Compétences digitales et formation tout au long de la vie
Pour bien correspondre aux exigences du marché de la main d’œuvre, petit conseil: lancez-vous dans la maîtrise des compétences numériques indispensables pour une insertion professionnelle à succès. Malheureusement, les statistiques européennes font état de problèmes sévères au niveau de la maîtrise de ces compétences. 40% de la population européenne affiche un niveau limité de telles aptitudes, tandis que le pourcentage des adultes inscrits dans des programmes de formation tout au long de leur vie active avoisine à peine les 11%.
Christine Leșcu, 26.10.2016, 15:03
Pour bien correspondre aux exigences du marché de la main d’œuvre, petit conseil: lancez-vous dans la maîtrise des compétences numériques indispensables pour une insertion professionnelle à succès. Malheureusement, les statistiques européennes font état de problèmes sévères au niveau de la maîtrise de ces compétences. 40% de la population européenne affiche un niveau limité de telles aptitudes, tandis que le pourcentage des adultes inscrits dans des programmes de formation tout au long de leur vie active avoisine à peine les 11%.
La situation est encore plus dramatique en Roumanie où 74% de la population âgée de 16 à 74 ans manque de compétences numériques élémentaires, tandis que le pourcentage des adultes en formation professionnelle continue n’est que de 1%. Une situation signalée par les syndicats qui tirent la sonnette d’alarme quant à l’écart de plus en plus grand entre le curriculum scolaire et les exigences sur le marché de l’emploi.
Au micro, Bogdan Hossu, président de la Confédération nationale syndicale Cartel Alfa: « Les jeunes inscrits dans l’enseignement supérieur manifestent un intérêt plutôt faible vis-à-vis des compétences informatiques. Ceci prouve que la formation élémentaire ne suffit pas pour leur offrir des informations pertinentes sur la structure du marché de l’emploi et sur les orientations professionnelles censées leur donner une perspective adéquate sur leur futur emploi. De nos jours, l’enseignement roumain s’avère plutôt inefficace, ce qui nous amène à formuler quelques conseils. Premièrement, assurer une collaboration avec le marché du travail à travers les employeurs et les syndicats. Deuxièmement, offrir aux adultes une formation continue».
Et puis, comme l’avait dit le ministre du Travail, Dragos Paslaru, il faudrait œuvrer à renforcer les rapports entre les deux domaines d’intérêt dans ce cas: l’éducation et le marché de l’emploi : « On a encore tendance à travailler en silo. Cela signifie que le système d’éducation est tenu pour responsable de la formation et du règlement des capacités professionnelles. Chez nous, il existe toujours une autorité chargée des qualifications, ce qui alimente le conflit entre le ministère de l’Education et celui de l’Emploi. C’est complètement absurde. Cela fait déjà un mois que j’ai entamé des pourparlers avec le ministre de l’Education au sujet d’une coopération institutionnelle et l’idée semble lui plaire. Jusqu’à présent, on a échoué dans nos tentatives de créer une relation efficace entre les domaines gouvernemental et privé et c’est une direction dans laquelle on doit œuvrer davantage».
Un domaine où la coopération interministérielle devrait fonctionner est celui de l’enseignement par alternance où la formation professionnelle a lieu parallèlement en entreprise et dans des centres de formation. Le ministère de l’Education a entrepris déjà plusieurs démarches en ce sens, constate la conseillère du ministre de l’Education, Mme Margareta Ivan: « A l’heure où l’on parle, notre ministère est très préoccupé par ce modèle examiné à maintes reprises depuis le début de l’année. Il sera bientôt mis en œuvre à travers la promotion d’un paquet législatif censé ouvrir les portes à un enseignement qui privilégie le côté pratique et un plus d’implication de la part des employeurs».
Le récent curriculum pour l’enseignement secondaire comporte déjà des cours d’informatique dans le contexte où des notions de base des TI sont considérées comme fondamentales pour accéder à n’importe quel emploi, affirme Raluca Predoi, manager dans une société multinationale : «Les compétences informatiques sont très importantes puisque même l’interview d’embauche se déroule en ligne. Et puis, elles servent aux salariés pour mener à bon terme toutes leurs responsabilités, depuis la communication jusqu’aux rapports électroniques comportant leurs performances. Malheureusement, l’école ne développe pas très bien ce genre de compétences. Prenons l’exemple d’une feuille de calcul Excel. Bien que l’on nous apprenne à en faire pendant les années d’école, ces feuilles sont souvent en dessous de nos attentes qui, attention, ne sont pas exagérées».
Quant à une collaboration avec le système d’éducation afin d’assurer la formation de ses futurs salariés, Raluca Predoi avoue que sa société n’a pas rencontré de tels problèmes: «L’entreprise que je représente intéresse aussi bien les employés issus d’un milieu académique que les diplômés de l’enseignement professionnel. Dans les deux cas, on a collaboré très bien à travers des partenariats conclus aussi bien avec les universités qu’avec les collèges techniques. On a déjà entamé un dialogue avec les autorités gouvernementales sans atteindre pourtant le niveau de maturité espéré ».
En attendant, la Commission européenne a lancé au niveau communautaire le nouvel agenda des compétences numériques afin d’améliorer l’apprentissage des habilités nécessaires pour une meilleure insertion sur le marché de l’emploi.