La saison est ouverte à Mamaia
C’est aussi l’endroit où l’on rencontre les meilleurs DJ, qui animent des soirées se prolongeant jusqu’au petit matin, dans des clubs qui n’ont rien à envier aux meilleures boîtes d’Ibiza ou de la côte d’Azur. Mais Mamaia est aussi le point de départ pour des excursions d’une journée dans le Delta du Danube, dans la région de Dobroudja, alors que son parc aquatique ne laisse personne indifférent.
Daniel Onea, 14.06.2018, 13:26
C’est aussi l’endroit où l’on rencontre les meilleurs DJ, qui animent des soirées se prolongeant jusqu’au petit matin, dans des clubs qui n’ont rien à envier aux meilleures boîtes d’Ibiza ou de la côte d’Azur. Mais Mamaia est aussi le point de départ pour des excursions d’une journée dans le Delta du Danube, dans la région de Dobroudja, alors que son parc aquatique ne laisse personne indifférent.
C’est que Mamaia a une longue tradition touristique. Il y a 112 ans, en 1906, s’ouvrait la première saison estivale. En 1905 furent jetées les bases de ce qu’allait devenir la perle blanche de la mer Noire.
Răzvan Victor Pantelimon, enseignant à la Faculté d’Histoire et des Sciences politiques de l’Université Ovide de Constanta nous plonge dans l’histoire fascinante de cette ville aux accents particuliers : « Mamaia est le résultat de l’initiative d’une poignée de visionnaires. D’abord, il y a eu le célèbre ingénieur Anghel Saligny auquel on doit la construction de toute une série d’édifices et la réalisation de travaux d’infrastructure, dont notamment le fameux pont qui traverse le Danube, et qui est encore utilisé de nos jours. Puis, suite aux travaux d’agrandissement du port de Constanta, il a eu l’idée de construire une ville d’eau, une ville de plaisance comme on l’appelait à l’époque, près de la ville de Constanta. Un autre visionnaire, qui a endossé un rôle très important dans la mise sur les rails du projet, a été le maire de Constanta de l’époque, Ion Bănescu. Il a eu un très bref mandat, de seulement deux ans, entre 1905 et 1907. Mais le Conseil communal a approuvé en 1905 l’acquisition d’une concession d’un terrain plutôt étendu au Nord de la ville sur lequel se trouvait un village de pêcheurs. C’est de ce petit village qu’est partie ensuite la construction de Mamaia. »
Dès le départ, la ville de plaisance s’est résolument tournée vers l’international. Les plans paysagers et les plans d’urbanisme appartiennent ainsi à Edouard Redont, un architecte français qui transforme les plages en autant de parcs.
Răzvan Victor Pantelimon. « La première carte de Mamaia a été dessinée en France, au mois de décembre 1905, par le service Architecture et paysagisme de la municipalité de Paris. Début 1906, toujours en France et toujours à Paris sont tirés 1.000 exemplaires des photos des plages de Mamaia. L’inauguration officielle de la ville a lieu au mois d’août 1906, lorsque deux rames de train en partance de Constanta parcourent les 8 Km qui séparent les deux villes et arrivent en gare de Mamaia. Le succès ne s’est pas fait attendre. Les statistiques enregistrent déjà plus de 45.000 villégiaturistes quelques mois plus tard. C’est un franc succès car, à l’époque, pour remettre les choses dans leur contexte, Constanta ne comptait que 12.000 habitants. »
Au fil des époques, la station a connu des périodes de regrès. La première, au moment de la Grande Guerre et dans la période immédiatement ultérieure.
Răzvan Victor Pantelimon remémore. « Le recul s’est poursuivi jusqu’au début des années 20, lorsque l’on recommence à y investir. Le palais royal de Mamaia est érigé dans les années 30, selon les plans d’un architecte italien, Mario Stoppa. Les années 30 sont une période faste. Le casino, le premier grand hôtel, le Rex, apparaissent. En 1934, la station accueillait 12.000 visiteurs en provenance des pays voisins : la Pologne, la Hongrie, la Tchécoslovaquie. Ultérieurement, pendant la deuxième guerre mondiale et dans les années 50, la station vivote. Dès les années 60, sous l’impulsion d’une nouvelle politique de développement, Mamaia revit à nouveau. Miguel Angel Asturias, lauréat du prix Nobel, la fait connaître au monde entier en 1968, la comparant à n’importe quelle autre station de la Côte d’Azur, de la rivière italienne ou des plages de Floride. Après la chute du communisme, dans les années 90, les choses empirent à nouveau, suite aux bouleversements que la société roumaine est en train de traverser en période de transition. Enfin, la renaissance est à nouveau au rendez-vous à partir des années 2000. »
Ştefan Necula, directeur d’un tour-opérateur local le confirme : « Nous avons réussi à satisfaire les exigences d’une clientèle variée, depuis les offres tout compris jusqu’aux amoureux des boutique hôtels. Je suis prêt à parier que Mamaia deviendra sous peu une destination à la mode pour les touristes étrangers. Les festivals commencent à s’organiser avec régularité et attirent un nombre toujours croissant d’amateurs. Tel Neversea, l’un des festivals les plus importants de musique d’Europe de l’Est. Puis, on compte sur les excursions proposées en partant de Mamaia et sur les paquets touristiques pour satisfaire une clientèle qui ne se contente pas de se prélasser sur les transats, mais veut s’immerger dans la culture locale ».
A l’exception d’autres destinations à la mode, Mamaia n’est pas exclusiviste. Ştefan Necula l’explique « Les tarifs diffèrent forcément. L’on compte des hôtels deux étoiles, pour des budgets plus réduits, mais aussi quatre ou cinq étoiles, avec des prix et bien évidemment un confort et des services sur mesure. Quoi qu’il en soit, le rapport qualité prix est plus que compétitif rapporté à l’offre européenne. Et les touristes apprécient. Cela marche très bien, déjà lors des mini vacances du 1er mai. Des touristes anglais, allemands, italiens débarquent en masse, souvent accompagnés de leurs amis roumains. On les attend les bras ouverts »
C’est que le présent de Mamaia ne fait pas honte à son passé. Et les touristes qui s’y lancent une fois sont toujours prêts à y retourner. (Trad. Ionut Jugureanu)