Culture et religion dans le comté de Vâlcea
Emilian Lovişteanul, évêque vicaire de lArchevêché de Râmnic, les appelait joyaux de la culture et de lhistoire roumaines. Nous vous proposons de visiter le monastère Dintr-un Lemn – « dun seul bois », puis de franchir le seuil dun autre lieu de culte, qui figure depuis 1995 sur la liste du patrimoine de lUNESCO. Il sagit du monastère de Hurez, où nous aurons pour guide soeur Ecaterina.
Daniel Onea, 16.07.2015, 13:35
Emilian Lovişteanul, évêque vicaire de lArchevêché de Râmnic, les appelait joyaux de la culture et de lhistoire roumaines. Nous vous proposons de visiter le monastère Dintr-un Lemn – « dun seul bois », puis de franchir le seuil dun autre lieu de culte, qui figure depuis 1995 sur la liste du patrimoine de lUNESCO. Il sagit du monastère de Hurez, où nous aurons pour guide soeur Ecaterina.
Selon lévêque vicaire de lArchevêché de Râmnic, visiter les monastères de Vâlcea cest non seulement simprégner des valeurs spirituelles et culturelles roumaines, mais aussi et surtout tourner quelques pages dhistoire locale. Lhistoire de ces bâtiments cultuels est étroitement liée au règne de plusieurs princes de lancienne province historique de Valachie. Emilian Lovişteanul : « Cette éparchie très ancienne de la contrée dOlténie date de plus de cinq siècles. Les hiérarques qui y prêchaient la parole de Dieu prenaient soin de lâme de tous les fidèles habitant cette région de Roumanie. LArchevêché de Râmnic compte 34 monastères et 320 paroisses. Certaines églises de ces monastères et paroisses, vieilles de plusieurs centaines dannées, sont classées monuments historiques. Leurs fresques intérieures et extérieures illustrent aussi bien la riche tradition culturelle, que le talent des Roumains en matière darchitecture et de peinture religieuses et lheureux mélange entre les styles byzantin et occidental. Le Monastère de Cozia, construit par les soins du voïvode Mircea le Vieux, compte pour le lieu de culte le plus ancien de Valachie. Cette véritable oasis de monachisme et de spiritualité orthodoxe a bien survécu au temps. Tout visiteur roumain ou étranger désireux de découvrir nos traditions, notre culture et notre foi est le bienvenu à Vâlcea. »
La liste des monuments historiques et religieux continue avec létablissement monacal dOstrov, fondé au début du XVIe siècle par le prince valaque Neagoe Basarab (1512 – 1521). Viennent ensuite les monastères de Govora et celui dit « d‘un seul bois », construits par les soins du voïvode Matei Basarab, qui régna en Valachie de 1632 à 1654. Enfin, le plus beau de tous ces établissements religieux est le monastère de Hurez, que nous devons à Constantin Brâncovan (1688 – 1714), voïvode martyr, qui fut dailleurs sanctifié par lEglise orthodoxe roumaine. Cest toujours par ses soins que les monastères de Govora, Cozia, et celui dun seul bois ont subi des travaux de conservation et dembellissement.
Soeur Tecla guide les visiteurs au Monastère « dun seul bois ». Cest elle qui nous a appris que cet établissement monacal a vu le jour au début du XVIe siècle, en même temps que la petite église éponyme. Jadis, il ny a avait là quun bois de chênes séculaires, au milieu duquel un ermite menait une vie de prière et dascèse: « Cest lui qui découvrit licône miraculeuse de la Sainte Vierge, cachée dans le creux dun chêne séculaire. A en croire la légende, ce chêne était le plus grand de la forêt. Il fallait 6 ou 7 personnes les bras largement ouverts pour lentourer. De son tronc, lermite et les villageois des parages bâtirent une petite église en bois et y placèrent licône. Cest ce qui explique le nom du Monastère « dun seul bois ». Pour la table de lautel, on aurait utilisé le tronc du chêne abritant l‘icône miraculeuse. »
Même si elle respecte larchitecture orthodoxe classique, la petite église dun seul bois manque de tours, car le bois du chêne na pas suffi. Principale attraction de léglise, licône miraculeuse est peinte sur les deux côtés dun morceau de bois de cyprès. Sur une face on voit la Vierge à lenfant, sur lautre est peint le Jugement Dernier. On ignore qui en est lauteur, précise soeur Tecla : « Certains experts estiment que licône date du IVe siècle et quelle serait une copie de celle due à Saint Luc. Selon dautres, elle remonterait au XIIIe-XIVe siècles et elle aurait été apportée de la zone de Constantinople. Enfin, dautres experts considèrent quelle a été créée au XVIe siècle et quelle proviendrait de Macédoine. Quoi quil en soit, une chose est certaine: cest la Mère de Dieu qui a voulu quune église soit bâtie en ces lieux et quelle lui soit dédiée. Il se peut que des moines pèlerins venant de Grèce ou de Constantinople aient emporté avec eux licône quils auraient cachée dans le creux dun chêne. Impressionnante par ses dimensions – elle mesure 160 cm de long et 120 de large – cette icône est unique en Roumanie surtout par sa valeur. »
Soeur Ecaterina nous parle du monastère de Hurez, fondé par le voïvode martyr Constantin Brancovan: « Comme cétait le premier monastère fondé par ce prince, il voulait faire quelque chose de remarquable. Il y créa, à cet effet, une école de peinture, de sculpture et darchitecture et jeta les bases du style brancovan, une Renaissance à la roumaine. Constantin Brâncovan était également réputé pour ses richesses, qui lui avaient dailleurs valu le surnom de Prince de lor. Durant son règne, il a fait construire nombre de monastères et déglises, mais aussi des palais, des écoles et des hôpitaux. Entre toutes ces constructions, le monastère de Hurez est la seule à sêtre maintenue intacte. En outre, il constitue le plus grand ensemble dart brancovan, car, à lextérieur de ses murs denceinte, jusquà près dun km plus loin, on peut admirer quatre ermitages, orientés aux quatre points cardinaux. Datés des années 1700, ils témoignent du même style brancovan. Hurez est construit sur le modèle des monastères du Mont Athos, cest à dire comme un cloître. Les édifices situés à lintérieur de lenceinte ont été restaurés après 1960, en conservant leur architecture initiale, avec les piliers reliés par des arcades et le plafond voûté. »
Nombreux sont les touristes venus de létranger pour visiter le monastère de Hurez, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de lUNESCO. Depuis 300 ans déjà, ses portes sont ouvertes aux pèlerins, qui peuvent participer aux offices du jour. (trad. Mariana Tudose)