Radio NOREA
Les débuts de Radio NOREA se situent en Norvège, pays dont la population est prépondérante luthérienne. L'endroit choisit pour établir la rédaction a été Monte-Carlo, à Monaco, à l'autre bout de l'Europe. Plus tard, la station de radio ouvrira une antenne au Danemark, où elle construit ses premiers studios d'enregistrement.
Steliu Lambru, 22.07.2024, 11:33
Entre 1945 et 1990, la langue roumaine était diffusée à la radio non seulement depuis Bucarest, mais aussi depuis l’étranger. Les radios d’Europe occidentale qui diffusaient des émissions en langue roumaine tentaient d’atteindre le public roumain, contournant ainsi la censure imposée par le régime communiste à la presse diffusée à l’intérieur des frontières roumaines. Une telle station radio a été NOREA, appartenant à l’Association nordique de la radio évangélique et qui, à partir de 1971, disposera d’une section roumaine. Une section fondée par l’effort d’un seul homme, le pasteur Duțu Moscovici, journaliste à ses heures perdues.
Les débuts de Radio NOREA se situent en Norvège, pays dont la population est prépondérante luthérienne. L’endroit choisit pour établir la rédaction a été Monte-Carlo, à Monaco, à l’autre bout de l’Europe. Plus tard, la station de radio ouvrira une antenne au Danemark, où elle construit ses premiers studios d’enregistrement. En 2000, le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine a enregistré une interview du pasteur Duțu Moscovici, dans laquelle il rappelle les débuts de sa nouvelle carrière de journaliste radio :
« J’étais un beau jour avec ma femme dans la ville de Lübeck en Allemagne, dans une église bien connue. Et, pendant que nous admirions un tableau, quelqu’un s’est approché de nous et m’a demandé si j’étais le pasteur Moscovici de Roumanie. Je lui ai confirmé, c’était un type que je connaissais de renom, un pasteur hongrois. A l’époque, il réalisait des émissions pour la radio NOREA en hongrois, à Oslo. C’est lui qui me lança l’idée d’ouvrir une section roumaine pour cette station de radio. Je lui ai dit que j’y réfléchirais et, au bout d’un moment, je m’y suis lancé. »
Les débuts de l’émission en langue roumaine
Duțu Moscovici commence par travailler comme rédacteur en langue roumaine aux studios NOREA d’Oslo. Les Danois, partisans du projet, construisirent des studios au Danemark, et le service roumain trouva sa place dans ce nouveau lieu. Le pasteur-journaliste se rendait une fois par mois depuis Hambourg, où il vivait, dans les studios danois de NOREA pour enregistrer les émissions qui allaient être diffusées pendant le mois qui s’en suivait. Les bandes enregistrées étaient envoyées ensuite par courrier à Monte-Carlo, et il les écoutait depuis Hambourg au moment de la diffusion, pour s’assurer que les enregistrements suivaient bien le planning établi. Au début, l’émission en roumain de Radio NOREA était hebdomadaire, diffusée tous les vendredis, pendant 15 minutes. Plus tard, sa durée passa à 30 minutes, et les jours de diffusion changèrent. Dorénavant, l’émission en langue roumaine de radio NOREA allait pouvoir être entendue tous les samedis et dimanches à 18h30, heure de Bucarest.
Duțu Moscovici se rappelle le contenu de ses émissions :
« Le texte avec lequel je lançais la transmission était inchangé et c’était, je me souviens encore : « De Radio Transmondial de Monte Carlo, écoutez le programme évangélique Radio NOREA en roumain ». S’en suivait une brève séquence musicale en allemand, Dieu Tout-puissant, cette mélodie traditionnelle de l’Église luthérienne du monde entier. Je faisais ensuite une brève présentation du programme à venir, qui comprenait une étude biblique, ensuite la lecture d’un texte de la Bible ou encore la biographie d’un missionnaire. Le cœur du programme était sans aucun doute la présentation d’un texte biblique. Il pouvait y avoir aussi une citation d’un penseur célèbre, Blaise Pascal par exemple. Quelquefois, nos studios accueillaient un invité de marque. J’ai eu ainsi l’honneur d’accueillir à mon micro les évêques d’Oslo qui se sont succédés pendant 30 ans. Une autre fois, j’avais accueilli le Premier ministre norvégien de l’époque. »
Une liberté d’expression non négligeable
Duțu Moscovici disposait semblait-il d’une totale liberté dans la conception de ses programmes et de leur contenu :
« Je disposais d’une totale liberté. Il n’y avait qu’une seule condition cependant : ne pas nous mêler des affaires politiques et ne pas se montrer critique à l’égard des autres confessions religieuses. Il fallait s’en tenir exclusivement à ce que nous appelons en langage pieux la prédication de l’Évangile. Et la rédaction roumaine était composée par un seul homme, moi-même. Et soyez assuré que personne ne me dictait rien, personne ne contrôlait rien. C’était une question de confiance. »
A la question de savoir comment la rédaction roumaine de Radio NOREA se mettait en lien avec ses auditeurs roumains, Dutu Moscovici répond :
« À un moment donné, il y a eu la question des lettres des auditeurs. Il fut un temps où ces lettres, si elles étaient adressées à la station de radio NOREA, risquaient d’être arrêtées par la censure roumaine, et leurs auteurs risquaient de se voir poursuivre. Nous avions alors éliminé le mot « radio » de notre adresse, conservant uniquement NOREA pour destinataire. Je disais « si vous voulez nous écrire, vous pouvez contacter NOREA », suivait ensuite la lecture de l’adresse de la rédaction danoise. »
La rédaction roumaine de Radio NOREA a rempli la noble mission de diffuser les principes et les valeurs chrétiennes et de maintenir l’espoir dans la période trouble de la dictature communiste. Et pour ses auditeurs, cela comptait énormément. (Trad. Ionut Jugureanu)