Tourisme rural en Transylvanie
Chers amis, notre voyage touristique nous emmène aujourd’hui dans la commune de Rotbav, du comté de Braşov (au centre de la Roumanie). Ce choix n’est pas le fruit du hasard, car c’est de cette commune que 300 moutons sont partis en transhumance en direction de Pologne, ce qui fait un parcours de 1.400 km.
Daniel Onea, 25.08.2013, 13:00
Chers amis, notre voyage touristique nous emmène aujourd’hui dans la commune de Rotbav, du comté de Braşov (au centre de la Roumanie). Ce choix n’est pas le fruit du hasard, car c’est de cette commune que 300 moutons sont partis en transhumance en direction de Pologne, ce qui fait un parcours de 1.400 km.
A Rotbav, les coutumes et traditions pastorales et celles liées à toute sorte de métiers artisanaux sont loin de s’éteindre. Nous avons parlé à une dentellière, qui a même collaboré à un défilé de mode haute couture à Paris, à une joueuse de cor des Alpes et à la propriétaire d’un gîte rural. Elles nous ont révélé quelques-unes des raisons pour lesquelles cette contrée vaut bien un séjour, loin du vacarme de la ville, au cœur de la campagne roumaine.
Le coup d’envoi de la Transhumance 2013, ce long chemin à travers les Carpates, a été donné le 11 mai, à Rotbav, village de la commune de Feldioara, du département de Braşov. L’événement a été marqué par un moment folklorique auquel ont participé entre autres des joueuses de cor des Alpes, membres de l’ensemble de musique traditionnelle Doina Moţului, de la Maison de la culture de Câmpeni.
Nous avons demandé aux jeunes interprètes depuis quand elles jouent de cet instrument assez volumineux et difficile à manier : « J’ai commencé dans mon enfance. Au début, ce fut pour moi une sorte de jeu. J’ai participé à de petits festivals, ensuite à des émissions télévisées. Peu à peu, je me suis éprise de ces instruments et c’est devenu une passion. Si les gens nous apprécient, je pense que c’est surtout en raison des beaux costumes traditionnels que nous portons. Il n’est pas du tout difficile de jouer du cor des Alpes. Si on apprend la technique et on arrive à se débrouiller un peu, c’est facile, tout le monde peut le faire. Surtout s’il y a quelqu’un pour vous expliquer comment il faut s’y prendre. »
Les instrumentistes de l’ensemble Doina Moţului nous expliquent également quelle est la coutume propre à leur région qui y attirerait un touriste étranger. Voici leur réponse : « Dans la commune de Bistra il y a une tradition que l’on garde depuis deux siècles et demi. Ça s’appelle Prăgşor. Il s’agit d’une festivité organisée chaque année. Les jeunes hommes du village, une dizaine, forment un groupe qui visite toutes les maisons où il y a une jeune fille. Ils dansent avec elle et l’invitent à la ronde du village, qui est une véritable fête. Jeunes hommes et jeunes filles s’y rencontrent. Là, les garçons deviennent des princes et les filles de princesses. Les princes ont leur hiérarchie, selon leur situation financière. Les gens se rassemblent au centre du village les lundi, mardi et dimanche, pour voir la ronde et admirer les deux jeunes. Ceux-ci commencent la danse et les villageois se rassemblent et festoient pendant 3 jours. »
Les traditions sont nombreuses et respectées à la lettre par Violeta Carmen Roman, de Feldioara de Sus, du comté de Braşov. L’art de la dentellerie, elle le maîtrise depuis l’âge de 9 ans. Elle l’a appris dans la vallée de la rivière Hârtbaci, où elle a grandi. Cette zone est habitée par une forte minorité saxonne. Ce sont les Saxons qui ont apporté cette dentelle de Flandres, lorsqu’ils ont colonisé le sud-ouest de la Transylvanie — raconte la dentellière Violeta Carmen Roman : « Au début du XXe siècle, l’art de la dentelle était pratiqué dans la banlieue des villes. Les grandes dames s’y adonnaient toutes — et parmi elles les reines Elisabeta et Maria de Roumanie. C’est pourquoi, chez nous, on l’appelle aussi la dentelle des reines. Je suis fière d’avoir été la première à apporter cette dentelle devant le public et la seule qui travaille en soie et fil de coton, respectant une technique spéciale. »
Des collaborations internationales, elle en a eu aussi. Par exemple, elle a collaboré à la collection de haute couture automne-hiver du styliste français Philippe Guilet, qui a travaillé, par le passé, pour des grands noms de la mode tels Jean Paul Gautier, Karl Lagerfeld ou encore Thierry Mügler. Pour sa création, le designer français a bénéficié du soutien d’une cinquantaine de maîtres artisans, créateurs et couturiers de Maramures, Bucovine, Brasov, Bistrita et Bucarest.
Parmi eux, Violeta Carmen Roman à laquelle on passe le micro: « J’ai travaillé avec Phillipe Guilet pour la réalisation de la collection de mode baptisée « Préjugés », dans le cadre du projet 100% point Ro”. Il s’agit d’une collection de haute couture comportant 36 tenues, fruit du travail des artisans roumains coordonnés par Philippe Guilet. La présentation, réalisée le 10 novembre dernier, au siège de l’Ambassade de France en Roumanie, a eu un succès éclatant. Avant cet événement, j’avais créé deux robes de mariée complètement accessoirisées. J’ai également participé à deux salons internationaux de la mode, le premier à Nuremberg et le deuxième, plus grand, en Bavière. Il s’agit du Festival de la dentelle ancienne, une opportunité pour moi d’y rencontrer les plus grands créateurs de dentelle de la région. En plus, j’ai eu l’honneur de me voir reconnaître le statut de dentellière et de me voir primer pour avoir atteint ce niveau en autodidacte. »
La famille Căţean vit à Rotbav, dans le département de Brasov. C’est ici que les trois frères Silviu, Ionut et George ont décidé de mettre sur pied un élevage familial artisanal qui compte actuellement une centaine de vaches, un millier de moutons et 11 chevaux de race. Les frères Căţean commercialisent leurs produits dans leur propre magasin ouvert à Brasov. Ils détiennent également une pension de famille typiquement transylvaine et à présent ils s’occupent du projet Transhumanta 2013, la Transhumance 2013.
Pour plus de détails, nous avons invité au micro madame Căţean, mère de ces trois jeunes entrepreneurs qui a su les soutenir et les encourager sur tous les plans. C’est à elle que nous avons demandé des détails sur les activités touristiques proposées dans la contrée: « Les touristes peuvent emprunter le chemin qui monte jusqu’à la bergerie pour apprendre davantage sur les animaux. Ensuite, ils peuvent regagner le village et visiter l’endroit où l’on prépare le fromage. Nous avons un garçon qui est cascadeur et a un haras. Il s’occupe de nos chevaux et peut accompagner les touristes s’ils veulent faire de l’équitation. En plus, n’oublions pas que tout près de nous, il y a pas mal d’églises et de citées fortifiées qui méritent d’être visitées. La région est magnifique et riche en objectifs qui invitent à la découverte. »
Une fois dans la contrée de Brasov, vous pourriez également rendre visite à la brodeuse de dentelle Violeta Carmen Roman qui vous attend nombreux pour vous faire découvrir les secrets de son métier: « Je pourrais vous apprendre à broder. Vous allez voir, la technique n’est pas difficile, il vous suffira d’une demi-heure, disons d’une heure tout au plus pour l’apprendre. Je pourrais même organiser des ateliers. Ou bien, une idée serait de vous inviter à vous rendre à Feldioara, surtout le jour de la Pentecôte quand on marque aussi les Jours de la commune. A cette occasion, on fait revivre une tradition vieille de plusieurs centaines d’années qui dit que les jeunes hommes habillés en costumes traditionnels, montent à cheval. Munis d’une branche d’acacia, ils doivent frapper à la porte des filles qui leur donnent en échange à boire et à manger. Je vous attends tous à goûter à notre célèbre galette à la semoule de Feldioara. »
Chers amis, vous avez donc toutes les raisons du monde d’inclure la Transylvanie sur la carte de vos destinations préférées. (trad.: Dominique, Mariana Tudose, Ioana Stancescu)