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Chasseurs de voleurs de bois

Une vague d’engagement civique a commencé dernièrement à se faire jour en Roumanie dans plusieurs domaines d’activités. Parmi eux, l’écologie. Plusieurs marches de protestation ont eu lieu ces dernières années, à Bucarest, contre le projet d’exploitation minière de Rosia Montana ou encore contre les déforestations abusives et illégales. Bien que la loi actuellement en vigueur réglemente le programme des coupes, les propriétaires des forêts la violent fréquemment, en provoquant une déforestation sévère des montagnes roumaines. La superficie des forêts roumaines a sévèrement baissé ces 20 dernières années, affichant un pourcentage de seulement 27,45%, bien en dessous de la moyenne européenne de 32,4%. Selon une étude élaborée par Greenpeace Roumanie, entre 2000 et 2004, le fonds forestier national a perdu 3 hectares par heure.

Chasseurs de voleurs de bois
Chasseurs de voleurs de bois

, 10.05.2017, 14:50

Une vague d’engagement civique a commencé dernièrement à se faire jour en Roumanie dans plusieurs domaines d’activités. Parmi eux, l’écologie. Plusieurs marches de protestation ont eu lieu ces dernières années, à Bucarest, contre le projet d’exploitation minière de Rosia Montana ou encore contre les déforestations abusives et illégales. Bien que la loi actuellement en vigueur réglemente le programme des coupes, les propriétaires des forêts la violent fréquemment, en provoquant une déforestation sévère des montagnes roumaines. La superficie des forêts roumaines a sévèrement baissé ces 20 dernières années, affichant un pourcentage de seulement 27,45%, bien en dessous de la moyenne européenne de 32,4%. Selon une étude élaborée par Greenpeace Roumanie, entre 2000 et 2004, le fonds forestier national a perdu 3 hectares par heure.



Dans ce contexte, les premiers à avoir tiré la sonnette d’alarme sur la situation tragique des forêts roumaines ont été les activistes de Greenpeace ou des ONGs similaires. C’est suite à des randonnées bénévoles en montagne ou suite à différentes plaintes que ces derniers ont constaté l’ampleur des déforestations et des transports illégaux de bois. Malheureusement, il n’est pas toujours facile de prouver des irrégularités.



Du coup, une solution serait de multiplier « les yeux de la forêt », comme l’affirme le coordinateur des campagnes Greenpeace, Valentin Salageanu : « Une première solution que nous avons déjà tentée d’une certaine manière a été d’assurer notre présence à plusieurs endroits en même temps. A ce titre, on a lancé une plate-forme en ligne, un site où les internautes sont invités à signaler aux autorités toute coupe de bois illégale, preuves à l’appui. C’est un site que l’on utilise fréquemment puisqu’il recueille des témoignages de la part de toute sorte de citoyens, qu’ils soient montagnards passionnés ou simples villageois inquiétés par la coupe des arbres. Chaque dénonciation est soigneusement examinée par nos membres et ce n’est qu’à partir du moment où les soupçons se confirment que l’on se déplace sur le terrain. »



Membre de l’association AgentGreen, Gabriel Paun remémore le début de ses déplacements sur le terrain: « On a commencé par des visites dans les parcs nationaux, véritables joyaux verts de la Roumanie, car ce sont bien ces réserves qui représentent notre patrimoine national. C’est dans ces parcs que l’on trouve la plupart des forêts vierges. Or, pendant mes déplacements, j’assistais jour et nuit au passage des camions chargés de bois, parfois tellement gros qu’il n’y avait de la place que pour deux véhicules. Je voulais voir ce que l’on fait de tout ce bois car souvent, ce n’est pas celui qui le coupe ou qui le transporte qui se rend coupable de la déforestation. Parfois, la responsabilité est à celui qui le commande et le commercialise. »



Chaque déplacement sur le terrain est précédé d’une vérification minutieuse des documents qui devraient obligatoirement encadrer toute coupe de bois et son transport. Ce n’est qu’ainsi que Valentin Salageanu et ses confrères peuvent s’aventurer sur le terrain en diminuant les risques de leur visite qui ne sont pas négligeables : « Il y a d’abord les risques liés aux terrains accidentés et je pense, par exemple, à des accidents légers que notre équipe pourrait subir. Ensuite, on court tout le temps le risque de dispute qui pourrait éclater entre nos membres et les travailleurs forestiers, les responsables locaux ou même la police. Attention, il s’agit de disputes, non pas d’accrochages car ce ne fut jamais le cas. A chacune de nos incursions sur le terrain, on a été très bien documentés de sorte que notre présence sur place puisse être correctement argumentée. Tout ce que nous avons fait jusqu’à présent, ce fut de filmer ou de prendre en photo les camions chargés pour les montrer à la Garde forestière et de laisser à l’Etat le soin de mener l’enquête. »



Malheureusement, dans certaines situations, les personnes surprises par les activistes environnementaux durant une activité suspecte, au milieu de la forêt, ont été assez récalcitrantes, avoue Valentin Salageanu: « En principe, notre travail est un travail de documentation, nous faisons des photos et des reportages vidéo. Le plus souvent j’ai réussi à rester caché, loin des yeux, bien camouflé. Nous avons également laissé des caméras vidéo sur le terrain pour les récupérer ensuite afin de voir ce qu’elles ont enregistré. Mais certaines caméras ont été découvertes et volées. Parfois on n’a récupéré qu’une ou deux et nous avons utilisé seulement ces images-là… Mais souvent nous avons rencontré ce genre de braconniers en chair et os. Nombre d’entre eux ont été pacifiques, mais certains ont été agressifs, ce qui signifiait que leur activité n’était pas tout à fait en règle. Ils sont directement passés à des actes violents, ils ont initié des altercations suite auxquelles certaines personnes ont été blessées. Cela m’est arrivé à moi aussi. Je suis arrivé à plusieurs reprises à l’hôpital. »



Depuis environ une année, après l’adoption d’un nouveau Code forestier, les autorités gouvernementales ont développé des instruments supplémentaires de suivi de l’exploitation du bois. Valentin Salagean, coordonnateur de campagnes chez Greenpeace : « Ces dernières années, à commencer par les protestations de rue contre les déforestations en 2015, on a fait des progrès notables afin de rendre ce secteur plus transparent. Il y a aussi le « Radar des forêts », un système qui permet d’appeler le numéro d’urgence 112 afin de vérifier tout transport de bois. Une application mobile a également été lancée. Appelée « L’inspecteur de la forêt » cette application mobile également créée par le ministère de l’Environnement peut être téléchargée sur les smartphones et tablettes. Grâce à celle-ci, on peut savoir directement, sans appeler le 112, si le transport est illégal ou pas. Le site inspectorulpadurii.ro a également été inauguré l’année dernière afin d’offrir des informations sur les exploitations en cours. Il regroupe tous les documents en vertu desquels toute coupe d’arbres est opérée, mais aussi les documents qui accompagnent les transports de bois. Et pourtant, la loi grâce à laquelle cette transparence est possible n’est toujours pas entrée en vigueur. A l’heure actuelle, tout ce système fonctionne en mode d’essai. »



La décision gouvernementale sur l’entrée complète en légalité de l’application « l’Inspecteur de la forêt » a été remise au 21 octobre 2017. Entre temps, les ONGs environnementalistes continuent leur activité, surtout pour ce qui est de la protection des forêts vierges de Roumanie. En 2001, le pays disposait d’environ 62% des forêts vierges de l’Europe. De nos jours, nombre de ces forêts ont été perdues à jamais. (trad. : Ioana Stancescu)

(sursa foto pixabay@Vertax)
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