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L’Union de la Bessarabie avec la Roumanie

Cet acte, qui se voulait une réparation de l’amputation territoriale de 1812, allait s’avérait la meilleure solution politique à l’époque instable de la Grande Guerre Première. Restée seule sur le front de l’Est après la sortie de la guerre de la Russie, la Roumanie avait demandé la paix et devait tenir tête d’une part à l’occupation des Puissances centrales, et, de l’autre, à l’évacuation de l’armée russe touchée par la fièvre révolutionnaire. Le médecin Daniel Ciugureanu a été un inconditionnel de l’union de la Bessarabie avec la Roumanie. C’est son fils, Gheorghe Ciugureanu, qui en a évoqué la personnalité, lors d’une interview accordée en 1993 au Centre d’histoire orale de la radiodiffusion roumaine. Issu d’une vieille famille de boyards moldaves de la comptée de Hotin, Ciugureanu a obtenu le titre de docteur en médecine à l’Université de Kiev.

L’Union de la Bessarabie avec la Roumanie
L’Union de la Bessarabie avec la Roumanie

, 10.04.2017, 13:43

Cet acte, qui se voulait une réparation de l’amputation territoriale de 1812, allait s’avérait la meilleure solution politique à l’époque instable de la Grande Guerre Première. Restée seule sur le front de l’Est après la sortie de la guerre de la Russie, la Roumanie avait demandé la paix et devait tenir tête d’une part à l’occupation des Puissances centrales, et, de l’autre, à l’évacuation de l’armée russe touchée par la fièvre révolutionnaire. Le médecin Daniel Ciugureanu a été un inconditionnel de l’union de la Bessarabie avec la Roumanie. C’est son fils, Gheorghe Ciugureanu, qui en a évoqué la personnalité, lors d’une interview accordée en 1993 au Centre d’histoire orale de la radiodiffusion roumaine. Issu d’une vieille famille de boyards moldaves de la comptée de Hotin, Ciugureanu a obtenu le titre de docteur en médecine à l’Université de Kiev.

Pendant ses études universitaires, il a créé l’association culturelle Deşteptarea/L’éveil, en collaboration avec l’historien Ştefan Ciobanu, avec l’écrivain Alexe Mateevici, avec l’ingénieur Nicolae Codreanu et d’autres nationalistes. Voici ce que Gheorghe Ciugureanu affirmait dans son interview de 1993 au sujet de la composition politique du Conseil du pays de Bessarabie, acteur décisif de l’union de cette province avec la Roumanie : «En 1917, il avait participé à la création du Conseil du pays, soit le Parlement de l’ancienne République moldave, qui allait tenir sa première séance le 25 novembre 1917. Deux jours plus tard, on proclamait l’autonomie de la République démocratique moldave, qui continuait pourtant à faire partie de l’Empire russe. Le Conseil du pays était constitué de deux grandes factions politiques, opposées, ainsi que de certaines autres de moindre importance, organisées notamment sur des critères ethniques, dont l’Union des Allemands, l’Union des Gagaouzes, des Juifs, des Ukrainiens et des Polonais. Les deux groupes importants étaient la faction paysanne, dirigée par Ion Inculeţ, secondé par Pantelimon Erhan et Pantelimon Halippa, et puis les militants en faveur de l’autonomie de la Bessarabie, au sein de l’Empire russe. Ce dernier groupe, appelé le Bloc moldave, avait à sa tête Daniel Ciugureanu, Anton Crihan, Ştefan Holban, Dimitrie Bogoz et autres. »

L’union n’a pas été facile, même si bon nombre de Bessarabiens se nourrissaient de convictions nationalistes. La période d’anarchie consécutive à l’installation du pouvoir soviétique à Saint-Pétersbourg allait susciter une vive inquiétude. Gheorghe Ciugureanu : «Dans un premier temps, le pouvoir était entre les mains de la faction paysanne ; Ion Inculeţ avait été élu président du Conseil du pays, tandis que l’Exécutif, dirigé par Pantelimon Erhan, se trouvait, en quelque sorte, dans le giron du gouvernement central de Saint-Pétersbourg. La première étape allait durer du 25 novembre 1917, date de la première séance du Conseil, jusqu’au 14 janvier 1918. C’est notamment dans ce laps de temps que l’on a assisté à une invasion massive de soldats russes qui désertaient le front moldave, suite à la révolution qui venait de commencer en Russie. Sur le chemin de retour, qui passait par la Bessarabie, ces soldats, de connivence avec la pègre locale, s’adonnaient à toute sorte d’exactions et de crimes. La situation alla en empirant jusqu’à devenir intenable, car, manipulés par les commissaires du peuple, ces gens – là commencèrent une véritable chasse aux dirigeants du mouvement patriotique roumain dont mon parrain, Simion Gurafa. Il fut acculé par une bande de déserteurs, alors qu’il se trouvait au vignoble de Hodorogea, un autre grand patriote roumain. C’est alors que mon père prit la décision de se cacher, pour sauver sa vie. »

Face au danger évident de l’annéantissement, les leaders politiques de la Bessarabie ont demandé l’appui de l’armée roumaine pour qu’elle réinstaure l’ordre. Gheorghe Ciugureanu : « La crise était à son comble. En janvier 1918, début janvier en fait, des volontaires transylvains ont été massacrés dans la gare de Chisinau. Ils étaient venus à Chisinau pour aider les Bessarabiens dans leur lutte contre les bandes de brigands. Ces actions se sont soldées par une réunion secrète des chefs du Bloc moldave, à l’époque en opposition, réunion qui s’est tenue dans la maison de l’ingénieur Nicolae Codreanu, sous la présidence de mon père. Les participants ont décidé d’envoyer des émissaires à Iasi, pour demander l’aide du gouvernement roumain afin de mettre un terme à la série de massacres et de crimes. Les émissaires du Bloc moldave sont arrivés à Iasi où ils ont remis au gouvernement roumain la demande de déployer un corps d’armée roumain en Bessarabie. Le lendemain même, des troupes roumaines qui luttaient sur la ligne des Carpates sous le commandement du général Ernest Brosteanu furent retirées de la ligne du front et envoyées en Bessarabie. Trois jours plus tard, les militaires roumains traversaient la rivière Prut pour se diriger vers Chisinau. A ce moment-là, le Conseil du Pays et l’Exécutif de Bessarabie ont pris la décision insolite d’envoyer au gouvernement roumain de Iasi un télégramme, signé par les chefs des deux organismes, Ion Inculet et Pantelimon Erhan, où ils protestaient vivement contre l’entrée de l’armée roumaine en Bessarabie. »

Réalisée en mars 1918, l’union de la Bessarabie avec la Roumanie n’a pas suscité, initialement, l’enthousiasme de tous les habitants de la province. Et pourtant, cette union a apporté la paix dans la région après quatre ans de guerre sanglante.

Timisoara comemorare (sursa foto: Radio Timisoara)
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