Education aux médias pour les adolescents
Certaines crédibles, d’autres non. Le terme de « fake news », ou infox, fait déjà partie de notre vocabulaire, qu’il soit correctement compris ou pas. Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de savoir faire la différence entre la vérité et le mensonge, entre une information vraie et une autre mensongère, rédigée pour désinformer. Le contexte de la pandémie ne fait qu’accentuer ce besoin. Centrul de Jurnalism Independent (Le Centre de journalisme indépendant) est une ONG roumaine qui se donne pour mission d’apprendre aux jeunes comment gérer l’information trouvée sur Internet. Sa directrice, Cristina Lupu, nous présente plusieurs projets censés éduquer les jeunes générations à l’utilisation des médias : « Nous organisons des cours d’éducation aux médias depuis notre création, en 1994. Mais, au début, ce n’étaient pas forcément des cours ciblés sur les médias. C’est en 2017 que nous avons lancé le Programme d’éducation aux médias. C’est notre idée de renforcer le niveau d’autonomie et de pensée critique des jeunes. Ce programme comporte plusieurs activités. Nous travaillons avec les adolescents, soit directement, soit en invitant des experts. Par exemple, nous avons organisé des rencontres au cours desquelles les adolescents ont pu poser des questions aux journalistes. Qui plus est, puisque nous souhaitons avoir une approche stratégique, on a décidé de travailler avec les enseignants aussi. Notre capacité d’accueillir les jeunes au Centre de journalisme indépendant ne sera jamais suffisante pour enclencher un changement à l’échelle nationale. C’est pourquoi nous avons voulu former des professeurs. On a commencé par les profs de langue et de littérature roumaine et on compte sur eux pour développer les compétences médias chez les jeunes. »
Christine Leșcu, 21.04.2021, 13:23
Certaines crédibles, d’autres non. Le terme de « fake news », ou infox, fait déjà partie de notre vocabulaire, qu’il soit correctement compris ou pas. Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de savoir faire la différence entre la vérité et le mensonge, entre une information vraie et une autre mensongère, rédigée pour désinformer. Le contexte de la pandémie ne fait qu’accentuer ce besoin. Centrul de Jurnalism Independent (Le Centre de journalisme indépendant) est une ONG roumaine qui se donne pour mission d’apprendre aux jeunes comment gérer l’information trouvée sur Internet. Sa directrice, Cristina Lupu, nous présente plusieurs projets censés éduquer les jeunes générations à l’utilisation des médias : « Nous organisons des cours d’éducation aux médias depuis notre création, en 1994. Mais, au début, ce n’étaient pas forcément des cours ciblés sur les médias. C’est en 2017 que nous avons lancé le Programme d’éducation aux médias. C’est notre idée de renforcer le niveau d’autonomie et de pensée critique des jeunes. Ce programme comporte plusieurs activités. Nous travaillons avec les adolescents, soit directement, soit en invitant des experts. Par exemple, nous avons organisé des rencontres au cours desquelles les adolescents ont pu poser des questions aux journalistes. Qui plus est, puisque nous souhaitons avoir une approche stratégique, on a décidé de travailler avec les enseignants aussi. Notre capacité d’accueillir les jeunes au Centre de journalisme indépendant ne sera jamais suffisante pour enclencher un changement à l’échelle nationale. C’est pourquoi nous avons voulu former des professeurs. On a commencé par les profs de langue et de littérature roumaine et on compte sur eux pour développer les compétences médias chez les jeunes. »
Une fois formés par Le centre de journalisme indépendant, les enseignants incluent les informations sur les médias dans leurs classes de roumain. Comment cela se fait concrètement ? Réponse avec Cristina Lupu : « Cela est notamment possible en première et en 2e année de lycée, où le programme scolaire est beaucoup plus flexible et permet de travailler sur des contenus médias. Par exemple, en première année de lycée, lorsque l’on enseigne la théorie de la communication, on peut discuter du fonctionnement de celle-ci, de la construction des messages, qui ont tous un auteur et un but précis. Lors des leçons consacrées au texte juridique, on peut aborder des sujets tels la liberté d’expression ou encore la Constitution. Des leçons sur le texte journalistique figurent aussi dans le programme scolaire du lycée. A ce moment-là, on parle de la manière dont on rédige les nouvelles. S’ils passent par le processus de rédaction d’un texte journalistique, ils en connaîtront la structure. Et lorsqu’ils deviendront des consommateurs de nouvelles, ils sauront s’il manque quelque chose ou sur quels aspects émotionnels l’auteur à misé pour susciter une forte réaction de ses lecteurs, par exemple. »
Mais quelles sont les informations qui intéressent les jeunes d’aujourd’hui ? Et où les trouvent-ils ? Cristina Lupu répond : « Même s’ils ne consomment pas de médias de la même manière que les adultes, les jeunes entrent en contact avec les informations véhiculées par la presse dans les discussions avec leurs professeurs, leurs amis ou leurs camarades de classe. Selon des études récentes, durant la pandémie, la désinformation a gagné beaucoup de terrain sur Instagram, plus que sur Facebook, par exemple. Or, Instagram est un réseau destiné surtout aux jeunes. Sans doute, il faut tenir compte de nombreux éléments à tout moment. En même temps, bien que les intérêts principaux des adolescents tournent autour des films et de la musique, ils s’intéressent vivement aussi à d’autres sujets, notamment les lycéens. Ils veulent connaître ce qui se passe dans l’éducation, des choses liées à l’emploi et aux éventuels jobs, à la vaccination aussi dans le contexte de la pandémie. A notre avis, il faudrait qu’il y ait davantage d’information écrite d’une manière qui attire les jeunes, avant de dire que les adolescents ne consomment pas de l’information. »
Sans doute, il faut nuancer notre perception des jeunes. En même temps, l’éducation aux médias doit être accessible aux enfants des milieux défavorisés. Pour ce faire, le Centre de journalisme indépendant collabore depuis longtemps déjà avec UNICEF Roumanie, comme nous le dit Despina Andrei, son manager de communication et de collecte de fonds : « A notre avis, le besoin d’éducation aux médias n’est pas nouveau. Mais il est devenu encore plus évident cette dernière année, avec l’arrivée de la pandémie, puisque les jeunes et les enfants passent beaucoup plus de temps devant les écrans des ordinateurs et des tablettes. Cela les rend beaucoup plus vulnérables aux fausses informations, à la désinformation et à des phénomènes tels le harcèlement en ligne ou à d’autres types d’abus pratiqués sur Internet. Par conséquent, d’une part, nous voulons que les jeunes et les enfants puissent décodifier les messages qu’ils reçoivent, qu’ils sachent tirer l’information de plusieurs sources, qu’ils ne tombent pas en proie aux fausses informations, qui ne font que se multiplier ces derniers temps. D’autre part, ils doivent savoir se protéger pour ne pas être humiliés et harcelés – des choses qui leur arrivent très facilement dans le milieu virtuel, surtout s’ils ne sont pas préparés ou s’ils ignorent qu’un tel phénomène peut leur arriver. »
Récemment, le partenariat entre Le centre de journalisme indépendant et l’UNICEF s’est développé dans d’autres directions aussi. Le Conseil des enfants est venu les rejoindre, une structure créée par l’UNICEF il y a deux ans. Despina Andrei explique : « Nous sommes en permanente consultation avec le Conseil des enfants, qui est un organisme informel, créé par l’UNICEF par un projet démarré lorsque la Roumanie était présidente du Conseil de l’UE. Nous comptons aussi sur l’avis du Conseil national des élèves, qui est une structure formelle. On travaille avec ces deux organisations, l’une formelle, l’autre informelle, pour créer du matériel qui porte sur les besoins des enfants et qui réponde le mieux possible à leur besoin d’être informés correctement et de se protéger face aux fausses informations. Par ailleurs, aux côtés du Centre de journalisme indépendant nous avons créé un guide d’utilisation des médias, qui aide les enfants à acquérir des compétences, pour qu’ils puissent gérer l’avalanche d’informations rencontrées sur la Toile et s’informer de sources crédibles. Nous aimerions que les jeunes avec lesquels nous travaillons deviennent des agents du changement après de leurs copains. En fin de compte, nous pouvons nous adresser à un nombre limité de professeurs et d’élèves. L’important c’est que l’information que nous leur offrons devienne cette petite boule de neige que les autres continuent à rouler pour la faire passer à encore plus de monde, de sorte que nous soyons tous mieux informés, d’ici quelques années.»
Notons pour finir que ces rencontres des membres du Centre de journalisme indépendant avec des jeunes se déroulent actuellement en ligne. Une chose est sûre, pour se débrouiller dans le monde d’aujourd’hui, où les enfants ont très tôt accès à la Toile, mais aussi et surtout pour vivre dans le monde de demain, où la circulation de l’information n’aura plus de limites, il est important d’apprendre dès le plus jeune âge comment distinguer entre les vraies et les fausses informations. (Trad. Valentina Beleavski)