A quoi ressemble le touriste roumain ?
La fin de l'été et la Journée mondiale du tourisme qui s'est déroulée le 27 septembre sont l'occasion d'esquisser le portrait du touriste roumain. Qui est-il ?
Roxana Vasile, 04.10.2023, 12:20
Même si pour un quart des Roumains, les vacances représentent un luxe
presque inaccessible, d’autres au contraire arrivent à partir au moins deux
fois au cours d’une année, pour un séjour de minimum quatre nuits plus un
weekend prolongé, selon des enquêtes menées régulièrement sur les pratiques
touristiques des Roumains. Les gens disent partir en vacances pour s’amuser,
déconnecter, se distraire mais aussi pour se récompenser du travail effectué
pendant l’année. La fin de l’été et la Journée mondiale du tourisme qui s’est
déroulée le 27 septembre sont l’occasion d’esquisser le portrait du touriste
roumain. Qui est-il ? Quelles sont ses destinations préférées ?
Combien est-il prêt à dépenser ? Pour découvrir les habitudes touristiques
des Roumains, notre guide sera Cristina Popa, devenue entrepreneure dans ce
domaine en 1996, après des études à l’Université de tourisme. Elle organise des excursions, des city-breaks,
des safaris et autres escapades exotiques. Accompagnant elle-même de nombreux
groupes, elle est une fine connaisseuse des touristes roumains.
Le touriste roumain a un peu changé d’optique ! Il voyage désormais plus et
plus loin, les prix n’étant pas si élevés par rapport aux voyages en Europe et
les dépenses sur place nettement moins élevées. Si dans les années passées la
demande était très forte pour la France et l’Espagne, elle l’est toujours d’ailleurs,
il existe aujourd’hui aussi une demande pour le Kenya, l’Ile Maurice ou les
Maldives. Depuis quelques années, Zanzibar est aussi à la mode. Il y a des
offres accessibles au moment de l’achat des billets d’avion, les prix sont très
très bons pour ces destinations.
Nous avons demandé à Cristina Popa si les Roumains étaient des touristes
exigeants.
Il y a des gens exigeants ou difficiles. J’ai eu un groupe de personnes à
Zanzibar qui voulaient tout obtenir dans la seconde, comme elles en ont l’habitude
chez elles, sans tenir compte du fait que nous étions sur un autre continent où
les gens n’ont pas le même rythme. Là-bas on dit polé polé, ce qui signifie doucement,
doucement et quand on commande une bière elle arrive une demi-heure plus tard,
pour de la nourriture, il faut attendre trois heures. Ce ne sont pas les mêmes manières
de faire. Si toi en tant que touriste tu es prêt à accepter que tu te trouves
ailleurs, dans un autre espace, sur un autre continent, où les choses se
passent différemment qu’en Roumanie ou en Europe alors il n’y a aucun problème.
On est en difficulté seulement si on n’accepte pas les autres et leurs habitudes
qui nous sont étrangères.
Récemment nous avons connu en tant que société plusieurs épreuves et
périodes difficiles. La pandémie de Covid, la guerre à la frontière ukrainienne,
la crise énergétique, l’inflation galopante ont fragilisé les finances de nombreux
ménage… Comment ces diverses crises ont-elles influencé les choix de vacances des
Roumains ?
Mes clients n’ont apparemment pas été affectés. Sauf par le Covid bien sûr
qui nous a un peu tous immobilisés parce que les conditions de voyage étaient
différentes. Mais si on était vacciné ou testé, il n’y a pas eu de problème.
Nos clients ont continué à voyager.
Ceux qui voyageaient déjà ont pu continuer à le faire. Cristina Popa
apporte quelques précisions sur les dépenses engagées pour ces voyages.
Pour la Bulgarie ou la Grèce, les prix commencent à 500 ou 600 par personne
par séjour, pour les autres destinations la fourchette de prix est comprise entre
900 et 2000 euros par personne. J’ai eu un groupe aux Maldives, ils avaient
payé environ 2000 euros par personne, donc ils étaient prêts à mettre ce prix.
J’ai observé que les gens veulent aller dans des endroits où ils ne sont jamais
allés, et je trouve ça magique, parce qu’en fin de compte nous gardons en nous
ce que nous voyons.
En plus de ces séjours classiques, Cristina Popa organise des colonies de
vacances pour des jeunes entre 10 et 14 ans, qui combinent loisirs et
développement personnel.
J’ai commencé à proposer ce type de tourisme pour enfants et adolescents,
ces colos de développement personnel il y a trois ans. Nous allons dans des
pensions qui sont accréditées pour ce type de séjour, qui proposent autre chose
que les colonies de vacances organisées par les écoles, parce que ce n’est pas
ce que nous voulons. Nous souhaitons que les enfants se découvrent eux-mêmes,
qu’ils se rendent compte de ce pour quoi ils sont doués et qui leur fait
plaisir. Par exemple cette année nous avons fait un atelier d’intuition, pour
voir comment ils peuvent écouter leur intuition. Nous faisons des ateliers de
création, de peinture, de dessin, tout un tas d’ateliers de confiance en soi,
pour qu’ils se découvrent.
Alors que l’été est terminé, que les enfants ont repris le chemin de l’école
et que les parents ont épuisé leurs semaines de congé, il n’est pas question de
repos pour Cristina Popa et ses collègues. Parce que les Roumains continuent à
partir en vacances, quelle que soit la saison.
En octobre, je pars sur l’île d’Egine en Grèce avec un
groupe, en novembre je vais à Cuba, pour février j’organise une excursion au
Sri Lanka pour des familles avec enfants. Donc c’est fini cette période que
nous connaissions auparavant dans ce domaine, voilà septembre ou octobre est arrivé,
on peut se relaxer ! Maintenant nous travaillons en flux continu, tant que l’état
du monde ou les différentes crises nous le permettent.