Enseigner la physique autrement
Il y a 12 ans, l’association non-gouvernementale « Le centre
d’évaluation et d’analyses éducationnelles » lançait le projet intitulé
« La physique, autrement », dans une tentative de changer la manière dont
cette discipline est enseignée au collège. Concrètement, on se proposait
d’encourager la pratique au détriment de la théorie et laisser aux enfants le plaisir de découvrir eux-mêmes
les aspects théoriques à travers des expérimentations. Comment et pourquoi est
né ce projet ? Réponse avec Cristian Hatu, président du centre :
Christine Leșcu, 28.06.2023, 11:51
Il y a 12 ans, l’association non-gouvernementale « Le centre
d’évaluation et d’analyses éducationnelles » lançait le projet intitulé
« La physique, autrement », dans une tentative de changer la manière dont
cette discipline est enseignée au collège. Concrètement, on se proposait
d’encourager la pratique au détriment de la théorie et laisser aux enfants le plaisir de découvrir eux-mêmes
les aspects théoriques à travers des expérimentations. Comment et pourquoi est
né ce projet ? Réponse avec Cristian Hatu, président du centre :
« C’était, en fait, une réponse aux tendances observées dans
d’autres pays connus pour leurs systèmes éducationnels performants. Pourquoi un
tel changement de paradigme dans ces pays-là ? C’est une discussion assez
complexe, mais je mentionnerais plusieurs éléments que je trouve importants. A
la différence d’il y a 30 ou 40 ans, lorsque de nombreux emplois supposaient
des activités répétitives et une certaine routine, le passage vers
l’automatisation a entraîné une réduction de tous ces emplois. En même temps, il
se trouve que de plus en plus souvent, les salariés soient tenus pour trouver
des solutions aux nouveaux défis. Alors, il a été question de voir dans quelle
mesure une école qui privilégiait l’apprentissage par cœur et la reproduction
d’information était toujours actuelle. On a donc tenté de repenser la manière
dont certaines disciplines étaient enseignées à l’école, afin de développer la
pensée critique, la recherche des solutions aux problèmes. Pour les sciences
exactes, par exemple, il ne suffisait plus qu’un professeur se présente devant
la classe et enseigne la loi d’Ohm, par exemple, en disant la formule et en
faisant des exercices. Au contraire, il faut présenter le problème à l’élève et
le laisser se débrouiller tout seul à le résoudre. Bref, le prof fait un pas en
arrière et laisse l’enfant en contact direct avec la réalité. Toutes
proportions gardées, on dirait que l’élève est encouragé à refaire les pas du
chercheur ayant fait la découverte. »
Changer de mentalité et de méthode pour rendre la physique accessible et
intéressante dans les yeux des enfants, c’est l’objectif du projet dont nous
parlons aujourd’hui. Plus encore, la méthode appelée « la démarche d’investigation »
utilisée dans le projet « La physique, autrement », peut contribuer à
faire diminuer l’analphabétisme fonctionnel, puisqu’elle aide les enfants à
comprendre directement comment fonctionnent les lois de la physique et comment
cette discipline les accompagne dans la vie quotidienne. Bref, tout cela les aide
à développer leur pensée. Quelle a été la réaction des enfants face à cette
méthode qui les fait sortir de la routine scolaire ? Cristian Hatu répond :
« Ils sont curieux et ils deviennent conscients de leur
potentiel. Selon nos professeurs, la toute première réaction des élèves est de
demander : « Mais pourquoi vous nous posez ces questions ? Nous
ne savons pas répondre ! C’est à vous de nous donner la réponse ! »
En fait, il faut de plusieurs semaines pour surmontent ce blocage, après tant
d’années d’enseignement selon la méthode classique ».
Cela fait 12 ans déjà que le projet « La physique, autrement » fonctionne et son succès
est évident. Près de 3 000 professeurs de physique ont été formés à la
« démarche d’investigation ». Et, si au début le projet d’adressait
uniquement aux classes de collège, dans le temps, il a été ,is en place aussi
dans les lycées. Cristian Hatu, président du « Centre d’évaluation et
d’analyses éducationnelles » nous explique comment :
« Le programme scolaire du collège a été modifié dans cette direction.
Désormais, les inspecteurs vérifient dans quelle mesure « la démarche d’investigation »
est utilisée en classe. Lors des examens
que les enseignants doivent passer, ils sont questionnés au sujet de
l’apprentissage par l’investigation. Pour le lycée, il a été difficile de
changer de programme scolaire, mais on a trouvé une solution intermédiaire et
on a proposé des recommandations méthodologiques pour les professeurs de
physique en charge des élèves de première et 2e année de lycée. Cela
parce qu’ils commençaient à avoir en classe de plus en plus d’élèves qui
avaient travaillé d’après cette méthode au collège et qui, une fois arrivés au
lycée se heurtaient à la méthode classique. Il a fallu donc aider les
professeurs de lycée à continuer cette approche utilisée au collège. »
Le succès du
programme « La physique, autrement » est incontestable. Si bien qu’il a
déterminé les membres du « Centre d’évaluation et d’analyses
éducationnelles » de lancer il y a quelques années le projet « La chimie,
autrement », fondé toujours sur la démarche d’investigation. A l’avenir,
l’association envisage aussi de développer un projet similaire pour l’enseignement
des mathématiques. Ce sont de petits pas faits vers la modernisation du système
éducationnel roumain. (Trad. Valentina Beleavski)