RRI Live!

Écoutez Radio Roumanie Internationale en direct

Tchernobyl : 35 ans depuis la catastrophe nucléaire

Tchernobyl : 35 ans depuis la catastrophe nucléaire
Tchernobyl : 35 ans depuis la catastrophe nucléaire

, 10.05.2021, 12:11

Il est vrai que l’accident
avait eu lieu une semaine auparavant, le 26 avril 1986, et au sujet duquel la
communication officielle soviétique ne fera qu’une brève mention deux jours
plus tard, le 28 avril, sans donner plus de détails. L’événement allait être
répertorié comme la plus grande catastrophe nucléaire civile : la catastrophe
nucléaire de Tchernobyl.








L’ampleur du choc de cette nouvelle allait
être encore atténuée les jours suivants, par les informations livrées au
compte-gouttes, à cause de la confusion et des imprécisions des nouvelles données
par les autorités. Et enfin, en raison des ponts et des préparatifs de Pâques,
fête religieuse dignement honorée dans nos contrées. Qui plus est, le 7 mai
suivant, donc juste après les Pâques, l’équipe favorite des tifosi roumains, Steaua
Bucarest, allait se mesurer à la championne d’Espagne, le FC Barcelone, en
finale de la Coupe d’Europe des clubs champions de football. Raison de plus
pour les autorités de détourner l’attention du public de l’accident qui venait
d’avoir lieu dans le pays encore phare du communisme : l’Union Soviétique.








Aujourd’hui,
35 ans plus tard, les détails techniques et les conséquences humaines et
matérielles de l’accident de Tchernobyl sont bien connus. Mais pour analyser la
stratégie de communication, ou plutôt de non-communication du régime de Bucarest,
nous avons invité sur nos ondes Ioan Stanomir, professeur à la Faculté des
Sciences politiques de l’Université de Bucarest : « La propension
au secret du régime communiste avait quelque peu lâché du lest depuis l’arrivée
au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev en URSS. Mais l’Union Soviétique se trouvait dans
une situation particulièrement délicate, et d’aucuns ont pu le constater à d’autres
occasions encore dans l’histoire : tenter de réformer un système
vulnérable peut avoir pour effet d’accentuer sa vulnérabilité. Or, pour l’Union
Soviétique, qui s’était drapée de ses exploits technologiques, reconnaître l’ampleur
de la catastrophe nucléaire revenait à reconnaître de fait sa faillite, à la
fois économique, scientifique et politique. »








En ce sens, le régime de Bucarest n’avait
fait qu’emboîter le pas du grand frère soviétique. Les autorités roumaines ont
suivi l’évolution de la catastrophe et de la stratégie de communication adoptée
à Moscou, et n’ont informé que tardivement la population, une semaine pratiquement
jour pour jour après l’explosion de Tchernobyl. Pourquoi si tard, et pourquoi Ceauşescu
s’était-il montré aussi prévenant à l’égard des autorités soviétiques, alors qu’il
s’érigeait en une sorte de leader dissident de Moscou ?






Ioan
Statomir explique : « Mettons que Ceauşescu était antisoviétique.
Mais Ceauşescu était d’abord et avant tout un stalinien pur et dur, et tout
stalinien comprend que la vérité, la transparence risque de faire voler le
régime en éclats, de le faire imploser. Il se méfiait d’emblée de la vérité,
Ceauşescu adorait le secret. Et les Soviétiques ne faisaient que conforter ses
penchants. A quoi bon la transparence ? Il fallait coûte que coûte minimiser
l’ampleur de la catastrophe. Certes, Ceauşescu choyait parfois son image de
Robin des Bois du Pacte de Varsovie. Mais il était un Robin des Bois factice, à
l’autonomie limitée, et conditionnée par Moscou. Et, surtout dans les
moments délicats, il s’avérait être un Robin des Bois extrêmement sage, se
gardant bien de mettre en doute la prééminence soviétique. »









Par ailleurs, la Roumanie menait de front son propre programme
nucléaire, entamé à la fin des années ’70, et matérialisé dans la mise sur pied
de la centrale nucléaire de Cernavodă, mais dont la technologie était d’origine
franco-canadienne, et qui satisfaisait aux règles les plus exigeantes en
matière de sécurité de l’époque. Ioan Stanomir : « Notre programme nucléaire
n’avait pas été conçu en collaboration avec les Soviétiques. C’était à cause,
ou plutôt grâce au caractère mégalomaniaque de Ceauşescu. Il y avait
probablement des doutes quant à la fiabilité des centrales nucléaires soviétiques.
Quant à lui, il voulait aussi s’affirmer, montrer sa puissance, son autonomie, ses
particularismes au sein du bloc communiste. Il a donc choisi une filière
occidentale pour mettre sur pied le programme nucléaire civil roumain. En face,
si vous regardez la centrale nucléaire de Kozlodouy, en Bulgarie, il s’agit d’une
centrale soviétique à 100 %. »







Mais quelles ont été retombées au plan politique de la tragédie
de Tchernobyl ? Ioan Stanomir précise : « Dans les années ’80, les
choses allaient si mal en Roumanie qu’il était difficile de susciter encore l’intérêt
ou l’étonnement des gens, tous victimes d’une sorte de dépression collective. L’Etat
communiste avait pris un minimum de mesures, sans plus. Les gens ont fait appel
à leur capacité de résilience, déjà rudement malmenée par l’état de
paupérisation rampante, et par l’absence d’espoir. Mais au niveau du bloc communiste,
la catastrophe de Tchernobyl n’a fait qu’accentuer le sentiment généralisé qui
voulait que l’empire soviétique soit assimilé à la force brute et au retard
économique. Ces qualités ne semblaient pas pouvoir lui assurer le maintien de
son autorité, en l’absence de la contrainte. »







Quels enseignements pourrait-on tirer toutefois
aujourd’hui, 35 ans après la tragédie ? Ioan Stanomir : « Une chose est sûre : cette tragédie
a fait la preuve du courage et du dévouement de ceux qui se sont battus et ont
sacrifié leur vie pour mettre fin à cet incendie terrifiant. C’est à leur
courage et à leur esprit de sacrifice que nous devons notre reconnaissance,
pour avoir réussi à sauver ce qu’il était encore possible de sauver. Ce n’est
certainement pas aux autorités soviétiques que l’on doit quoi que ce soit. Et
puis, de nos jours, on peut regarder des vidéos filmées à l’intérieur de l’aire
d’exclusion. L’on voit la nature qui a repris ses droits, les animaux qui ont
repeuplé la zone, les loups, les renards, les chevaux sauvages, ce monde qui
vit comme si l’homme n’avait jamais existé dans ces contrées. Une image tarkovskienne,
une image inspirée des films d’Andreï Tarkovski, tel son « Stalker ».
Pratiquement, on se retrouve au bout de l’utopie. L’homme a disparu et, derrière
lui, survit une nature lointaine, qui ignore tout de lui, jusqu’à son passage
sur terre. »






La leçon de la catastrophe de Tchernobyl est tant celle de l’action
insensée de l’homme que celle de la réfection, de l’espoir, mais d’un espoir en
sursis. (Trad. Ionut Jugureanu)

Из истории женской прессы Румынии
Pro Memoria lundi, 25 novembre 2024

Le sort des prisonniers soviétiques en Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale

La Bessarabie, un territoire roumain perdu   Pour tenter de récupérer la Bessarabie occupée par l’Union soviétique à la suite d’un...

Le sort des prisonniers soviétiques en Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale
banner-Pro-Memoria.-960x540-2
Pro Memoria lundi, 18 novembre 2024

L’exil du prince Nicolas de Roumanie

 Nicolas, frère cade du futur roi Carol II   Né le 18 août 1903 à Sinaia, dans la résidence d’été des souverains roumains, le frère...

L’exil du prince Nicolas de Roumanie
banner-Pro-Memoria.-960x540-2
Pro Memoria lundi, 11 novembre 2024

La présence des statères dans la province de Dobroudja

Des monnaies de l’Antiquité   Le statère est un terme générique qui désigne en numismatique diverses monnaies en or ou en argent...

La présence des statères dans la province de Dobroudja
L’officiel du parti communiste roumain, le journal Scânteia /L’étincelle
Pro Memoria lundi, 04 novembre 2024

L’officiel du parti communiste roumain, le journal Scânteia /L’étincelle

La presse à l’époque communiste   Si la liberté de la presse était garantie depuis 1789 par l’article 11 de la Déclaration des...

L’officiel du parti communiste roumain, le journal Scânteia /L’étincelle
Pro Memoria lundi, 28 octobre 2024

La Sécuritate et le KGB en divorce

  Le général Neagu Cosma, ancien chef de la direction de contrespionnage de la Securitate, racontait dans une interview de 2002, conservé par...

La Sécuritate et le KGB en divorce
Pro Memoria lundi, 21 octobre 2024

Le destin du responsable communiste Vasile Luca

Occupés vers la fin de la Seconde Guerre mondiale par l’Armée rouge, les Etats d’Europe centrale et de l’Est se sont progressivement vus mis...

Le destin du responsable communiste Vasile Luca
Pro Memoria lundi, 14 octobre 2024

Le parti communiste et la réforme agraire en Roumanie

La propriété privée, démonisée par les communistes   Selon les thèses de Marx, il fallait bien que dans un Etat communiste la propriété...

Le parti communiste et la réforme agraire en Roumanie
Pro Memoria lundi, 07 octobre 2024

La flotte militaire roumaine durant la Seconde Guerre mondiale

L’histoire de la flotte militaire roumaine démarre au milieu du 19e siècle   L’histoire de la flotte militaire roumaine démarre au milieu...

La flotte militaire roumaine durant la Seconde Guerre mondiale

Partenaire

Muzeul Național al Țăranului Român Muzeul Național al Țăranului Român
Liga Studentilor Romani din Strainatate - LSRS Liga Studentilor Romani din Strainatate - LSRS
Modernism | The Leading Romanian Art Magazine Online Modernism | The Leading Romanian Art Magazine Online
Institului European din România Institului European din România
Institutul Francez din România – Bucureşti Institutul Francez din România – Bucureşti
Muzeul Național de Artă al României Muzeul Național de Artă al României
Le petit Journal Le petit Journal
Radio Prague International Radio Prague International
Muzeul Național de Istorie a României Muzeul Național de Istorie a României
ARCUB ARCUB
Radio Canada International Radio Canada International
Muzeul Național al Satului „Dimitrie Gusti” Muzeul Național al Satului „Dimitrie Gusti”
SWI swissinfo.ch SWI swissinfo.ch
UBB Radio ONLINE UBB Radio ONLINE
Strona główna - English Section - polskieradio.pl Strona główna - English Section - polskieradio.pl
creart - Centrul de Creație Artă și Tradiție al Municipiului Bucuresti creart - Centrul de Creație Artă și Tradiție al Municipiului Bucuresti
italradio italradio
Institutul Confucius Institutul Confucius
BUCPRESS - știri din Cernăuți BUCPRESS - știri din Cernăuți

Affiliations

Euranet Plus Euranet Plus
AIB | the trade association for international broadcasters AIB | the trade association for international broadcasters
Digital Radio Mondiale Digital Radio Mondiale
News and current affairs from Germany and around the world News and current affairs from Germany and around the world
Comunità radiotelevisiva italofona Comunità radiotelevisiva italofona

Diffuseurs

RADIOCOM RADIOCOM
Zeno Media - The Everything Audio Company Zeno Media - The Everything Audio Company