Grandissons ensemble
Le phénomène des enfants dont les parents ou seulement un d’entre eux sont partis travailler à l’étranger ne cesse de gagner en ampleur en Roumanie. Ainsi, selon des données fournies par la Direction chargée de la protection de l’enfance, 79 901 tels enfants étaient recensés dans les statistiques de l’assistance sociale. 41% d’entre eux étaient complètement privés de l’attention des parents : 22 993 avaient les deux parents loin d’eux et 9991 étaient issus de familles dont un seul parent était parti. Bien que ces chiffres soient déjà inquiétants, une série d’études montrent que les informations officielles ne rendent compte que partiellement de l’ampleur du phénomène.
Ana-Maria Cononovici, 04.09.2013, 15:07
Le phénomène des enfants dont les parents ou seulement un d’entre eux sont partis travailler à l’étranger ne cesse de gagner en ampleur en Roumanie. Ainsi, selon des données fournies par la Direction chargée de la protection de l’enfance, 79 901 tels enfants étaient recensés dans les statistiques de l’assistance sociale. 41% d’entre eux étaient complètement privés de l’attention des parents : 22 993 avaient les deux parents loin d’eux et 9991 étaient issus de familles dont un seul parent était parti. Bien que ces chiffres soient déjà inquiétants, une série d’études montrent que les informations officielles ne rendent compte que partiellement de l’ampleur du phénomène.
C’est dans ce contexte que l’Organisation « Sauvez les enfants » a décidé de venir en aide aux petits et de mettre en place le projet « Grandissons ensemble ». Gabriela Alexandrescu, présidente exécutive de l’Association « Sauvez les enfants » : « Le programme se propose d’identifier les meilleurs moyens de protéger les enfants dont les parents travaillent à l’étranger et de mettre en place des services complexes, censés soutenir ces enfants. On les aide à faire leurs devoirs, car sans une protection parentale adéquate, un enfant a du mal à faire face aux exigences de l’école. On les aide également à garder un contact permanent avec leurs parents qui vivent dans un autre pays, en leur fournissant l’équipement nécessaire, par exemple des ordinateurs connectés à Internet. On accompagne aussi ceux qui prennent soin de ces enfants, vu qu’il s’agit dans la plupart des cas de grands-parents ou d’autres membres de la famille qui ne savent pas toujours comment se conduire avec un adolescent, par exemple. Pour nous, il est très important de faire participer les autorités de sorte que ces exemples de bonnes pratiques ne demeurent pas isolés, car de tels enfants se retrouvent dans tout le pays » .
Le projet « Grandissons ensemble » a déjà abouti au lancement de plusieurs programmes «Après l’école », dans 14 départements de Roumanie. 2080 enfants en ont bénéficié entre 2010 et 2012. Les enfants ont ainsi pu participer à des programmes censés leur fournir un surcroît d’aide et l’accès à bon nombre activités extrascolaires: promenades, visites aux musées et autres attractions touristiques. Les représentants des enfants ont eux aussi eu la possibilité de prendre part à différentes rencontres et séances d’accompagnement social et psychologique.
Les autorités comprennent qu’il reste encore un long chemin à parcourir, estime Catalina Chendea, inspectrice au ministère roumain de l’Education : « On a mis l’accent sur les séminaires destinés à ceux qui restent à la maison avec ces enfants, qui les prennent en charge. Nous essayons d’établir des liens avec ces parents empruntés, pour ainsi dire, et d’encourager les enfants à garder eux aussi un contact aussi étroit que possible avec leurs parents, de leur faire comprendre que ces derniers ne les ont pas quittés, qu’ils les rejoindront à un moment donné. A cet effet, nous organisons toute sorte d’activités extra curricullaires susceptibles d’accroître la confiance des enfants en eux-mêmes et en la famille » .
Parfois enviés par d’autres enfants parce que considérés comme privilégiés pour recevoir des cadeaux plus beaux qui leur viennent de l’étranger, bon nombre de ces jeunes manquent, en réalité, de la chaleur et la protection d’un foyer. Daniela Ganu est la grand-mère d’une fillette dont les parents sont partis travailler ailleurs. Elle nous parle de ce programme dont sa petite-fille bénéficie aussi : « Plus d’une fois il m’est arrivé de constater que même s’ils avaient des parents à l’étranger, certains de ces enfants étaient mal habillés ou nourris. J’ai constaté que par le biais de ce programme les enfants ont droit à un repas, ce qui est une très bonne chose. A mon avis, il y a beaucoup de cas sociaux, de familles nombreuses, à quatre ou cinq enfants, dont les parents sont partis et qui les ont laissés à la charge d’une grand-mère pauvre et malade, d’un oncle ou d’une tante qui se désintéressent d’eux à longueur de journée. Je pense que votre programme en régime d’internat essaie d’offrir à ces enfants une sorte de famille de substitution, puisque certains de ces petits n’ont même pas de toit. Ils vivent dans la rue, vêtus de fripes et pieds nus » .
Personne ne doute plus de la nécessité de tels programmes. A preuve, un autre témoignage, celui de Vera Limbei, qui prend soin de plusieurs petits-enfants : « J’ai quatre petits-enfants à ma charge. Leurs parents sont partis travailler à l’étranger. Ils voudraient amasser de l’argent pour s’acheter un appartement, car ils vivent dans un studio loué. Les petits sont âgés de 5 à 7 ans. Les jumeaux ont 6 ans et vont en classe préparatoire. Le cadet va à l’école maternelle, tandis que l’aîné et en première année des cours élémentaires. Je n’aurais pas réussi à me débrouiller sans l’aide de la fondation! »
On a constaté, dès les premiers mois, chez les enfants inscrits dans ces programmes, une amélioration des capacités de communication, un niveau accru de leur estime de soi et des résultats scolaires meilleurs dans certaines disciplines. Le programme « Grandissons ensemble » repose sur l’effort soutenu de 565 bénévoles. En 2013, plus d’un millier d’enfants seront concernés par les activités déployées dans les 16 centres. (trad. : Alexandra Pop, Mariana Tudose)