La discrimination en Roumanie
Bien que de nombreuses femmes soient discriminées au travail ou lors d’un recrutement, très peu d’entre elles en saisissent les institutions habilitées. Les personnes âgées et celles touchées par une déficience sont également sujettes aux discriminations. Un programme d’assistance juridique gratuite en ligne – appelé « la Coalition anti-discrimination » – a été créé en Roumanie à l’intention des personnes faisant l’objet d’une injustice de ce genre. En Roumanie, une des formes les plus graves d’inégalité touche les femmes qui, en l’absence d’un système de protection fonctionnel, sont obligées à rester à la maison pour soigner les membres très âgés ou très jeunes de leur famille. Cette situation – estime la Coalition anti-discrimination – entrave leur vie sociale et professionnelle, limite leur liberté et leurs opportunités, les prédispose à la dépression, à la solitude et à une faible estime de soi. Les études internationales le confirment. La discrimination est un sujet complexe et vise plusieurs catégories de personnes. L’UE accorde beaucoup d’attention à la lutte contre la discrimination.
România Internațional, 14.10.2015, 13:16
La législation européenne dans ce domaine a été adoptée par l’arrêté gouvernemental 137 de 2000. Le problème, c’est que les gens ne connaissent pas toujours leurs droits et ignorent ce qu’est la discrimination du point de vue juridique. Teodora Rotaru, chargée de relations publiques et de communication de la Coalition, explique la perception de la discrimination en Roumanie : « Elle est évaluée aussi bien par des perceptions et des attitudes de la population, que par un phénomène appelé « distance sociale ». Une personne interviewée, accepterait-elle de s’asseoir à la même table avec une personne d’ethnie rom ? Voilà un exemple de question. Puisqu’ils ne comprennent pas vraiment la discrimination, les Roumains ont l’impression qu’ils ne discriminent pas. Pourtant, on constate qu’ils prennent une grande « distance sociale » par rapport à certaines catégories de personnes. Chez nous, les catégories les plus sujettes aux discriminations sont les personnes touchées par une déficience, celles séropositives ou malades du SIDA, les minorités sexuelles (lesbiennes, homosexuels, bisexuels, transsexuels) et les consommateurs de drogues injectables. »
Les 10 organisations membres de la Coalition anti-discrimination ont participé à l’élaboration d’une stratégie pour 2015-2020, prévoyant des mesures à appliquer aussi bien par le Conseil national pour la lutte contre la discrimination que par la société civile. Teodora Rotaru, chargée de relations publiques et de communication de la Coalition, explique : « Ponctuellement, nous nous proposons d’élaborer durant les mois à venir un rapport appelé Accès à la Justice. Par le biais de celui-ci, nous comptons évaluer combien efficaces sont les moyens actuels de lutte et de prévention de la discrimination et comment les gens peuvent porter ces choses devant la justice ou le Conseil national pour la lutte contre la discrimination. Suite à ce rapport, nous souhaitons nous adresser aux autorités compétentes afin d’améliorer la législation en vigueur, mais surtout afin d’améliorer les pratiques anti-discriminations des institutions responsables. La lutte contre la discrimination devrait faire partie du mandat de chaque ministère roumain, du mandat de toutes les autorités qui entrent en contact avec la société, à commencer par l’avocat du peuple et jusqu’aux inspections territoriales de l’emploi et aux formateurs des principaux groupes professionnels – avocats ou enseignants – afin de comprendre que chacun d’entre nous a une responsabilité fondamentale d’assurer l’égalité pour tous. »
La coalition anti-discrimination vient de créer la plate-forme antidiscriminare.ro, où les personnes qui affirment être victimes d’une discrimination ou qui ont des questions à ce sujet peuvent écrire et recevoir des conseils juridiques primaires, des informations sur leur problème. Dana Ududeac, juriste spécialisée dans la lutte contre la discrimination rappelle deux cas qui font l’objet de la coalition anti-discrimination : « L’un d’entre eux est celui d’un événement organisé par l’Association Accept en 2013, dans la salle de cinéma du Musée du Paysan Roumain, qui accueillait la projection d’un film à thématique homosexuelle. Un groupe de personnes d’extrême droite, deux fois plus nombreuses et motivées par la haine, a proféré des menaces et empêcher la projection du film. Nous avons pris des mesures et nous nous sommes confrontés à un aspect intéressant : la discrimination peut atteindre un niveau si grave, qu’elle devient une infraction. Un autre cas est celui d’une personne séropositive. C’était une dame enceinte. Le guide de l’Organisation Mondiale de la Santé ainsi que d’autres guides cliniques du Ministère de la santé recommandent la césarienne à la 38e semaine de grossesse. A l’époque, il n’y avait, à Bucarest, qu’un seul hôpital où l’on pouvait pratiquer une telle opération, mais cette femme n’a pas été acceptée, parce qu’elle était séropositive. Elle a insisté, revenant à l’hôpital pendant plus d’une semaine. Pourtant, le personnel médical ne disposait pas des conditions nécessaires pour éviter la transmission du virus, ce qui aurait mis en danger la santé de la mère et du fœtus. Le dénouement a été heureux, la femme ayant finalement réussi à obtenir les services médicaux qu’elle souhaitait et auxquels elle avait droit. »
Du point de vue de sa législation, la Roumanie a fait un grand pas en avant dans le domaine de la lutte contre la discrimination raciale et l’intolérance. La Commission européenne contre le racisme et l’intolérance a analysé les progrès enregistrés depuis la publication, en 2014, des recommandations concernant la lutte contre la discrimination. Elle concluait que la Roumanie devait améliorer la formation des juges, des procureurs et des personnes appelées à appliquer la justice pénale en matière de la lutte contre le racisme. (Trad. : Alex Diaconescu, Dominique)