Oradea, la ville Art nouveau
C’est dans le nord-ouest de la Roumanie, à seulement quelques kilomètres de la frontière avec la Hongrie et à une distance relativement égale des villes de Vienne, Prague et Bucarest, que se trouve la ville d’Oradea, une destination parfaite pour des city-breaks.
Daniel Onea, 04.05.2023, 13:46
C’est dans le nord-ouest de la Roumanie, à seulement quelques kilomètres de la frontière avec la Hongrie et à une distance relativement égale des villes de Vienne, Prague et Bucarest, que se trouve la ville d’Oradea, une destination parfaite pour des city-breaks.
Sans impressionner ni par leur taille étendue, ni pas leur opulence, les immeubles d’Oradea se sont toujours fait remarquer par leur beauté. La plupart de ces bâtiments historiques sont à retrouver place de l’Union au centre-ville. C’est là que se trouve le palais « L’aigle noir », le Palais grec-catholique, le Palais de la mairie et l’Eglise à la Lune. Cette dernière se fait remarquer par un système très précis de présenter les phases de la lune. Sachez aussi que jadis c’était par Oradea que passait le méridien zéro, c’est-à-dire l’actuel méridien de Greenwich. D’ailleurs, les cartes utilisées par Christophe Colomb dans ses voyages étaient rapportés au méridien zéro d’Oradea. Puis, il fut déplacé en France et ensuite à Greenwich.
Pour une incursion dans l’histoire et l’art de la ville, la maison Darvas – La Roche peut s’avérer la meilleure des recommandations. Elle est déjà connue et reconnue en tant que symbole d’Oradea, un élément du patrimoine Art Nouveau et un chef d’œuvre du style sécession géométrique des frères József et László Vágó. Angela Lupșa, directrice exécutive de la fondation de protection des monuments historiques de Bihor, affirme que les deux frères architectes étaient connus au début du 20e siècle pour tout ce qu’ils avaient proposé et construit. « A l’issue d’un ample processus de restauration de 2018 à 2020, la maison Darvas – La Roche a ouvert ses portes durant la pandémie avec un style d’aménagement à part. A l’intérieur, on retrouve des salles entièrement remises à neuf, aménagées d’une manière inédite, puisqu’elles constituent une incursion dans le temps. Le visiteur peut se promener par le salon pour y découvrir les décorations d’un buffet d’époque, joliment décoré et réalisé jusqu’aux moindres détails dans le style de l’époque. L’incursion se poursuit dans les moindres détails, tels les tiroirs qui recèlent certains couverts spécialement conçus pour un certain menu ou encore une théière d’époque. »
Le parcours du touriste par ces espaces se poursuit par un salon des princes, pour découvrir leur passion pour le tabac et d’autres objets utilisés à l’époque. Il assure le passage vers le salon des dames. Angela Lupșa poursuit : « C’est également dans le salon des dames que l’on peut découvrir de petites bouteilles de parfum et d’autres accessoires utilisés en début du siècle pour s’étaler dans la société. Il s’agit d’un espace grâce auquel on peut faire une incursion dans le temps et nous connecter à ce qui se passait dans la société vers 1910. A l’époque, Oradea était déjà parsemée de palais en style Art nouveau et la société osait s’étaler et avoir certaines activités tout à fait inédites pour ces temps-là. L’espace du rez-de-chaussée propose un espace de conférences et d’expositions temporaires. Même cas de figure au sous-sol, où sont organisés des ateliers de création. Au rez-de-chaussée, les visiteurs de cette maison sont accueillis par de nouvelles technologies et par un panneau interactif qui leur présente la ville d’Oradea et le musée. »
S’il existe un salon des messieurs et des dames, il y a également un espace spécial consacré à la mémoire des Juifs déportés de cette maison et envoyés à d’Auschwitz, affirme Angela Lupșa, directrice exécutive de la Fondation de protection des monuments historiques de Bihor. « Il s’agit d’une chambre à coucher qui n’est pas en style art nouveau. Vu qu’elle appartenait aux propriétaires de l’époque, elle a été préservée telle quelle, à la mémoire de ceux qui ne sont jamais rentrés. Il s’agit des propriétaires et commanditaires de l’époque avec un extraordinaire potentiel financier, comme par exemple Imre Darvas, un Juif néologue, qui a souhaité que cette maison soit placée entre deux fronts de rue et que la terrasse de la maison puisse avoir une vue sur la synagogue néologue dont il était membre. Et voilà qu’une visite de cette maison nous oblige à visiter un monument qu’Oradea Héritage, tel que nous sommes connus dans le milieu en ligne, recommande, puisqu’il s’agit d’un autre élément du patrimoine de la ville. Par ailleurs, les enfants auront une surprise au premier étage de la maison Darvas-La Roche : une projection de dix minutes qui leur montrera des éléments du style Art nouveau, de flore et de faune, à travers le rêve d’un enfant qui était traité en tant qu’adulte en début de 20e siècle. Mais les enfants rêvent de voyager à travers des mers et des pays pour devenir princes et princesses. Et c’est justement ces rêves qui sont illustrés dans cette projection, qui est également éducative puisqu’elle présente tout ce le style de la maison Darvas-La Roche d’Oradea que signifie. »
Et c’est également dans le centre-ville que vous trouverez les superbes bâtiments du théâtre d’Etat d’Oradea et de la Philharmonie. C’est ici que durant les soirées de fin de semaine que des spectacles en Roumain et en Hongrois sont organisés pour préserver la tradition culturelle de la ville. Incluse depuis 2012 au réseau européen Art Nouveau aux côtés d’autres villes qui possèdent des immeubles de patrimoine similaires, telles Vienne, Budapest ou Barcelone, Oradea a aussi un agenda culturel particulièrement riche, explique Mariana Negru, guide touristique. « Parmi les festivals les plus importants rappelons Oradea Festifall et le Festival Médiéval. Un des plus importants festivals médiévaux d’Europe, le festival d’Oradea est le premier à proposer en Roumanie une compétition européenne des sports moyenâgeux, confirmant le succès des éditions précédentes. Trois jours durant, la citadelle d’Oradea se transforme en une majestueuse résidence moyenâgeuse, avec ses artisans, ses chevaliers, ses princesses, ses ménétriers et ses jongleurs de feu, le tout dans une ambiance unique. Cet événement est suivi par le festival Art nouveau intitulé « Célèbre un jour, admire une vie ». Ces événements sont la période idéale pour visiter la ville. Tours guidés inédits, projections de films, art de rue, vernissages, le tout est proposé à titre gracieux aux touristes. »
Sachez aussi que de plus en plus de visiteurs choisissent de se rendre à Oradea en avion. A présent des travaux sont en cours au terminal de l’Aéroport International de la ville qui est en train d’être élargi, mais l’activité de l’aéroport n’est pas perturbée. Une raison de plus de vous rendre au plus vite à Oradea. (Trad. Alex Diaconescu)