Comment renforcer l’esprit civique des jeunes roumains?
Christine Leșcu, 20.09.2023, 13:40
Depuis 2014, l’association 11even organise chaque année un camp de vacances
appelé Créateurs de futur qui s’inscrit dans le cadre d’un programme destiné
à des élèves ayant de bons résultats scolaires et souhaitant s’impliquer dans
la vie civique. Depuis la première édition, Créateurs de futur a pris de l’ampleur,
mais le principe demeure inchangé : 50 lycéens sont sélectionnés parmi les
vainqueurs des Olympiades nationales et internationales de plusieurs disciplines
pour passer une semaine dans une école d’été où plusieurs spécialistes de
divers domaines les mettent au défi d’apporter un changement ou un renouveau
dans la société. Le camp se déroule dans les environs de Cluj Napoca et les
élèves sont sélectionnés sur la base de leur intérêt pour cette démarche et de
leurs compétences dans leur domaine de prédilection, comme nous l’explique
Tudor Vasiliu, fondateur du programme Créateurs de futur:
Nous
distinguons quatre domaines de compétences : en premier lieu, le domaine éducatif,
c’est-à-dire tout ce qui relève des olympiades scolaires, des concours
scolaires nationaux et internationaux ; en deuxième lieu, le sport, donc les
performances sportives. Il y a aussi le domaine culturel, donc toutes les
performances artistiques et culturelles. Je pense par exemple aux lycéens qui
ont écrit un livre, qui peignent ou qui ont de bons résultats aux concours d’art.
Enfin le domaine du leadership scolaire, pour les élèves qui s’investissent
dans la communauté par le biais d’activités bénévoles qui ont un impact important
sur la société.
Les initiateurs du projet sont partis de l’idée que les jeunes ayant les
meilleurs résultats à l’école étaient également les plus aptes à l’engagement
civique. Tudor Vasiliu nous explique cette démarche :
Nous
essayons de leur ouvrir le plus de perspectives possibles dans le plus de
domaines possibles grâce aux différents intervenants. Nous essayons de leur
présenter des personnes qui ont étudié ou réussit leur carrière à l’étranger
puis qui sont revenus en Roumanie pour y amener des changements. En regardant
en arrière, sur les 900 élèves environ qui ont participé au programme, je crois
que 50 ou 60 % d’entre eux étudient ou ont étudié dans des universités prestigieuses
à l’étranger. Nous souhaitons faire revenir ces jeunes en Roumanie à moyen ou
long terme. Nous les encourageons à aller étudier à l’étranger s’ils considèrent
que c’est important pour leur carrière. Mais nous soulignons la nécessité de
revenir en Roumanie pour être acteurs du changement ici.
Tudor Vasiliu nous donne quelques exemples de thèmes
et d’invités qui ont marqués l’édition 2023 du camp Créateurs de futur :
Il y a eu une grande variété de thématiques débattues. Par exemple, nous avons
invité monsieur Mihnea Măruță, qui est journaliste et l’auteur d’un livre tout
juste paru qui parle de la manière dont l’identité digitale nous affecte et de notre
lien avec les réseaux sociaux. Nous avons aussi reçu Codruța Simina, une
journaliste spécialisée dans les questions de désinformation et de fake news. Răzvan
Petri, actuellement en master au King’s College en Angleterre, qui a monté un
projet très intéressant à l’adresse des jeunes roumains sur la politique. Nous
avons pu débattre avec lui de l’utilité de la politique et du lien qu’entretiennent
les jeunes avec la politique en général. Le docteur Mihai Copăceanu, qui a
organisé un débat sur les drogues. Daniel David, le recteur de l’université Babeș-Bolyai
qui a parlé de la nouvelle Roumanie. Nous avons également accueilli un
séminaire de Răzvan Cherecheș, professeur de santé publique à Cluj Napoca sur
le thème de l’innovation, séminaire auquel ont participé deux invités, qui
essayent de provoquer un changement positif sur Tik Tok en y diffusant des
messages positifs, l’un est éducateur juridique et l’autre a développé un
business par l’intermédiaire de cette plateforme.
Ainsi, selon Tudor Vasiliu, les lycéens réunis au
sein du programme Créateurs de futur battent en brèche l’idée répandue selon
laquelle les jeunes ne s’intéressent pas à l’engagement politique ou civique.
Ils ont une forte envie de s’impliquer.
Et, après chaque édition, nous les incitons à s’impliquer au cours de l’année
scolaire dans diverses activités. Peut-être que leur intérêt pour la politique
est un peu moins appuyé, en raison de leur jeune âge, mais en revanche, ils
sont très en demande d’engagement civique. Après certaines éditions, nous avons
même eu des concours de projets qui ont été financés puis mise en œuvre par la
suite. Suite à l’édition de cette année, nous voulons créer, avec une partie
des participants, des évènements plus petits, à l’échelle de leurs communautés
d’origine, auxquels seront invitées les personnes qui produisent du changement
localement, afin de les présenter à un public de jeunes.
De plus,
Tudor Vasiliu a observé au fil des éditions que les lycéens roumains étaient intéressés
par la perspective d’étudier à l’étranger, mais aussi par des idées et contenus
véhiculés en ligne et notamment les questions liées à l’écologie.