La dyslexie
Tout le monde sait par expérience – qu’elle soit scolaire, professionnelle ou parentale – ou bien par ouï-dire, que les faibles résultats scolaires de certains enfants sont expliqués, selon l’approche traditionnelle, par la paresse, l’inattention voire même par le désintérêt à l’égard de l’apprentissage. Cette approche est pourtant de plus en plus délaissée en Roumanie aussi, car entre temps on a pu définir nettement et diagnostiquer les troubles spécifiques de l’apprentissage. Parmi eux, la dyslexie, un trouble du langage écrit affectant la lecture, l’orthographe et aussi l’écriture. Il n’y a pas de remède à cela. On ne peut espérer qu’à une amélioration de la situation grâce à des efforts constants.
Christine Leșcu, 08.02.2017, 17:14
Tout le monde sait par expérience – qu’elle soit scolaire, professionnelle ou parentale – ou bien par ouï-dire, que les faibles résultats scolaires de certains enfants sont expliqués, selon l’approche traditionnelle, par la paresse, l’inattention voire même par le désintérêt à l’égard de l’apprentissage. Cette approche est pourtant de plus en plus délaissée en Roumanie aussi, car entre temps on a pu définir nettement et diagnostiquer les troubles spécifiques de l’apprentissage. Parmi eux, la dyslexie, un trouble du langage écrit affectant la lecture, l’orthographe et aussi l’écriture. Il n’y a pas de remède à cela. On ne peut espérer qu’à une amélioration de la situation grâce à des efforts constants.
La linguiste Roxana Din, spécialiste du traitement de la dyslexie, décrit les symptômes de ce trouble chez les petits : « Comme ils utilisent l’hémisphère droit du cerveau plus que le gauche, ils apprennent à lire en suivant une autre voie par rapport à la voie habituelle. Les premiers signes de ce trouble sont visibles vers l’âge de la classe préparatoire et du CE1. On constate alors qu’ils lisent les mots en sens inverse. La lettre m, ils la prononcent n et vice-versa et puis ils confondent les p avec les b. Bien d’entre eux souffrent aussi d’un déficit d’attention. Selon certaines théories, les dyslexiques auraient également des problèmes de mémoire, ce qui expliquerait leurs difficultés en maths ».
Toutefois, la dyslexie n’est pas associée au retard mental. Ce qui plus est, bon nombre des personnes diagnostiquées dyslexiques s’avèrent être créatives et présentent un quotient intellectuel au-dessus de la moyenne. Il serait recommandable de les identifier dès l’âge le plus tendre, lorsque les petits vont à la maternelle ou à l’école primaire, tant pour pouvoir intervenir et améliorer leur condition que pour mettre en valeur leur potentiel.
Mirela Niţu, mère d’un enfant en première année de collège, raconte son expérience : « Au CE2, la maîtresse nous recommandé d’aller consulter un orthophoniste. Nous avons commencé le traitement contre la dysgraphie, c’est-à-dire le trouble de l’écriture. Mon enfant n’avait pas de difficultés à parler et je n’y avais même pas pensé jusque là, d’autant moins qu’il avait eu d’excellents résultats aux différents concours organisés à l’école maternelle et primaire. Ce n’est qu’au CE2, avec l’apparition des dictées plus longues et des devoirs plus compliqués que j’ai remarqué la répétition de certaines erreurs. »
Une fois le trouble diagnostiqué, la thérapie suivie allait porter ses fruits. Mirela Niţu : « Il a toujours tendance à jouer plus longtemps et à éviter les choses plus difficiles, comme les devoirs par exemple. Des fois, il continue d’en faire, surtout quand il est fatigué ou qu’il n’arrive pas à se concentrer suffisamment. Malgré cela, son bulletin scolaire est plutôt bon, car il fait attention pendant les classes et y participe activement. »
Le fils de Mirela suit une thérapie individuelle et de groupe deux fois par semaine. Un effort constant à déployer tant par l’enfant que par ses parents, mais qui vaut bien la peine, souligne la mère : « Il s’agit vraiment d’un effort supplémentaire, pour l’enfant comme pour les parents. En plus, les devoirs pour l’école demandent davantage de temps que dans le cas des autres enfants. Et puis, en tant que parent, il faut toujours se demander quelle autre méthode d’apprentissage essayer. Nous autres, parents d’enfants atteints de ce trouble, nous devons faire preuve de beaucoup de patience et les soutenir. Nous espérons que les choses s’amélioreront, qu’ils finiront par atteindre leur potentiel maximum et qu’ils seront les adultes qu’ils souhaitent être ».
Il faut beaucoup travailler sur la confiance en soi de ces enfants, car les étiquettes qui leur sont collées par les autres laissent sur eux des empreintes profondes. La linguiste et thérapeute Roxana Din explique : « Nous devons souvent travailler sur la confiance en soi des enfants car, souvent pris pour des paresseux, ils doivent vivre avec ce stigmate. Leurs collègues les considèrent souvent ainsi. Par conséquent, les enfants dyslexiques ont besoin d’être encouragés et de se sentir écoutés et compris. »
Roxana Din et Mirela Niţu se sont rencontrées au centre EDULIER, l’un des peu nombreux du pays qui s’occupe des enfants dyslexiques. En l’ouvrant, l’année dernière, sa directrice, Cristiana Ionescu, n’a pas trouvé en Roumanie l’expertise nécessaire pour équiper un tel centre. Aussi a-t-elle eu recours à des spécialistes étrangers.
Cristiana Ionescu : « Nous nous sommes adressés aux spécialistes norvégiens et britanniques. Ils nous ont tous dit qu’ils pouvaient nous présenter les principes de la thérapie, mais que celle-ci devait être adaptée au roumain. Au bout d’une année de travail, le 7 avril 2016, nous avons ouvert notre premier centre et depuis nous préparons les paquets d’apprentissage et de thérapie en roumain, ainsi que pour les mathématiques pour les enfants touchés par la dysgraphie et la dyscalculie. Nous tâchons de former une équiper constituée de l’enfant, des parents, du thérapeute et des enseignants. Nous envisageons d’emmener des experts en linguistique clinique, des orthophonistes, des psychothérapeutes. Notre quête a été difficile, parce que nous cherchions des personnes qui soient non seulement des spécialistes de la dyslexie, mais aussi assez téméraires pour s’engager dans des projets novateurs et qui viennent à peine d’être lancés. »
Une vingtaine d’enfants fréquentent le centre EDULIER chaque jour. Que font-ils là-bas ? Cristiana Ionescu : «Ils suivent soit une thérapie éducative, soit une thérapie avec des animaux. Ils travaillent dans la salle numérique où ils apprennent à s’évaluer et à se corriger tout seuls, à l’aide du mur interactif. Nous accordons également beaucoup d’attention à la psychothérapie. Plus l’évaluation de l’enfant est précoce, plus on est attentif aux signaux que notre enfant tâche de nous transmettre, plus on a des possibilités de l’aider. Ainsi, les décalages entre un enfant touché par ce genre de trouble et les autres enfants diminuent. »
Et c’est toujours là que les parents des enfants dyslexiques peuvent se réunir, pour constituer des groupes de soutien et partager leurs expériences. (Trad. Mariana Tudose, Dominique)