La ferme de l’Avenir
La Roumanie est un véritable paradis agricole, les investisseurs français ayant beaucoup d’opportunités dans l’agriculture roumaine, déclarait l’été dernier, l’ambassadeur de France à Bucarest, Philippe Gustin. En effet, selon les spécialistes, l’agriculture est, jusqu’à présent, le premier choix des investisseurs étrangers. En revanche, le nombre des jeunes roumains qui souhaitent suivre une formation agricole est en baisse, souligne Maria Drinovan, directrice du Collège pour l’Agriculture et l’Industrie Alimentaire « Le pays de Bârsa » de la commune de Prejmer, du département de Brasov: «Malheureusement, de nos jours, les écoles agricoles traversent une période assez difficile, vu que peu d’adolescents s’orientent actuellement vers l’agriculture. Il est important de changer la mentalité des gens, car je suis persuadée que l’agriculture jouera un rôle essentiel dans le développement de la Roumanie. Pour ce faire on a besoin de jeunes bien formés à ce métier, en l’absence desquels on n’aboutira pas à une agriculture performante. »
Luana Pleşea, 02.10.2013, 13:06
La Roumanie est un véritable paradis agricole, les investisseurs français ayant beaucoup d’opportunités dans l’agriculture roumaine, déclarait l’été dernier, l’ambassadeur de France à Bucarest, Philippe Gustin. En effet, selon les spécialistes, l’agriculture est, jusqu’à présent, le premier choix des investisseurs étrangers. En revanche, le nombre des jeunes roumains qui souhaitent suivre une formation agricole est en baisse, souligne Maria Drinovan, directrice du Collège pour l’Agriculture et l’Industrie Alimentaire « Le pays de Bârsa » de la commune de Prejmer, du département de Brasov: «Malheureusement, de nos jours, les écoles agricoles traversent une période assez difficile, vu que peu d’adolescents s’orientent actuellement vers l’agriculture. Il est important de changer la mentalité des gens, car je suis persuadée que l’agriculture jouera un rôle essentiel dans le développement de la Roumanie. Pour ce faire on a besoin de jeunes bien formés à ce métier, en l’absence desquels on n’aboutira pas à une agriculture performante. »
La directrice du Collège pour l’Agriculture de la commune de Prejmer s’exprimait à l’occasion de l’anniversaire des 9 ans écoulés depuis le démarrage du projet « La ferme démonstrative et le Centre de formation et conseil agricole Agrovision ». Il s’agit d’une initiative de l’organisation World Vision Roumanie, un projet lancé en 2004 qui peut être considéré comme une solution concrète de formation des agriculteurs professionnels. Cette ferme laitière a été mise en place dans une communauté démunie – le village de Crit, du département de Brasov. Crenguta Barbosu, manager du programme Agriculture et Développement rural au sein de World Vision raconte que le projet a démarré exactement au moment où la Roumanie venaient de conclure ses négociations avec l’UE sur le dossier agriculture. « On a tout d’abord acheté une ferme, soit une ancienne coopérative agricole qu’on a par la suite modernisée. Hormis un financement des Etats-Unis, nous avons aussi déposé notre dossier pour un projet SAPARD, tout cela pour montrer aux gens que ces fonds sont réellement destinés aux agriculteurs de Roumanie, qui peuvent en bénéficier. C’est à l’aide de cet argent qu’on a modernisé la ferme, les étables, acheté des vaches ou encore aménagé une salle de traite. De même, on a fait bâtir un centre de formation pour les fermiers, élaboré un manuel de management de la ferme laitière, vu qu’à l’époque la littérature spécialisée s’adressait surtout aux experts. Il n’y avait pas de documentation pour les petits fermiers, de livres écrits dans un langage accessible. Après l’intégration de la Roumanie à l’UE et l’apparition du Programme National de Développement rural, nos programmes ont notamment visé la formation des fermiers en vue d’une meilleure utilisation des fonds européens ».
Radu Todea est un jeune diplômé de la Faculté des Constructions. Il a décidé de travailler dans la zootechnie, suite aux connaissances accumulées à la ferme Agrovision. C’est lui qui a dressé les plans, d’après lesquels on a fait bâtir la ferme telle qu’on la retrouve aujourd’hui, a-t-on appris grâce à son film de présentation : « Cette affaire je l’ai héritée de mes parents. Nous avions 11 trayeuses automatiques. Ensuite j’ai suivi une formation de la Fondation World Vision. J’y ai appris à élever des animaux dans des conditions optimales, ou encore à aménager une salle de traite. A présent, j’utilise moi aussi la traite automatique et j’ai doublé le personnel. Mon affaire prospère et je ne regrette pas mon choix ».
En 9 ans, la ferme démonstrative du village de Crit est devenue plus qu’un projet censé soutenir les petits fermiers qui souhaitent passer à l’étape supérieure, depuis la ferme de subsistance à la ferme commerciale. Elle a réussi à avoir un impact social important et même à contribuer au développement des communautés locales.
Crenguta Barbosu : «J’ai découvert le potentiel touristique de la région, puisque le village de Crit se trouve dans une contrée riche en cités fortifiées saxonnes, qui attirent de plus en plus de touristes roumains et étrangers. Nous avons donc choisi de lancer des cours de tourisme rural auxquels ont participé notamment des femmes. A travers le temps, environ 300 personnes ont suivi ces cours et la majorité d’entre elles gèrent des gîtes ruraux ou travaillent dans un tel endroit. Afin de développer davantage les communautés locales, nous avons mis sur pied un atelier de tissage pour les femmes les plus démunies. A l’heure actuelle, certaines vendent leurs produits aux touristes qui sont de plus en plus nombreux à visiter la région. »
Une des difficultés majeures de l’enseignement agricole en Roumanie est l’absence des endroits où les étudiants puissent faire des stages pratiques. En effet, en Roumanie, il n’y a pas beaucoup de fermes de haut niveau, affirme Maria Drinovan, directrice du collège agricole de la commune de Prejmer. «Je souhaite vraiment que les jeunes restent en milieu rural afin d’y développer des affaires, pas nécessairement dans l’agriculture. L’idée c’est que l’on peut réussir aussi à la campagne. Ma commune est assez riche et je peux vous dire que l’impact sur la communauté a été considérable. Rien qu’un exemple : en 2000, nous avons déroulé un projet Leonardo qui a permis à une dizaine de jeunes fermiers de la commune de Prejmer et des villages avoisinants de faire pendant quatre mois des stages d’agriculture eco au Danemark. Le résultat : sur les jeunes ayant participé, cinq possèdent des fermes merveilleuses dans la commune de Prejmer et dans les villages limitrophes et un d’entre eux a terminé aussi une faculté à profil agricole. Il est à l’heure actuelle le manager d’une ferme danoise qui s’étend sur six mille hectares en Roumanie. »
Un revenu décent obtenu par le biais de l’agriculture, ce n’est plus une utopie, c’est le message positif qu’essaient de faire passer les initiateurs de tels projets. Et, bien qu’encore très faible, le nombre de jeunes roumains qui choisissent de démarrer des affaires dans le milieu rural, inspiré par des fermes telle que celle du village de Crit commence timidement à augmenter. (trad. : Alexandra Pop, Alex Diaconescu)