Les Monts Măcin
Ils feraient partie d’une chaîne montagneuse ancienne, haute de 3000 m, qui traversait l’Europe d’ouest en est. En témoignent les collines de la région de Dobroudja, dans le sud-est de la Roumanie, celles d’Ecosse ou de Bretagne.
Daniel Onea, 03.09.2020, 13:13
Ils feraient partie d’une chaîne montagneuse ancienne, haute de 3000 m, qui traversait l’Europe d’ouest en est. En témoignent les collines de la région de Dobroudja, dans le sud-est de la Roumanie, celles d’Ecosse ou de Bretagne.
Dan Staicu, directeur du Centre d’information et de promotion touristique de Măcin, affirme que c’est là le territoire le plus ancien de Roumanie et que cette chaîne de montagnes date de près de 300 millions d’années: « Ces monts sont la preuve évidente de l’orogénèse hercynienne survenue vers la fin du paléozoïque. Ils ont la forme d’un iceberg et ressemblent à une île montagneuse. Même si leur altitude actuelle très basse ne fait pas penser à des montagnes, ils sont considérés comme les plus anciens de Roumanie. Leur sommet le plus haut, Țuțuiatu, culmine à seulement 467m. La présence des mégalithes, le contraste entre la steppe et la végétation forestière qui s’étend au pied de ces monts expliquent la variété du paysage. Les formes des monolithes érodés par l’action des facteurs naturels charment l’imaginaire. Le voyageur peut opter pour un des douze itinéraires de randonnées. Le plus spectaculaire entre tous est celui qui mène à Pricopan, massif qui date d’il y a 250 millions d’années. On peut admirer les formations granitiques et les rochers, contempler les beaux panoramas sur les Dépressions de Măcin et de Luncavița, sur le Danube et même sur les villes de Galați, Brăila et de Reni. Chemin faisant, le visiteur ne manquera pas d’observer les roches arrondies aux contours bizarres. La plus célèbre et recherchée par les touristes est une roche sculptée par l’eau et le vent, connue sous le nom de Sphinx de Dobroudja. Pareillement au Sphinx des monts Bucegi, la roche a pris la forme d’un profil masculin regardant vers le bas ».
Les trajets touristiques, de difficulté faible et moyenne, peuvent être parcourus en une seule journée.Le plus long compte 12 km et traverse une aire protégée. Celle-ci s’étale sur 11.000 hectares et abrite plus de la moitié des espèces végétales du pays. En effet sur les quelque 3.300 espèces de plantes inventoriées en Roumanie, près de 2.000 se trouvent justement dans les Monts Măcin.
Le Centre d’information touristique Măcin se tient à la disposition des visiteurs venus découvrir la région, précise notre interlocuteur, Dan Staicu : « Nous pouvons aussi recommander des visites guidées, car, en dehors des Monts Măcin, notre région compte nombre d’attractions touristiques. Parmi elles, la cité daco-byzantine d’Ogeția, située sur une ancienne petite île. Sur la rive du Danube, se dresse la cité de Troesmis. Bâtie par les Romains sur l’emplacement d’une vieille cité dace, elle a été mentionnée par le poète Ovide dans ses Pontiques. Troesmis a également servi de garnison à la légion 5 Macédonienne. Un autre endroit à ne pas rater est le lac Iacobdeal, formé dans une ancienne carrière de granit. Il s’étend sur 1 km environ et a une profondeur de 30 m. Près du lac, un camping est en cours d’aménagement. Notre région est également renommée pour ses monastères, dont je mentionnerais celui appelé « Cocoș » / « Le Coq », et un autre connu sous le nom de Saon. Le premier a été fondé en 1883 par trois moines roumains venus du Mont Athos. Le deuxième, érigé pendant l’occupation ottomane abrite un musé et un atelier de peinture religieuse et de tissage de tapis. C’est là qu’on peut trouver des exemplaires de vieux livres en roumain. Enfin, la cave de Terente mérite elle aussi le détour, car on peut y déguster des vins issus du plus vieux vignoble de Dobroudja. »
Un autre atout de la Dobroudja est sa richesse multiculturelle. Les communautés ethniques qui vivent dans cette contrée (turque, tatare, grecque arménienne ou juive) sont un exemple de cohabitation harmonieuse. Elles ont apporté leur pierre à la prospérité des lieux et laissé leur empreinte, y compris dans la gastronomie, précise Dan Staicu: « La présence des montagnes, mais aussi du Danube, rend notre cuisine très intéressante. Les baklava, la bouillabaisse, le pastrami de chèvre ou de mouton préparé selon une recette locale sont spécifiques à notre région».
Si vous souhaitez passer quelques jours dans cette contrée, vous devez faire les réservations en avance, car les pensions touristiques n’y sont pas nombreuses. Dan Staicu : « Les saisons les plus appropriées pour un tel séjour sont le printemps et l’automne. En été, il fait très chaud et il y a peu de sources le long des trajets touristiques. Côté hébergement, sachez que vous pouvez loger dans un gîte rural à Măcin, où deux autres pensions vont être construites. Dans la commune de Greci, située à l’entrée du Parc national des Monts Măcin, il y a deux pensions agro-touristiques, tandis que trois autres attendent leurs hôtes dans la localité de Luncavița. Toutes ont une capacité d’hébergement assez limitée, soit environ quatre chambres. Sachez qu’à Luncavița, on trouve encore des maîtres artisans qui travaillent l’argile et le roseau. On les trouve à l’œuvre au Centre d’information touristique de la commune ».
Les Monts Măcin abritent plus d’un millier d’espèces de papillons, 37 espèces d’oiseaux de proie protégées à l’échelle nationale et une grande variété d’écosystèmes : steppe, rochers, forêts humides ou semi-humides, forêts de hêtres. Voilà pour les atouts touristiques de la région des Monts Măcin, où vous pouvez passer un séjour inoubliable. (Trad. Mariana Tudose)