Bénévolat et logements sociaux
Avoir un logement décent n’est pas facile du tout pour nombre de catégories sociales – notamment pour les plus défavorisées. Il y a des familles qui vivent dans les espaces insuffisants des foyers destinés aux célibataires ou dans des habitations qui manquent d’électricité et de chauffage. Les autorités ne réussissent pas toujours à gérer ce genre de situations, et c’est alors à la communauté de se mobiliser pour aider les familles en difficulté. L’organisation « Habitat for Humanity » – un jeu de mots signifiant à la fois « foyer pour l’humanité » et « foyer en échange d’altruisme » – le fait depuis une vingtaine d’années. Elle construit des habitations destinées aux familles à revenus modestes et assure la rénovation des vieilles habitations des familles pauvres, son activité reposant sur le bénévolat.
Christine Leșcu, 09.11.2016, 14:15
64 mille personnes ont bénéficié jusqu’ici des programmes déroulés par l’organisation « Habitat for Humanity », grâce auxquels 600 nouvelles habitations ont été construites et plus de 2000 ont été rénovées – à proximité de Cluj et de Mediaş, en Transylvanie, dans le centre du pays, à Bacău, Comăneşti et Botoşani, en Moldavie, dans l’est, ainsi que dans le comté de Constanţa, dans le sud-est. Quels en sont les bénéficiaires ? Loredana Modoran, coordinatrice de projets au sein de l’organisation, explique: «Pour bénéficier de nos programmes, une personne doit remplir 3 critères : primo – avoir désespérément besoin d’un logement, bien sûr ; secundo – disposer d’un revenu, pour qu’elle puisse rembourser le coût des matériaux de construction que nous achetons pour construire la maison dont elle va bénéficier ; pour responsabiliser nos bénéficiaires, nous cherchons des personnes qui, bien qu’elles travaillent du matin au soir, ne gagnent pas assez pour obtenir un crédit auprès d’une banque. Ces gens restent prisonniers d’un cercle vicieux de la pauvreté qu’ils n’arrivent plus à briser. Nous mobilisons des ressources pour les aider à prendre leur vie en main. Enfin, nos bénéficiaires doivent travailler aux côtés de nos bénévoles à la construction ou à la rénovation de leurs propres maisons. Même avant d’être sélectionnés, les candidats doivent faire un certain nombre d’heures de travail bénévole – allant, par la suite, jusqu’à un millier ou plus. Nous ne faisons pas de cadeaux aux gens, notre intention est des les épauler, pour qu’ils puissent mener une vie meilleure, après. »
Bénéficiaires et bénévoles travaillent côte à côte. Les bénévoles arrivent de partout, ils appartiennent à toutes les catégories sociales et pratiquent les métiers les plus divers. Parmi eux, Veronica Soare, journaliste de radio impliquée dans beaucoup d’autres projets humanitaires, qu’elle décrit sur son site « minuni.ro » – soit « merveilles.ro ». Veronica Soare a commencé à travailler sur les chantiers des nouvelles habitations il y a quelques années. Au micro de RRI, elle partage son expérience. « Quelques heures de travail sur un chantier vous donnent un sentiment unique. On regarde le mur que l’on a bâti, on regarde les gens que l’on y a connus et on se rend compte que tout un chacun peut contribuer à changer les choses. Arriver un lundi matin sur un chantier où seules les fondations ont été jetées, pour qu’après, des maisons commencent à s’élever sous vos yeux, sous vos mains, c’est magnifique. Quand j’ai dit à mes amis que j’allais 5 jours sur le chantier, ils ont été étonnés : « Qu’est-ce que tu comptes y faire ? Penses-tu pouvoir faire le travail d’un bâtisseur ? » Pourtant, c’est plus facile que vous ne le pensez. Ce n’est pas fatigant ! Pendant ces 5 jours je n’ai pas eu la sensation d’avoir travaillé. »
D’habitude, les bénéficiaires rejoignent les bénévoles et commencent à aider d’autres personnes en difficulté. Les mensualités qu’ils paient, sans intérêts aucuns, pour rembourser les matériaux utilisés à la construction de leur maison, alimentent un fonds spécial qui finance de nouveaux projets de construction. Et les gens aident leurs semblables avec beaucoup de joie, selon Veronica Soare : « J’ai visité cette année une des familles dont le logement a été construit l’année dernière. Deux choses m’ont beaucoup touchée. La mère était très heureuse du fait qu’elle pouvait enfin élever ses enfants dans une maison décente, digne de ce nom. Et puis, elle nous a dit qu’elle voulait nous accompagner sur les chantiers pour aider les autres de la même manière dont elle-même avait été aidée. Je ne sais pas si ces gens ont jamais fait du volontariat auparavant, mais c’est très important qu’ils aient compris ce que c’est que d’être aidé et qu’ils souhaitent aider les autres à leur tour ».
Le département de Bacau, dans l’est du pays, comporte plusieurs zones défavorisées. Le système de construction de logements avec des volontaires y est bien ancré depuis 12 ans. Andrei Chirila est le coordinateur de la filiale de Comanesti de l’organisation « Habitat for Humanity ». Là, des difficultés à impact national sont exacerbées, dit-il : « Le stock national de logements est obsolète, et il a besoin de réparations urgentes. Il y a beaucoup de cas de nouvelles familles, avec aussi des enfants d’habitude, qui doivent cohabiter dans un seul et même appartement exigu avec leurs parents âgés ou avec les familles de leurs frères. Le besoin d’avoir un espace qui leur soit exclusif est très important. Ce n’est pas seulement l’endroit lui-même qui pose problème, mais aussi l’aménagement intérieur et extérieur. On nous a demandé de l’aide pour acquérir de nouvelles chaudières à gaz, pour remplacer les anciennes fenêtres avec du double vitrage ou pour isoler les murs afin d’accroître les performances thermiques de leurs appartements ».
A Comanesti ainsi que dans les communes environnantes, les demandes affluent et plusieurs chantiers doivent démarrer très prochainement. Des chantiers qui sont également un antidote efficace contre la solitude et le scepticisme. (Trad. : Andrei Popov, Dominique)