Discours public et débâts d’idées
Les débats scolaires sont une très bonne méthode en ce sens, en tout cas c’est une méthode qui donne de très bons résultats depuis longtemps déjà aux Etats-Unis. Ces dernières années, ce type d’exercice intellectuel s’est répandu aussi dans les lycées roumains. 5 clubs de débats existent actuellement en Roumanie, qui organisent différentes compétitions. Parmi elles, une compétition qui s’intitule « Pache Open » et qui s’est déroulée au Collège national Mihai Viteazul de Bucarest, réunissant 200 participants, des élèves de différents coins du pays, arbitres, enseignants et organisateurs. D’où vient le nom de « Pache Open » ? Du nom du boulevard Pache Protopopescu, où se trouve le lycée Mihai Viteazul. C’est là qu’est né le Club de débats Pache. Son fondateur, Andrei Petre, est aujourd’hui étudiant en Droit : «Nous avons déjà plus de 15 années d’expérience, nous sommes donc un des clubs à tradition en Roumanie. Nous organisons des débats, notamment entre lycéens. Nous avons deux équipes : l’une représente les autorités ou le gouvernement, l’autre représente l’opposition. Chacune compte 3 membres. Au début, c’est-à-dire il y a 8 ans, il n’y avait que des compétitions de week-end avec une trentaine de participants tout au plus. A l’époque, notre club comptait 4 personnes. A l’heure actuelle nous avons des compétitions qui réunissent plusieurs centaines de personnes, donc c’est un phénomène qui gagne en ampleur. »
Christine Leșcu, 01.06.2016, 14:16
Les débats scolaires sont une très bonne méthode en ce sens, en tout cas c’est une méthode qui donne de très bons résultats depuis longtemps déjà aux Etats-Unis. Ces dernières années, ce type d’exercice intellectuel s’est répandu aussi dans les lycées roumains. 5 clubs de débats existent actuellement en Roumanie, qui organisent différentes compétitions. Parmi elles, une compétition qui s’intitule « Pache Open » et qui s’est déroulée au Collège national Mihai Viteazul de Bucarest, réunissant 200 participants, des élèves de différents coins du pays, arbitres, enseignants et organisateurs. D’où vient le nom de « Pache Open » ? Du nom du boulevard Pache Protopopescu, où se trouve le lycée Mihai Viteazul. C’est là qu’est né le Club de débats Pache. Son fondateur, Andrei Petre, est aujourd’hui étudiant en Droit : «Nous avons déjà plus de 15 années d’expérience, nous sommes donc un des clubs à tradition en Roumanie. Nous organisons des débats, notamment entre lycéens. Nous avons deux équipes : l’une représente les autorités ou le gouvernement, l’autre représente l’opposition. Chacune compte 3 membres. Au début, c’est-à-dire il y a 8 ans, il n’y avait que des compétitions de week-end avec une trentaine de participants tout au plus. A l’époque, notre club comptait 4 personnes. A l’heure actuelle nous avons des compétitions qui réunissent plusieurs centaines de personnes, donc c’est un phénomène qui gagne en ampleur. »
A part le goût de la compétition, quels sont les autres éléments qui attirent les lycéens à une confrontation d’idées ? Andrei Petre répond : «Beaucoup de choses nous attirent. Premièrement, l’ambiance. Deuxièmement, nous aimons le fait que cela nous oblige d’être au courant des informations, à apprendre de nouvelles choses, à nous développer. En fin de compte, je pense que nous devenons de meilleures personnes par ces débats, en tout cas des personnes mieux instruites. Nous aimons dire que tout sujet peut faire l’objet d’un débat. La plupart de nos compétitions portent sur des sujets de politique extérieure ou économiques. D’habitude nous tentons d’avoir un peu de chaque domaine. »
Mais quels sont les sujets soumis au débat par ces jeunes? Par exemple, lors de la compétition Pache Open, ils ont trouvé des arguments pour et contre le Brexit ou bien pour et contre une taxe sur le vice dans les restaurants au lieu de l’interdiction totale de fumer dans les espaces publics. Ou bien faut-il permettre aux sportifs ayant des prédispositions médicales dangereuses de participer aux compétitions sportives, même sous leur propre responsabilité? Ou encore faut-il incriminer les femmes qui tombent enceintes sans l’accord de leur partenaire? « Ce n’est pas une simple querelle », c’est un débat sérieux qui nous sera utile dans la vie, vu que c’est une pratique très répandue, notamment parmi les hommes politiques, lit-on sur un site de presse jeunesse.
Alice Kempf, élève en terminale au lycée Gheorghe Lazar de Bucarest et la gagnante du concours de débats mentionné, souhaite s’inscrire à la Faculté de relations internationales. L’exercice de l’argumentation et la participation aux concours de débats peuvent constituer un atout important dans son avenir professionnel : « Je suis en général très passionnée de l’art du discours. Il me semble fondamental dans une société qui cherche à progresser, mais avoir un bon discours ne suffit pas, il faut aussi avoir des arguments sérieux et des sources d’information qui puissent l’appuyer. Je pense que c’est plutôt toute cette série d’éléments qui m’intriguent le plus et me passionnent. Tout ce processus de documentation est devenu pour moi une sorte de technique de détente. J’aime beaucoup lire des sujets de politique internationale et d’économie qui sortent de la sphère des choses que nous apprenons d’habitude à l’école. »
Mais les débats peuvent s’avérer utiles non seulement du point de vue professionnel, affirme Luca Mihailescu, élève en troisième année de lycée au Collège Mihai Viteazu, membre du club de débats « Pache ». Ecoutons-le : « Je crois que cela me sera utile quel que ce sera mon choix de vie à l’avenir. Pratiquement il s’agit d’une aptitude nécessaire, celle de savoir parler devant un public, trouver des arguments pour appuyer son point de vue, penser autrement que la majorité. Je crois que toutes ces aptitudes sont très appréciées dans nombre de facultés étrangères et roumaines. Et même après la fac, elles sont utiles, quel que soit le chemin que vous décidiez de prendre. Moi, par exemple, je veux étudier la physique et je crois que les débats me serviront. C’est grâce à eux que j’ai développé une manière de penser qui m’aidera à trouver du travail plus facilement. »
Les débats développent non seulement une manière de penser, mais aussi de s’exprimer poliment, étayée sur des arguments bien documentés, chose qui semble manquer dans les polémiques de l’espace public roumain. C’est la remarque de Mihai Stavastre, membre de l’équipe qui a remporté le deuxième prix de la compétition Pache Open, élève en seconde au Collège Mihai Viteazu de Bucarest : «C’est très rare que l’on puisse entendre des arguments corrects du point de vue logique ou qui soient basés sur des prémisses correctes. Souvent on entend des sophismes et d’autres choses qui ne devraient pas se retrouver dans un débat. Si plus de personnes avaient accès à des cours de débats, je crois qu’elles pourraient apprendre plus de choses utiles pour la société civile. Si plus de monde avait accès aux débats et si ceux-ci pouvaient se répandre davantage, alors les bénéfices seraient encore plus visibles. »
Avant d’avoir la chance de s’exprimer dans l’espace public, les lycéens de Roumanie s’entraînent dans le cadre de ces compétitions de débats extra-scolaires. Ces activités auront sans nul doute un impact positif dans le parcours professionnel et personnel des actuels lycéens roumains. (Trad. Valentina Beleavski, Alex Diaconescu)