2015 dans l’Education nationale roumaine
Arrivé en 2015 à sa 4e édition, le Rapport sur l’éducation et la formation dans l’UE enregistre non seulement le progrès des Etats membres en matière d’éducation, mais aussi la manière dont les systèmes d’enseignement influencent le contexte social-économique. Dans l’ensemble, le document conclut que de nouveaux investissements sont nécessaires pour rendre l’éducation plus inclusive et pour stimuler la mobilité sociale. Et un des investissements les plus naturels, consiste à allouer à l’enseignement un pourcentage plus important du budget de l’Etat.
Christine Leșcu, 30.12.2015, 14:44
Arrivé en 2015 à sa 4e édition, le Rapport sur l’éducation et la formation dans l’UE enregistre non seulement le progrès des Etats membres en matière d’éducation, mais aussi la manière dont les systèmes d’enseignement influencent le contexte social-économique. Dans l’ensemble, le document conclut que de nouveaux investissements sont nécessaires pour rendre l’éducation plus inclusive et pour stimuler la mobilité sociale. Et un des investissements les plus naturels, consiste à allouer à l’enseignement un pourcentage plus important du budget de l’Etat.
C’est une des conclusions soulignées par Angela Filote, cheffe de la représentation de la Commission européenne à Bucarest: « Une autre corrélation que nous constatons est celle entre le budget alloué à l’enseignement et la performance de ce secteur. Et à ce chapitre, la Roumanie se classe dernière dans l’UE, avec même une tendance de réduire encore davantage le budget consacré à l’éducation. J’espère que cette tendance qui ne fait pas honneur à la Roumanie ne se poursuivra pas. Je souhaiterais voir aussi un emploi judicieux du budget pour l’éducation, car bien des fois, nous constatons que le problème principal consiste en la qualité de l’utilisation de l’argent. Un autre aspect important est constaté lorsqu’il est question d’éducation. Ce domaine n’a pas d’impact seulement au niveau économique, mais aussi au niveau de la société dans son ensemble. Une population qui bénéficie d’un niveau approprié d’éducation est moins soumise au risque de marginalisation et d’exclusion sociale. En Roumanie, on dit que le livre fait vivre. Or dans ce pays il y a beaucoup d’enfants qui n’ont pas ce type de livre. C’est un phénomène que nous voyons souvent en milieu rural, dans les communautés défavorisées et dans celles de Roms. »
La situation des campagnards se retrouve d’ailleurs aussi dans les indicateurs portant sur l’abandon scolaire, phénomène tributaire du décalage entre les milieux rural et urbain. A cet effet, la Roumanie se situe au-dessus de la moyenne européenne, avec 18,1% par rapport à 11,1%, la situation étant beaucoup plus grave en milieu rural qu’en milieu urbain. D’ailleurs, les différences sociales, économiques et d’instruction entre la ville et la campagne sont une constante de la Roumanie dans ce rapport. Malheureusement, ces écarts ne sont pas contrebalancés par des résultats éducationnels meilleurs. Selon les tests PISA, les élèves de moins de 15 ans ont un niveau inférieur par rapport à ceux des Etats de l’UE (où la moyenne est de 17,8%) tant en lecture (avec 37,3%) qu’en maths (40,8% par rapport à la moyenne européenne de 22,1%) ou en sciences (37,3% par rapport à la moyenne européenne de 16,6%).
Pour Michael Teutsch, chef d’unité par pays de la Direction générale d’éducation et de culture de la Commission européenne, la connaissance de ces données est importante, mais non suffisante. Michael Teutsch : « Tous ces indicateurs quantitatifs sont très importants, mais ils ne représentent que le point de départ de nos analyses. Ils nont dautre but que de décrire une réalité, mais tout un travail de réflexion reste à faire. Plusieurs stratégies sont actuellement débattues en Roumanie – cest réjouissant. Pour lEducation seulement, il y en a cinq. Elles ont lair très bien, mais je me demande si elles représentent vraiment quelque chose pour leur public cible ou bien si elles ne sont que des papiers, même si bien rédigés. Jai des doutes à ce sujet. Le défi principal est de les mettre en œuvre, car nous avons besoin de solutions bien concrètes aux problèmes identifiés par ces stratégies. Ainsi ces dernières seront-elles beaucoup plus quun passage obligé parmi des exigences officielles. »
A part la mise en pratique de ces stratégies, la Commission européenne a transmis à la Roumanie dautres recommandations aussi. Florin Popa, membre de la Direction générale déducation et de culture de lExécutif communautaire précise: « Les inégalités et les disparités socio-économiques, dune part, et celles éducationnelles, de lautre, sont interdépendantes. Liniquité se manifeste très tôt, elle est dhabitude transmise de génération en génération et, si l’on nagit pas à temps, elle saccentue. Ce nest pas un problème qui sestompe ou qui se résout de lui-même. Au contraire, il saggrave. La corrélation des indicateurs socio-économiques et éducatifs est encore plus intense dans le cas des groupes vulnérables, en difficulté. Cest au niveau de léducation précoce – à la garderie, à la maternelle – que nous devons intervenir, car cette action savère la plus efficace contre les décalages sociaux. En outre, il est nécessaire que les décideurs politiques assument leur responsabilité. Nous avons un cadre de réglementation et il doit être appliqué. Sinon, il ne sera pas le facteur de changement tant attendu. Et l’on revient de cette manière à la cohérence et à la complémentarité des différentes stratégies ».
Adrian Curaj est le nouveau ministre roumain de lEducation. Auparavant, il a dirigé lUnité exécutive pour le financement de lenseignement supérieur, de la recherche, du développement et de linnovation. Cest justement cette dernière qui serait, selon lui, la solution pour latténuation des disparités éducationnelles. Nous avons besoin de politiques novatrices dans léducation, qui concilient lautonomie des établissements denseignement avec les stratégies gouvernementales, dit Adrian Curaj: « Lidée de la réduction des décalages est extraordinaire, car elle se fonde sur un processus qui se réalise pas à pas, avec persévérance. Jaimerais bien identifier le moyen, linvention qui maide à franchir ce pas. Nous avons, et pleinement, la capacité dexpérimenter, mais nous avons également besoin dune disponibilité en ce sens. Or jai des doutes à légard de lesprit dentreprise des Roumains, qui sont très créatifs, autrement. La chance de la Roumanie est justement la créativité et léducation. Ce sont elles qui feront la différence, de concert avec la compétitivité générée par linventivité des gens ».
Notons, enfin, que le Rapport sur léducation et la formation au sein de lUE invite les Etats membres à coopérer et à échanger leur expériences afin de mieux relever les défis auxquels leurs systèmes éducatifs se voient confronter. (trad.: Ligia Mihăiescu, Andrei Popov)