Campagne pour l’intégration des enfants en situation de handicap
« La place des enfants atteints d’un handicap est aux côtés des autres enfants, dans la communauté, à l’école maternelle et en famille » – tel est le message de la campagne d’information « Nous sommes plus forts en grandissant ensemble », lancée à Bucarest par le ministère du Travail et de la Protection sociale, par l’Autorité nationale pour les Droits des personnes handicapées, les Enfants et les Adoptions, le ministère de l’Education et de la Recherche et l’UNICEF.
România Internațional, 12.02.2020, 13:20
La Roumanie compte officiellement 70.000 enfants atteints d’un handicap, dont près de la moitié sont isolés dans des écoles spéciales, alors que ceux qui apprennent dans des établissements scolaires habituels ne bénéficient pas de l’appui nécessaire. Même si la Roumanie a ratifié la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées et assumé son engagement de supprimer les écoles spéciales et d’ouvrir à leur place des écoles inclusives, la situation avance difficilement, pense aussi le représentant adjoint de l’UNICEF à Bucarest, Gabriel Vockel. « Les statistiques indiquent qu’il existe en Roumanie environ 70.000 enfants atteints d’un handicap, mais nous savons qu’en réalité, leur nombre est beaucoup plus grand. En raison de l’absence de données de qualité, nous en savons trop peu sur le nombre réel des enfants en situation de handicap de Roumanie, et plus exactement, comment ils sont affectés par cet état de choses. Nous savons, aussi, que trop d’enfants en situation de handicap continuent d’être élevés dans le système de protection sociale, et que beaucoup d’enfants ne fréquentent pas l’école, la maternelle ou la crèche. Ils ne sont pas intégrés, mais plutôt soumis à une ségrégation par d’autres enfants. La place des enfants atteints d’un handicap est aux côtés de tous les autres enfants, en tant que membres de la même communauté, de manière à ce qu’ils puissent jouer ensemble, qu’ils puissent grandir ensemble. »
Les parents qui ont des enfants avec des besoins particuliers dépensent des milliers d’euros par an pour la thérapie, alors que ceux qui ne peuvent pas se permettre de tels montants restent isolés dans des maisons ou dans différentes institutions, affirme Mădălina Turza -cine e persoana asta ? : « Malheureusement, en ce moment, nous ne disposons en Roumanie que de 270 services de soins de jour ou de thérapies de récupération pour les enfants atteints d’un handicap, donc seul ce nombre limité de services est disponible au niveau national, ce qui ne couvre même pas les besoins minimaux d’environ 18% de ces enfants. C’est pourquoi les choses sont aussi complexes et difficiles pour assurer l’inclusion de nos enfants. Et nous continuons de nous trouver dans la situation où environ 36% des enfants du système de protection spéciale ont eu pour cause de séparation- ? la pauvreté, et 8% – le handicap. En raison de l’absence de leviers suffisants et efficaces pour ces enfants, ils peuvent aussi arriver à être institutionnalisés… »
Le manque d’implication de l’État pour soutenir les enfants en situation de handicap a pour effet l’abandon de ces derniers par leur famille, ajoute Mădălina Turza : « Une de mes priorités et de celles de l’Autorité a été de règlementer les services de type « respiro » pour les enfants atteints d’un handicap, parce qu’il y a un énorme fardeau qui pèse sur les épaules des familles. Celles-ci, dans des situations difficiles, n’ont pas où laisser leurs enfants pour quelques heures ou pour un jour ou deux, afin de résoudre une situation. Les parents arrivent à un niveau de stress au-delà duquel il y a risque d’abandon… Nous avons prévu, dans tous les départements du pays, des équipes mobiles de services d’intervention précoce pour les enfants en situation de handicap, des services d’habilitation et de réhabilitation dans la communauté, nous avons inclus dans notre plan le financement de services de type respiro et la formation de spécialistes. C’est un aspect crucial de l’inclusion des enfants. Nous avons besoin de spécialistes bien formés, qui appliquent différents types de thérapies, d’intervention, de récupération, tous ces services dont les enfants en situation de handicap ont besoin… »
Il y a des milliers de cas d’enfants discriminés ou exposés à l’exclusion, parce que tous les enseignants n’ont pas la formation nécessaire pour travailler avec eux. Certains départements de Roumanie ne disposent que d’un seul professeur de soutien pour 150 enfants en situation de handicap. La ministre de l’Education et de la Recherche, Monica Anisie, promet que le nombre de conseillers psychologiques qui travaillent dans les écoles connaîtra bientôt une hausse : « Je me propose d’accroître le nombre de conseillers psychopédagogiques dans les établissements d’enseignement pré universitaire, mais également d’investir dans la formation initiale des enseignants. J’ai discuté avec les représentants des universités pour trouver des solutions afin de former plus de conseillers scolaires à partir de l’année universitaire 2020-2021, parce que l’école, en fait la société, a besoin d’être soutenue… Nous nous proposons de former ensemble les enseignants de manière à ce qu’ils disposent des compétences nécessaires pour travailler avec ces enfants avec différents handicaps. Nous encourageons les parents à nous épauler, nous encourageons les enseignants à soutenir les enfants, mais aussi à se spécialiser par la formation continue ou par la formation initiale – et je parle là des jeunes qui souhaitent intégrer la profession enseignante. »
La discrimination des enfants à besoins particuliers est présente non seulement en Roumanie, mais aussi dans d’autres États européens. Les données de l’UNICEF montrent qu’au moins 75% du nombre estimé de 5,1 millions d’enfants atteints d’un handicap, qui vivent en Europe Centrale et Orientale et en Asie Centrale, sont exclus d’une éducation inclusive de qualité. Il y aurait plus de 93 millions d’enfants en situation de handicap dans le monde, selon l’UNICEF. (Trad. : Ligia Mihăiescu)