Des initiatives des citoyens pour surveiller les autorités
En 2023, des jeunes ont de nouveau demandé des comptes à l'Etat. On trouve les réponses qu'ils ont reçu dans le rapport final du projet « Citoyens actifs pour des services publics de qualité » mené par le laboratoire d'idées « la Société Académique Roumai
Christine Leșcu, 27.12.2023, 12:13
En 2023, des jeunes ont de nouveau demandé des comptes à l’Etat. On trouve
les réponses qu’ils ont reçu dans le rapport final du projet « Citoyens actifs pour des services
publics de qualité » mené par le laboratoire d’idées « la Société Académique Roumaine ».
Ce projet, développé pour la deuxième année consécutive, comprend deux
composantes. Il s’agit d’une part de contrôler la manière dont l’administration
publique de huit municipalités roumaines gère l’éducation, les déchets et les
transports publics. La deuxième composante a vocation de plaidoyer. 80 jeunes bénévoles
ont discuté avec des citoyens des 8 villes en question afin de leur demander ce
qui les mécontentaient mais aussi pour les informer sur ce que dit la loi sur
les sujets abordés. Dans les zones analysées, à savoir Alba Iulia, Bacău, Baia
Mare, Constanța, Deva, Giurgiu, Râmnicu Vâlcea et le secteur 1 de Bucarest, en
ce qui concerne l’éducation, la gestion des déchets et les transports publics,
des améliorations ont été enregistrées, des dégradations également. De fait,
les notes accordées à la gestion des déchets et aux transports publics ont
augmenté quand celles de l’éducation ont baissé, les principaux problèmes
constatés étant liés à la répartition des bourses scolaires. Concernant la
gestion des déchets, Andreea Petruț, responsable de cette section pour
l’enquête dresse un constat en mi-teinte.
Nous avons
constaté certaines améliorations en ce qui concerne la gestion des déchets. Ce
n’est pas une amélioration radicale mais dans quelques cas les changements ont
été significatifs. Il me semble important ici de mentionner la situation dans
le secteur 1 de Bucarest, où j’ai observé qu’il y a des personnes réellement
intéressées par cette problématique, qui ont essayé de mettre des choses en
place cette année. Alors qu’ils partaient avec une note assez faible, ils ont
gagné 10 points de plus cette année. A Alba Iulia nous n’avons constaté aucun
changement significatif, dans les autres villes non plus. Comme je disais, on
constate une légère amélioration, cependant dans les faits les progrès réalisés
ne relèvent pas d’un changement significatif, dans aucun des cas. Il y a des
centres de collecte dans lesquels des bénévoles s’occupent des déchets
spéciaux, c’est-à-dire des déchets volumineux, des déchets de construction ou
des déchets électriques ou électroniques. Nous avons également observé de
nombreuses campagnes d’information et d’éducation des citoyens et ici il fait
parler du cas de Bacau, où une application a été développée pour que les
citoyens puissent accéder plus facilement aux informations et signaler les
éventuels problèmes. Au rang des aspects négatifs, je voudrais mentionner
l’absence de démarche visant à mettre en place l’argument économique
« payez ce que vous jetez ». Aucune mairie n’a réussi à mettre en
place cet instrument économique.
Des données accessibles concernant le recyclage des déchets manquent
cruellement à l’appel. Ce déficit de données ainsi que le niveau général de tri
sélectif des déchets étant pourtant les problèmes qui placent la Roumanie parmi
les pays de l’EU les plus en retard en ce qui concerne la protection de
l’environnement. Andreea Petruț apporte des détails sur les informations
contenues dans le rapport de diagnostic.
Ce que je
voudrais pointer c’est le manque total de transparence. C’est-à-dire que si on
veut chercher actuellement combien un département a recyclé de déchets, on n’a
nulle part où chercher. Ces données ne sont pas publiées et c’est triste parce
que ce sont quand même des données d’intérêt public. Et ce n’est pas juste moi
qui fait de la recherche qui devrait pouvoir accéder à ces données, n’importe
quel citoyen intéressé par ce service public devrait pouvoir aller sur le site
internet de l’opérateur de salubrité et les trouver. Il est spécifié dans la
loi qu’au niveau de chaque localité il devrait exister un site internet compilant
les informations d’intérêt général sur la collecte des déchets et le tri
sélectif. En fin de compte, combien cela coûte-t-il de faire un site ? Ça
relève du bon sens, c’est facile à mettre en place et ça améliorerait
réellement la situation. Mais s’il n’y a aucune sanction, même pour ce genre
d’obligations explicites alors il est probable que certaines municipalités
n’évolueront jamais.
Concernant les transports publics, dans les 8 municipalités
étudiées, ont été analysés l’accessibilité des moyens de transport,
l’interconnexion des stations, le respect du programme, le niveau d’hygiène et
les équipements destinés aux personnes vulnérables. La note la plus élevé est
allée au secteur 1 de Bucarest, le réseau de transports publics de la capitale
étant de fait le plus développé du pays. Mais des mesures ont aussi était
prises récemment pour fluidifier le parcours des bus et des trolleybus et pour
accéder à leurs horaires et trajets par des applications dédiées. Cependant le
niveau de satisfaction des usagers part de très bas. Il est de notoriété
publique que de nombreux habitants de Bucarest préfèrent se déplacer en voiture
parce que les transports publics ne remplissent pas certains critères
élémentaires de prévisibilité et de propreté, précise Andra Metac,
coordinatrice du projet « Citoyens actifs pour des services publics de
qualité ».
Nous nous sommes
aussi intéressés aux réactions des citoyens et aux raisons pour lesquelles ils
n’utilisent pas les transports publics : le manque d’hygiène, le
non-respect des horaires et des besoins de déplacement des usagers. Usagers qui
voudraient que les horaires de passage des bus et tramway soient affichés et
respectés. Et donc ici on a un problème qui pourrait semblait un point de
détail avec un impact plutôt faible mais en fait ces simples affichages ont eu
un impact important sur les usagers et je trouve ça quand même un peu amusant,
sachant qu’on parle d’un besoin aussi simple à satisfaire.
Ainsi,
de petites améliorations basiques, attendues si longtemps, augmentent la
qualité d’un service public quand finalement elles sont mises en place. Une
raison de plus pour laquelle les jeunes et les citoyens en général doivent exercer
un contrôle sur ceux qui sont en charge du fonctionnement de nos villes,
notamment par des programmes comme le projet « Citoyens actifs pour des
services publics de qualité », réalisé par la Société Académique Roumaine.