Aider les enfants sans enfance
Roxana Vasile, 14.10.2020, 12:24
Pour la plupart d’entre nous, le recyclage des
déchets rime avec protection de la planète. Mais pour un policier de Râmnicu
Vâlcea c’est plus que ça : c’est une chance de vivre une vie normale pour des
enfants sans enfance. Eusebiu Predonescu consacre le plus clair de son temps à
aider les quelques centaines d’enfants défavorisés du département de Vâlcea
(sud). Sur les réseaux sociaux, il invite ses compatriotes à en faire de même : «
On t’attend tous les jours à nous aider à trier et à distribuer… de
l’espoir ! » Il ne cesse jamais de lancer ces invitations, car il a
plein de travail à faire et plein d’enfants à aider.
D’ailleurs, le parcours professionnel d’Eusebiu
Predonescu est plutôt spécial : 8 ans durant, il a été conseiller
psychopédagogue et entraîneur pour les footballeurs en herbe de Roumanie. A
présent, il est officier de police spécialiste des sciences de l’éducation à
l’Inspection départementale de la police de Vâlcea et bénévole de l’Association
« Enfants sans enfance ».
D’où vient sa passion pour les enfants et surtout sa
motivation pour les aider ? Eusebiu Predonescu raconte : « Grâce à
mes différentes casquettes – d’enseignant, d’entraîneur, de policier, j’ai pu
identifier de nombreux enfants qui n’avaient pas d’enfance, comme nous les
appelons dans notre association. Il leur manquait la chose la plus
importante : une famille, quelqu’un qui les soutienne pour qu’ils puissent
aller à l’école. Ou pire encore, il leur manquait la personne la plus
importante de leur vie : leur mère. Alors, nous avons tenté d’aider
premièrement les enfants les plus jeunes de notre club de football. Puis, les
activités se sont développées et nous avons commencé à aider les enfants de
différentes écoles et localités du département de Vâlcea. Souvent, il faut
aider les enfants à se rendre à l’école – ils ont besoin de vêtements, de
cartables, de fournitures scolaires, de transport jusqu’à l’école la plus
proche, voire d’argent pour le loyer dans le cas de ceux qui vont au lycée dans
une autre ville. Les cas sont très variés et les besoins des enfants sont très
variés aussi. »
Les enfants pauvres ne sont
pas les seuls à recevoir une aide de la part de l’association d’Eusebiu Predonescu. Elle soutient aussi les jeunes atteints
de différentes maladies, tels les problèmes d’ouïe ou de vue, par exemple. De
même, l’argent collecté auprès des bénévoles de Vâlcea sert aussi à doter les logements
d’électricité, car il existe toujours des enfants qui doivent faire leurs
devoirs à la lumière d’une bougie ou d’une lampe à gaz. D’autres maisons sont
restaurées, d’autres encore ont été bâties à zéro.
Eusebiu Predonescu ajoute : « Cela fait longtemps déjà que nous construisons de petites
maisons là où l’on ne peut plus réaménager les maisons existantes. Nous avons
trouvé des enfants dont les parents étaient décédés et il a fallu un effort
soutenu de la part de toute notre équipe pour recycler différents matériaux et,
avec l’argent collecté, leur faire construire une maisonnette. Donc, tout notre
argent provient du tri sélectif. C’est aussi une manière d’attirer la
communauté à participer, les enseignants et les enfants eux-mêmes. »
Cannettes en aluminium, récipients en verre ou en
plastique, carton, papier, piles usées, télés anciennes, appareils
électroménagers détériorés, fer, pneus usés – toute quantité, aussi petite
qu’elle soit, sert à l’association à laquelle Eusebiu Predonescu a consacré son
âme et son temps : « Nous avons commencé par les petites choses – quelques bouteilles
en plastique, quelques cannettes, du papier usé, des électroménagers abîmés.
Mais peu à peu, les gens sur l’ensemble du département ont vu le résultat. Et
au moment où une personne constate qu’il est possible de ramasser de l’argent
par le recyclage pour bâtir une petite maison, pour aider un enfant dans une
étape de sa vie, alors la réaction vient du plus profond de son cœur. A l’heure
où l’on parle, beaucoup de gens de Vâlcea nous donnent un coup de main. Des
quantités immenses de matériaux recyclables nous parviennent pour être
valorisées et soutenir par la suite nos projets. En fait, le recyclage est
quelque chose de nouveau. Avant, notre aide consistait à offrir des vêtements
et des chaussures aux petits. Mais dès que nous avons constaté qu’une aide plus
consistante était nécessaire, il a fallu trouver une solution. Je ne suis pas
d’accord avec l’idée de demander de l’argent aux autres. J’ai préféré l’obtenir
par mon propre travail. Si vous pouviez voir notre entrepôt en ce moment !
On est comme de véritables fourmis. Il faut prendre chaque sac de déchets
recyclables, le trier par couleur, l’écraser et le distribuer de sorte que tout
soit valorisé au maximum. C’est la seule chance pour ces enfants sans
enfance ! Les sommes que nous obtenons via le recyclage vont jusqu’à
10.000 lei par mois (quelque 2000 euros) Cet argent est utilisé pour procurer
les matériaux de construction et pour brancher à l’électricité les maisonnettes
où il n’y en a jamais eu. On est tellement contents de l’annoncer à chaque fois
sur les réseaux sociaux ! »
C’est l’amour des enfants qui alimente la force des
bénévoles de Vâlcea de continuer, malgré les difficultés qu’ils rencontrent. Mais
aussi, leurs propres actions leur donnent une énergie qui les poussent à
continuer, espérant que plus tard, ces enfants deviendront des adultes qui aideront
à leur tour d’autres enfants. Et puis, il faut dire aussi qu’il y a des gens
qui aident Eusebiu Predonescu à distance. Tout cela pour donner à ces petits
une chance à une vie normale.
Eusebiu Predonescu conclut : « Il est important de
les remettre sur pied, pour qu’ils puissent se débrouiller tout seuls au moment
où ils deviendront adolescents et pour que nous puissions continuer à aider les
plus petits qui dépendent entièrement de nous. Sachez aussi qu’il existe aussi
un numéro de téléphone, le 004 077 154
67 91, que nous avons intitulé le numéro des enfants sans enfance.
»
Entrez aussi sur la page Facebook d’Eusebiu Predonescu,
pour voir vous-mêmes les enfants qui bénéficient de son aide. On le sait très
bien, souvent, une image vaut mille mots ! Et ça pourrait aussi vous
inspirer ! (Trad. Valentina Beleavski)