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Témoignages de survivants d’Auschwitz

Pour les Juifs européens, le camp d’Auschwitz-Birkenau a signifié leur extermination systématique à travers un programme imaginé par lidéologie nazie. Le nombre des prisonniers tuées dans cette « fabrique de la mort » est estimé à 1 million — 1 million et demi de personnes. A commencer par le printemps 1944, les autorités hongroises ont envoyé à Auschwitz 150.000 Juifs de la Transylvanie du Nord. Pour marquer les 70 ans écoulés depuis la libération du camp, le 27 janvier 1945, nous avons puisé dans les archives de la Radio roumaine quelques témoignages de survivants de cet enfer.

Témoignages de survivants d’Auschwitz
Témoignages de survivants d’Auschwitz

, 26.01.2015, 13:46

Pour les Juifs européens, le camp d’Auschwitz-Birkenau a signifié leur extermination systématique à travers un programme imaginé par lidéologie nazie. Le nombre des prisonniers tuées dans cette « fabrique de la mort » est estimé à 1 million — 1 million et demi de personnes. A commencer par le printemps 1944, les autorités hongroises ont envoyé à Auschwitz 150.000 Juifs de la Transylvanie du Nord. Pour marquer les 70 ans écoulés depuis la libération du camp, le 27 janvier 1945, nous avons puisé dans les archives de la Radio roumaine quelques témoignages de survivants de cet enfer.



Eva Berger de Cluj a été internée avec sa mère dans une dizaine de camps de travaux forcés. Elle est restée à Auschwitz 3 jours seulement, mais cela lui a suffi pour comprendre ce qui s’y passait. L’enregistrement date de 1966.



Eva Berger: « La droite c’était la vie, la gauche c’était la mort ! J’y fus envoyée avec ma mère, mais ils ne nous ont pas attachées par les mains, bien que nous nous ressemblions. Peut-être qu’ils ne se sont pas rendu compte que nous étions mère et fille et nous ont placées du côté droit. Nous ne savions pas ce que cela signifiait. Les autres membres de notre famille ont été envoyés du côté gauche — car nous avions des tantes, des cousins avec des enfants en bas âge, des personnes qui ne pouvaient pas servir à quelque chose et quil fallait donc exterminer. Je me suis aperçue — et je l’ai même dit à ma mère — que l’on n’y entendait aucun oiseau chanter. Il y avait là une espèce de forêt. C’était en mai-juin, pourtant il n’y avait aucun oiseau. Qu’est-ce que c’était que cette forêt où les oiseaux ne chantaient pas ? Je me suis rendu compte, plus tard, que les chambres à gaz se trouvaient là et que probablement le vent y amenait du gaz et de la fumée et les animaux et les oiseaux ne pouvaient pas y vivre. Un peu plus tard, j’ai vu aussi mon père, qu’ils ont placé du côté gauche, c’est-à-dire avec ceux qui allaient être gazés. Les Allemands ne cessaient de nous répéter : « Allez-y tranquillement. Les vieux et les enfants seront séparés des autres, c’est mieux ainsi. » Nous avons franchi ce portail sur lequel il était écrit « Arbeit macht frei » – Le travail rend libre — et je me suis dit que cela devait être une bonne chose. Nous travaillions et donc, si nous travaillions, nous allions être libres. On nous a fait entrer dans une dans baraque où on nous a coupé les cheveux ; après, je n’ai plus reconnu ma mère. Elle était tout près de moi, mais je la reconnaissais uniquement au son de sa voix car, sans cheveux, elle ressemblait à un homme. Nous nous sommes tenues par la main pour ne pas être séparées lune de lautre. J’ai eu la chance de ne rester que 3 jours à Auschwitz, au bout desquels j’ai échappé à la misère, à la famine et à toute cette horreur que je ne saurais décrire. »



En mai 1944, Mauriţiu Sabovici de Sighetu Marmaţiei a été envoyé au ghetto de Vişeu, suite à l’occupation de la Transylvanie du Nord par l’armée de la Hongrie de Horty. En 1997, il racontait son quotidien à Auschwitz. Jeune serrurier qualifié, il avait travaillé dans une fabrique à l’extérieur du camp.



Mauriţiu Sabovici: « La journée dans le camp de concentration commençait vers 5 heures du matin quand le gong du réveil se faisait entendre. Très vite, on passait aux lavabos et on allait prendre un petit déjeuner composé de 100 grammes de pain, dun peu de margarine et du thé ou du café. A six heures, c’était le départ pour Gleiwitz, car la fabrique se trouvait au bout d’un kilomètre ou deux de marche. On avançait par groupes et on tentait de trouver une place au milieu pour éviter à encaisser les coups des gardiens. Une fois arrivés à la fabrique, les officiers SS restaient dehors pour nous empêcher de nous enfuir et c’était aux Kapos de nous rouer de coups. Ceux-ci étaient des prisonniers allemands communistes auxquels les officiers nazis faisaient confiance et qu’ils chargeaient de nous surveiller. Parmi les Kapos, il y avait aussi des Juifs polonais qui nous traitaient très mal. Peu importait qu’on était des Juifs comme eux; ils nous en voulaient pour être arrivés dans le camp en ‘44 et non pas en ‘39, comme eux. Ils nous reprochaient d’être venus trop tard, quand le front s’écroulait déjà. Ils préféraient nous rendre la vie amère au lieu de nous aider un peu. On travaillait toute la journée pour échapper à leurs coups. »



L’électricien Otto Sharudi de Baia Mare nous racontait en 1997 des histoires similaires à celles vécues par d’autres rescapés. C’était en juin 1944 que les Juifs de Baia Mare ont été ramassés dans un ghetto avant d’être embarqués dans des trains à destination d’Auschwitz.



Otto Sharudi: « Le train nous a déposés à Birkenau où se trouvait le camp d’extermination. Là, il y avait aussi pas mal de Tziganes et je me rappelle que même nos commandants étaient Tziganes. Nous, on était presque un millier de personnes enfermées dans des granges, obligées à sortir le plus vite possible par une porte minuscule pour l’appel du matin. On nous faisait avancer à coups de bâton. C’est dans cette grange qu’on a passé une semaine ou deux avant que les officiers SS débarquent sur place pour chercher parmi nous des maçons, des mécaniciens et des électriciens. On s’est vu attribuer un numéro, le mien était 13034, avant de nous conduire six kilomètres plus loin, dans le camp d’Auschwitz. On était 16 électriciens au total et on a été emmené dans un atelier. C’était un grand atelier avec des piliers sur lesquels on devait grimper pour tirer les câbles électriques. Quant à moi, je me souviens davoir été obligé à vérifier la clôture électrique. »



Très peu didéologies ont réussi à mettre dans un seul mot a substance même du crime comme l’a fait le nazisme. Même de nous jours, le mot Auschwitz donne des frissons dans le dos à tout être humain rationnel. (Aut.: Steliu Lambru; Trad.: Ioana Stăncescu, Dominique)

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