Implication civique pour la création de deux géoparcs mondiaux UNESCO
Christine Leșcu, 31.12.2021, 11:49
La Roumanie senorgueillit de paysages à couper le souffle, résultat de la richesse de son relief, de sa flore et de sa faune, mais le pays est fier aussi des communautés locales qui ont su perpétuer les traditions anciennes. Bref, la Roumanie est un pays où lhomme a toujours été en communion avec la nature. Eh bien, cest sur les mêmes principes que repose la création dun géoparc mondial UNESCO : un endroit au cœur de la nature, dont la communauté locale souhaite marier le développement durable à lécologie. Cest pour le titre de géoparc mondial UNESCO quont postulé récemment deux régions de Roumanie : « Oltenia de sub munte » (lOlténie au pied de la montagne) et « Ținutul Buzăului » (la Contrée de Buzău). Ce sont des initiatives de la société civile, lancées par des ONG, afin de mettre sous les projecteurs limportance des communautés locales dans la protection de lenvironnement et dans la valorisation durable de la nature.
En 2020, Florin Stoican, représentant de lAssociation Kogayon, qui avait déjà milité pour la création dun autre parc national par le passé, a envoyé une lettre de candidature à lUNESCO pour la région appelée « lOlténie au pied de la montagne », candidature soutenue aussi par la Commission nationale de la Roumanie pour lUNIESC est les 60 partenaires du projet. Quels sont les atouts de cette zone ? Réponse avec Florin Stoican :
« Cest une zone plus étendue, dont la cerise sur le gâteau est le Parc national de Buila-Vânturariţa, autour duquel se construit le géoparc. Le parc sétale sur 4 500 hectares, alors que le géoparc est 15 fois plus grand et comporte le territoire de 6 localités du département de Vâlcea, de Vaideeni jusquà Olăneşti. Il inclut aussi deux petites stations très connues – Horezu et Olăneşti – et 4 localités rurales. Mais, en fait, lOlténie au pied de la montagne est beaucoup plus vaste. Elle sétale entre la rivière Olt et le Danube. Toutefois, notre projet est concentré sur la zone de Vâlcea, puisque lONG que je dirige est petite et dispose de ressources limitées et ne peut pas soccuper de la région tout entière. Nous avons néanmoins opté pour ce nom justement parce que cest une porte ouverte pour lélargissement ultérieur du projet. Cette petite zone recèle une grande diversité dobjectifs naturels et culturels. Un géoparc – cest la diversité, la biodiversité, cest du patrimoine naturel : paysages, grottes, gorges, sites, la glaise de Horezu dont on fabrique la fameuse céramique. Et cest aussi de la diversité culturelle. La zone abonde en monuments historiques, musées, traditions, maîtres artisans. Or, le rôle dun géoparc, cest de promouvoir la zone en tant que destination touristique ».
Une fois la postulation envoyée, le deuxième pas pour obtenir le statut de géoparc mondial UNESCO, cest denvoyer la documentation portant sur les projets de la zone. Puis, des experts internationaux de lUNESCO passeront une semaine sur le terrain pour évaluer le dossier. Ce processus durera jusquen 2024, estime Florin Stoican, qui nous assure que la patience portera ses fruits :
« Les avantages sont multiples. Premièrement, il sagit dun concept différent par rapport à celui daire protégée. A la différence des aires protégées, où lEtat impose des restrictions, les géoparcs sont des territoires où lon fait une promotion soutenue du développement durable fondée sur le patrimoine naturel. On travaille beaucoup sur place avec les partenaires locaux pour développer des produits et des services qui apporteront des bénéfices touristiques. Dans le temps, les communautés locales deviennent conscientes de la valeur de leur patrimoine naturel et culturel et commencent automatiquement à le protéger. »
LOlténie au pied de la montagne nest pas la seule zone qui aspire au titre de géoparc UNESCO. La Contrée de Buzău en est une aussi. En quoi consiste cette région ? Réponse avec Răzvan Popa, président de lassociation en charge du projet :
« Elle comporte 18 communes, sises au nord et à lest de la rivière Buzău. Cest un territoire qui commence au bord de la rivière et inclut des sites célèbres, tels les Volcans de boue. En fait, ces Volcans de boue comportent 4 sites. Mais le territoire envisagé réunit aussi les endroits appelés « Focul viu» (Le Feu vivant) et les habitats rupestres de Colţi et de Bozioru ainsi que les grottes et les gisements de sel de Mânzeleşti. »
Le projet de la Contrée de Buzău a déjà parcouru les étapes de sa transformation en géoparc UNESCO. Răzvan Popa nous en parle :
« Le projet a démarré en 2007, donc il existe depuis plus de 14 ans déjà. Cest un ample projet qui vise à créer linfrastructure touristique, à faire des recherches et de la promotion et à conclure des partenariats. Il a aussi fallu réunir une masse critique de soutien local – et là je ne pense pas seulement au facteur politique, qui est très important, mais aussi aux entrepreneurs et aux habitants de la zone. Il faut remplir 99 des 101 critères fixés par lUNESCO pour pouvoir postuler et le dossier a été finalisé en 2020. Puis, on a passé à lévaluation proprement-dite. Le dossier a été examiné par une commission de lUNESCO, puis par une commission de lUnion internationale des sciences biologiques. Cette dernière a voulu savoir si le territoire contient des valeurs géologiques dintérêt international, alors que lUNESCO a évalué le projet du point de vue de sa durabilité. On a reçu deux évaluations positives et, en septembre dernier, lUNESCO a envoyé deux experts sur place qui ont dressé un rapport. Le 10 décembre, le Secrétariat de lUNESCO a soumis au vote sa recommandation et la Contrée de Buzău a reçu des voix favorables à lunanimité ».
Voilà donc, la Contrée de Buzau se prépare à devenir Géoparc de lUNESCO. Sa nomination officielle devrait avoir lieu en mars 2022, à loccasion de la réunion du Conseil de lUNESCO.
(Trad. Valentina Beleavski)