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Détruire une femme – la violence domestique

Impossible à supporter, la violence domestique est difficile à décrire, même quand on n’est que témoin ou thérapeute impliqué dans la récupération des victimes. Généralement assimilée aux abus physiques, cette violence revêt d’autres formes aussi: la violence économique, qui consiste à mettre délibérément les victimes en situation de dépendance financière, la violence sociale, soit l’isolement des victimes par rapport aux proches et aux amis, la violence verbale, manifestée par la répétition d’insultes qui détruisent l’estime de soi, la violence sexuelle, qui équivaut, dans bien des cas, au viol conjugal. Toutes ces formes de violences et d’autres encore sont réglementées par le Code civil adopté en 2003. Une loi absolument nécessaire dans un pays où une femme sur quatre a été agressée physiquement ou sexuellement par son partenaire en 2015, selon les données fournies par Fundamental Rights Agency, l’agence des droits fondamentaux de l’UE.

Détruire une femme – la violence domestique
Détruire une femme – la violence domestique

, 24.08.2016, 13:48

Impossible à supporter, la violence domestique est difficile à décrire, même quand on n’est que témoin ou thérapeute impliqué dans la récupération des victimes. Généralement assimilée aux abus physiques, cette violence revêt d’autres formes aussi: la violence économique, qui consiste à mettre délibérément les victimes en situation de dépendance financière, la violence sociale, soit l’isolement des victimes par rapport aux proches et aux amis, la violence verbale, manifestée par la répétition d’insultes qui détruisent l’estime de soi, la violence sexuelle, qui équivaut, dans bien des cas, au viol conjugal. Toutes ces formes de violences et d’autres encore sont réglementées par le Code civil adopté en 2003. Une loi absolument nécessaire dans un pays où une femme sur quatre a été agressée physiquement ou sexuellement par son partenaire en 2015, selon les données fournies par Fundamental Rights Agency, l’agence des droits fondamentaux de l’UE.



Plus de 70% des femmes n’ont pas rapporté aux autorités les violences subies et ce pour plus d’une raison, dont certaines imperfections de la loi de 2003, précise Andreea Bragă, présidente du Centre Filia, une ONG qui milite contre les inégalités de genre: « Depuis 2012, cette loi a subi des tas de modifications. On a entre autres introduit l’ordonnance de protection, un instrument absolument nécessaire pour protéger les victimes des violences. La loi prévoit aussi des services à l’intention des victimes de la violence familiale et l’octroi de ressources financières nécessaires. Puisque cet argent n’a pas toujours été réalloué des budgets locaux, 13 comtés du pays ne bénéficient pas de centres d’accueil des victimes de violences domestiques. En plus, la protection immédiate n’est assurée même pas par l’ordonnance de protection introduite à peine en 2012. Les 24 ONGs du réseau de lutte contre la violence familiale, dont nous faisons partie aussi, a réalisé un suivi de l’application de cette ordonnance. Les résultats montrent qu’il faut compter 33 jours en moyenne entre le dépôt de la demande et la délivrance de l’ordonnance de protection. »



150.000 appels d’urgence au numéro unique 112 enregistrés en 2015 dénonçaient des actes de violence domestique. Pourtant, seul un millier d’ordonnances de protection a été émis. En plus, les démarches juridiques visant à protéger les victimes ou à punir les agresseurs sont alourdies par la bureaucratie, qui pèse surtout sur les épaules de la victime. Par exemple, c’est à elle de fournir les preuves incriminantes lors du procès.



A cela s’ajoute l’attitude d’une communauté maintes fois suspicieuse et la réticence des autorités à délivrer une ordonnance de protection, dit Andreea Bragă: « Bien des fois, la victime est blâmée par son entourage ou ses proches par des commentaires du type «Toi aussi, tu dois y être pour quelque chose ». Même les autorités se montrent parfois hostiles ou décourageantes. Il y a eu des cas de victimes qui ont retiré leurs plaintes suite aux remarques de certains policiers. On entend souvent la question Qu’en est-il du droit de propriété de l’agresseur? Impossible de le virer de son propre logement.” Seulement voilà, il n’y est pas question de sécurité. Pendant les 33 jours que dure la délivrance d’une ordonnance de protection, la victime continue de vivre sous le même toit avec l’agresseur ou bien, même si elle trouve refuge chez des proches ou des amis, elle reste en contact avec l’agresseur, qui peut la menacer. Bref, les victimes sont parfois découragées de porter l’affaire devant la justice. »



Qu’elles fassent ou non appel à la Justice, nombre de femmes agressées cherchent de l’appui parmi les associations caritatives, telles l’Association ANAIS. Celle-ci offre aux victimes le conseil juridique nécessaire à préparer le dossier, qui sera présenté en Justice, et surtout le conseil psychologique dans des séances de psychothérapie individuelles ou de groupes. Mais, même dans ce cadre sûr et empathique, le traitement des blessures intérieures prend du temps, la violence psychologique ayant des suites des plus insidieuses sur les femmes.



Mihaela Mangu, présidente d’ANAIS: « De nombreuses femmes font même des attaques de panique parce qu’elles passent tellement de temps sous tension, aux côtés de l’agresseur. Elles arrivent à avoir peur de faire le moindre mouvement ou geste, pour ne pas provoquer l’agresseur. Après une si longue période sous tension et sous l’emprise de la peur, en se libérant, la femme a toutefois l’impression que quelque chose de mauvais est en train de se passer. L’estime de soi est, dès le début, l’aspect psychologique le plus touché. Il te dit jour après jour que tu es bête, que tu n’es bonne à rien et que tu n’arriveras jamais à te débrouiller seule. Toutes ces paroles, répétées quotidiennement, finissent par détruire l’estime de soi et par faire accepter cette situation dominée par la violence. »



Fin février, le Parlement de Bucarest ratifiait la Convention du Conseil de l’Europe relative à la violence contre les femmes et à la violence domestique, document connu aussi sous le nom de «Convention d’Istanbul ». Quelles en sont les points principaux ? Réponse avec Andreea Bragă, présidente du Centre Filia: « Il est nécessaire d’introduire une ordonnance de protection d’urgence, issue dans un délai maximum de 24 heures. La convention d’Istanbul l’appelle ordonnance restrictive d’urgence et dans certains cas de violence, elle est délivrée par les autorités immédiatement après l’épisode violent. Une autre chose importante à retenir c’est que cette convention admet le fait que la majorité des victimes de la violence sont des femmes et souligne le fait que cette violence est le résultat des relations historiques inégales entre femmes et hommes. La ratification de cette convention suppose aussi la prévention de la violence. Nous espérons que des nouveaux cours soient introduits dans le programme scolaire, sur l’égalité de genre, le respect entre les partenaires, la solution des conflits par des moyens non-violents et l’identification de la violence contre les femmes. »



A l’avenir, la Roumanie doit harmoniser sa législation nationale afin de mette en œuvre les articles de cette convention. (trad.: Alexandru Diaconescu, Mariana Tudose)

(sursa foto pixabay@Vertax)
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