enfants aient accès à l’enseignement, et, dans le cas où ils présenteraient des
symptômes, nous les encourageons à rester chez eux et à récupérer les cours
ensuite. »
De quoi
2023 sera-t-elle faite pour les Roumains ? D’un retour à la normale ou
d’un nouvel épisode pandémique comme celui de février 2020 ? Nul ne le
sait.
Une chose est certaine. La Roumanie a toujours connu des
épisodes de grippe saisonnière, même avant la pandémie. La seule différence
réside dans le fait que le pic s’observait généralement en février. Cette année, les choses se sont
accélérées et les cas d’infections se sont surtout multipliés au mois de
janvier. Cette situation
particulière est aussi imputable à la pandémie, durant laquelle la circulation
des virus a été plus réduite en raison des mesures de restriction draconiennes imposées
par les gouvernements, mais aussi parce que, pour la même raison, la population
a une plus faible immunité.
En d’autres termes, conclut le ministère de
la Santé, la situation actuelle n’est ni inhabituelle ni dramatique.
(Trad : Charlotte Fromenteaud)