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Luttes pour le pouvoir et assassinats politiques au sein du parti communiste roumain

Le programme de départ de Nicolae Ceausescu, jeune leader ambitieux d'apparence plutôt libérale, avait propulsé le personnage sur le devant de la scène politique à la mort de Gheorghiu-Dej et à la tête du parti communiste.

Luttes pour le pouvoir et assassinats politiques au sein du parti communiste roumain
Luttes pour le pouvoir et assassinats politiques au sein du parti communiste roumain

, 15.05.2023, 13:23

La soif de pouvoir attire autant qu’elle
n’abime. Pour y accéder, certains sont prêts à tout. Et l’histoire des guerres,
des assassinats politiques, les coups d’Etat, la manipulation du vote populaire
sont là pour nous y renseigner. Fondé le 8 mai 1921, le parti communiste
roumain fut interdit peu après son apparition et vivota en illégalité pendant
la période de l’entre-deux-guerres, souvent grâce aux financements occultes en
provenance de l’URSS, via la Troisième Internationale. Mais la vie interne de
ce parti ne fut pas très pacifique, et des luttes intestines finir par décimer
jusqu’au sens propre du terme ses dirigeants. En effet, sur les sept dirigeants
que le parti communiste roumain compta pendant cette période, trois, Elek
Köblőș, Vitali Holostenko et Alexander Ștefanski, tombèrent victimes durant la
Grande Terreur, orchestrée par Staline dans les années 30.

A la fin de la Seconde
Guerre mondiale pourtant, le vent tourne à nouveau à la faveur des communistes.
Occupée par l’Armée rouge, la Roumanie se voit imposer un gouvernement d’extrême
gauche dès le mois de mars 1945. Il n’empêche, les bonnes habitudes demeurent toujours
d’usage. Ștefan Foriș, le président en exercice du parti, sera ainsi tué à
coups de barre de fer par les hommes de main de son rival, le secrétaire-général Gheorghe Gheorghiu Dej, celui qui prendra d’autorité
les rennes du parti, puis du pays tout entier, jusqu’à sa mort, survenue en
1965. C’est alors qu’une lutte de succession acharnée sera à nouveau
déclenchée. En lice, notamment Gheorghe Apostol, favori de Gheorghe
Gheorghiu-Dej, tari déjà par la maladie, et Nicolae Ceausescu, celui qui
remportera finalement la mise avec le fauteuil de premier-secrétaire, Janoș Fazekaș, un vieux routier du parti, remémorait dans
une interview donnée en 1997 et conservée par le Centre d’histoire orale de la
Radiodiffusion roumaine, la lutte de pouvoir déclenchée par l’ouverture de la
succession à la tête du parti communiste roumain. Janoș Fazekaș :« La
fin prochaine de Gheorghiu-Dej a été durement ressentie par le parti. Je l’appréciais
beaucoup, alors même que je critiquais certaines de ses décisions. Lui aussi,
il manifestait une certaine sympathie envers moi, envers les jeunes cadres du
parti en général. Et c’est sa fille, Lica, avec laquelle j’étais ami, qui m’avait
aidé à lui rendre visite lorsqu’il se trouvait sur son lit de mort. Il est mort
chez lui, il n’est pas mort à l’hôpital. Et dans ces moments-là, il était pratiquement
réuni là tout le bureau politique du comité central du parti. Ceauşescu ne
voulait pas me laisser entrer, je ne faisais pas partie du premier cercle du
pouvoir. Mais Lica était parvenue à imposer ma présence, et on me fit entrer.
Et je pus alors assister aux derniers moments que Gheorghe Gheorghiu-Dej a
passé sur cette terre. »


Mais
la guerre de succession s’est déclenchée au sein du parti aussitôt que la mort prochaine
du leader déclinant avait été pressentie comme inévitable. Et Nicolae
Ceausescu, son futur successeur à la tête du parti, n’a pas tardé à se placer dans
block starts. Janoș Fazekaș à nouveau : « Ceausescu prend la parole au chevet de Dej,
pour promettre fidélité envers le socialisme et militer pour l’unité du parti
et pour la prospérité de la nation. En fait, en déclarant cela de la sorte, Ceausescu
posait ses ambitions, il nous avertissait sur ce qu’il entendait faire dans la
position qu’il convoitait, celle de leader suprême. Mais lui, il savait qu’il n’était
pas désiré par certains. Le premier-ministre de l’époque, moi et d’autres
encore, on privilégiait la solution Apostol. Par ailleurs, Gheorghiu-Dej avait
proposé Maurer en tant que premier-secrétaire du parti. Mais ce dernier n’avait
pas accepté. Français par sa mère, Allemand par son père, il prétendit qu’il
fallait un ethnique roumain pour diriger le pays, un gars du pays. Alors Dej s’était
tourné vers Apostol, et Maurer avait endossé la proposition.
»


Malgré
les mauvaises auspices sous lesquelles s’annonçaient ses ambitions, Nicolae
Ceausescu arrive à retourner la situation en sa faveur. Janoș Fazekaș :« A
la fin des obsèques, Maurer et Bodnaras convoquent le Bureau politique, censé
convoquer à son tour le Comité central du parti. Maurer arrive le premier, nous
attendions déjà dans la salle des réunions, et demande la convocation du Comité
central du parti pour faire élire Gheorghe Apostol comme successeur de
Gheorghiu-Dej au poste de premier-secrétaire. A ce moment-là, Ceausescu s’énerve
et commence à houspiller contre Apostol. Bien qu’il eût semblé être d’accord
avec cette candidature avant les obsèques. Devant tant de mauvaise foi, Maurer
s’énerve à son tour, et demande à Ceausescu de poser sa candidature si c’est ainsi.
Et Ceausescu saute sur l’occasion, et attrape la perche tendue par Maurer. Ce
dernier n’aurait pas dû se laisser emporter par la ruse de Ceausescu. Mais le
parti communiste roumain n’était pas un parti démocratique. Ni notre parti
communiste, ni d’autres partis communistes d’ailleurs, ce n’est pas la démocratie
interne qui régissait leur fonctionnement ».


Le
programme de départ de Nicolae Ceausescu, jeune leader ambitieux d’apparence
plutôt libérale, avait propulsé le personnage sur le devant de la scène
politique à la mort de Gheorghiu-Dej et à la tête du parti communiste. Au fil
du temps pourtant, les espoirs qu’il avait initialement suscité durant les
premières années de son règne ont été noyés par sa soif démesurée d’un pouvoir exercé
de manière discrétionnaire aux dépens de la grande majorité des Roumains. (Trad.
Ionut Jugureanu)

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