Timişoara, ville multiculturelle
Nous passerons en revue ses principales attractions et en apprendrons un peu plus sur les minorités qui y cohabitent.
Daniel Onea, 24.10.2019, 14:11
Nous passerons en revue ses principales attractions et en apprendrons un peu plus sur les minorités qui y cohabitent.
Pour mieux comprendre le présent, il faut connaître le passé. Ainsi, beaucoup de colons sont venus dans la région de Timişoara vers 1700, surtout de la partie germanique de l’Europe, note Lucia Solomon, du Centre d’information touristique :
« Ces derniers ont habité notamment à l’intérieur de la cité de Timişoara, alors que la population roumaine, plus nombreuse, vivait dans des villages et dans les périphéries. Se trouvant dans une zone avec de fortes influences hongroises et serbes, ces nationalités ont continué à vivre ici et se sont toujours très bien entendues. Il y a toujours eu un esprit de tolérance, de bonne entente et de respect mutuel. En dehors des Roumains, des Allemands, des Hongrois, des Serbes, des Juifs, des Tchèques et des Slovaques sont arrivés au XVIIIe siècle, et leurs descendants continuent de vivre à Timişoara. Dans les églises catholiques, surtout, des messes sont célébrées dans les langues énoncées. Des enfants de familles différentes habitaient la même rue, et bien des fois, dans leurs jeux, ils avaient un langage commun, avec des mots mélangés. La bonne humeur était omniprésente. »
Il va sans dire que ces ethnies avaient emmené avec elles des traditions et des coutumes que les gens ont repris les uns des autres. Lucia Solomon, du Centre d’information touristique, précise :
« Ceci a eu un impact sur le développement de la ville, aussi. Ce qui a été bon a toujours été perpétué. Ceci a influencé l’interculturalité présente ici. Nous avons des festivals spéciaux dans la ville et sur ce thème. Nous avons le Festival des ethnies qui a lieu chaque année au Musée du village du Banat (cette région du sud-ouest de la Roumanie où se trouve la ville de Timişoara). Les Journées des minorités de Timişoara sont organisées au centre-ville. Un cortège présente les costumes traditionnels ; dans des pavillons, ils présentent leur gastronomie spécifique, alors que sur la scène il y a des chants et des danses. Chaque ethnie a l’occasion de présenter alors ce qu’elle a de meilleur. »
Ognean Cristici, président de l’Union des Serbes de Roumanie, affirme que le Banat est une région géographique pluriethnique, multiculturelle et pluriconfessionnelle :
« Nous, les Serbes, nous cohabitons aux côtés d’autres minorités, et le Banat est reconnu pour cette cohabitation. Je n’appelle pas cela de la tolérance, parce que ce n’est pas que nous nous tolérons, nous cohabitons. La plupart des Serbes de Roumanie habitent le Banat historique, dans les quatre départements : Arad, Timiș, Caraș Severin et Mehedinți. Conformément au dernier recensement, il y a environ 18.500 Serbes. Depuis plus de 20 ans, depuis sa création, notre organisation lutte pour préserver son identité nationale par des activités culturelles, religieuses, éducatives. 22 ensembles folkloriques et artistiques sont actifs sous l’égide de l’Union des Serbes. Nous disposons de trois théâtres d’amateurs, et en dehors des activités culturelles, nous avons créé un centre de recherche scientifique sur la culture des Serbes de Roumanie. C’est un organisme indépendant, qui fait des recherches culturelles, sociologiques et linguistiques. Ces travaux scientifiques sont publiés dans une revue qui en est à son 5e numéro et qui est reconnue comme une publication académique. »
L’unique lycée à enseignement dispensé en serbe de Roumanie, le Lycée théorique DositeiObradovici, existe à Timişoara. C’est le nom d’un savant du siècle des Lumières, né au comté de Timiş. En 1808, il organisait en Serbie « la Grande école », et en 1811, il devenait le premier ministre de l’Enseignement de Serbie.
Nous poursuivons notre voyage aujourd’hui aux côtés d’Ioan Fernbach, président du Forum démocrate allemand, filiale du Banat :
« Une attraction touristique que je vous prie de visiter, c’est la Cathédrale Maria Radna, à proximité de Lipova. C’est une basilique mineure. Le pape Jean-Paul II lui a conféré le plus haut rang qui existe au sein de l’Eglise catholique. Elle a été construite voici 400 ans et elle est exceptionnelle. Bien entendu, il existe d’autres beaux endroits, même à Timişoara, comme par exemple la Place Unirii. Le célèbre dôme, une cathédrale représentative du Banat, s’y trouve. C’est le siège de notre évêque. La Place Unirii est un des seuls endroits d’Europe où il y a deux évêques. Il s’agit de l’évêque catholique et de l’évêque orthodoxe, pour la cathédrale orthodoxe serbe. »
La Place Unirii est la plus ancienne de Timişoara, et vous pouvez y admirer toute une série de bâtiments en style baroque. C’est pourquoi on l’appelle aussi Hauptplatz, la Place Principale, ou Domplatz, Place du Dôme. Une attraction touristique, c’est la fontaine à l’eau minérale, construite en 1894. Ioan Fernbach, président du Forum démocrate allemand, filiale du Banat, nous propose aussi d’autres destinations :
« Jimbolia, là où est né le peintre les plus important des Souabes, accueille un musée. Je vous recommande ensuite de visiter Lenauheim, où est né le grand poète et romancier Nikolaus Lenau. C’est un lieu tout à fait à part. Nous avons là un musée des poupées, habillées en costume traditionnel souabe. On sait que chaque village souabe avait sa fête appelée Kirchweih, la fête du patron de l’église. Dans ces villages, les jeunes avaient des costumes traditionnels différents, chaque village le sien. Je vous recommanderais Sânnicolau Mare, une ville à la frontière avec la Hongrie, où est né le grand compositeur hongrois Béla Bartók, mais où vous verrez une communauté allemande puissante qui a préservé ses traditions. Récemment, la Fête de la reconnaissance a eu lieu, on l’appelleErntedankfest en allemand, la reconnaissance pour les fruits de la terre. Malheureusement, un seul Allemand vit encore à Charlottenburg. C’est celui qui fait sonner les cloches à 12h00 et à 18h00. Charlottenburg est le village avec pour point central l’église. C’est le seul village du monde en forme de cercle. »
Timişoara sera en 2021 Capitale européenne de la Culture. C’est la seconde ville roumaine qui aura ce titre, après Sibiu, en 2007.
(Trad.: Ligia)