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L’histoire des relations bilatérales entre la Roumanie et la Corée du Nord


L’histoire des relations bilatérales entre la Roumanie et la Corée du Nord
L’histoire des relations bilatérales entre la Roumanie et la Corée du Nord

, 06.03.2023, 07:11


La Roumanie socialiste de Nicolae
Ceausescu d’avant 1989 avait noué d’excellentes relations politiques, diplomatiques
et commerciales avec la Corée de Nord de Kim Ir Sen, grâce notamment à la convergence des vues de leurs
deux leaders, mais aussi à leurs intérêts économiques complémentaires. En effet,
si la Roumanie cherchait des débouchés commerciaux hors l’Europe, la Corée de
Nord tentait, elle, le rapprochement avec l’un des Etats européens du bloc communiste.


Le colonel Emil
Burghelea avait rejoint en 1970 et pour plusieurs années son poste d’attaché
militaire de Bucarest à Pyongyang. Interviewé en 2000 par le Centre d’histoire
orale de la Radiodiffusion roumaine, il a été un témoin direct de l’essor
remarquable des relations bilatérales entre la Roumanie et la Corée du Nord. En
effet, si la Roumanie n’exportait dans le pays asiatique avant 1970 que des
camions de marque Bucegi, fabriqués à Brașov, et des pièces détachées, la Corée
de Nord s’avérait assoiffée de toutes technologies industrielles, désireuse qu’elle
était de bâtir sa propre industrie nationale.

Emil Burghelea appelait dans son interview, avec une certaine nostalgie, l’enthousiasme
des Coréens, et leurs prouesses en matière de débrouille, mais aussi certaines
de leurs pratiques commerciales déloyales. :


« Vous savez, ils avaient mis au point la production des aciers
spéciaux à usage militaire dans des conditions terribles. L’on se demandait
comment ils y parvenaient, alors que nous, l’on devait faire appel à l’expertise
des Occidentaux, en payant grassement pour avoir accès à de telles
technologies. Mais, d’un autre côté, ils étaient plutôt rompus aux pratiques
commerciales déloyales. Prenez les tours d’usinage, ces machines-outils qu’ils
importaient de chez nous, et qui étaient fabriqués dans nos usines d’Arad ou de
Brasov, auxquels ils enlevaient l’étiquette « Fabriqué en Roumanie »,
pour la remplacer par la leur, et les exporter en Corée du Sud. Nous, l’on
faisait comme si de rien n’était. Et puis, on leur a monté aussi beaucoup de
cimenteries. »



La priorité de l’industrie
nord-coréenne portait déjà à l’époque sur la construction d’un complexe industriel
militaire moderne et puissant, l’économie nord-coréenne étant subordonnée à la
doctrine militaire du pays. Emil Burghelea:


« Ils étaient assoiffés de technologie. Ils étaient par exemple intéressés
par nos chantiers de Mangalia. Ils étaient intéressés par tout ce qui touchait
à l’aviation, aux chars, à l’artillerie. Ils avaient construit d’impressionnants
batteries d’artillerie côtières, qui étaient entièrement cachées. L’on ne
pouvait rien apercevoir depuis le large, rien depuis la terre. Les canons
étaient enfouis sous la terre, pouvaient résister à une frappe nucléaire au
besoin. Une véritable prouesse technologique. Nous, les Roumains, pouvions nous
enorgueillir d’une certaine avancée en matière de technologie militaire à l’époque.
Nous disposions d’une certaine tradition aux usines de Resita, où nous
fabriquions ce canon antichar formidable de 75 mm, et puis d’autres encore. A
Brasov, l’on avait démarré la fabrication d’hélicoptères militaires, des lance-roquettes
multiples, de conception soviétique. Alors les Nord-Coréens y étaient forcément
intéressés. Leurs représentants se rendaient parfois chez Ceausescu, lui sollicitaient
l’accès à telle ou telle technologie, pour la fabrication de telle ou telle
arme. Et Ceausescu, bon prince, comme toujours avec eux. Ensuite, on les
faisait visiter nos usines, nos chaînes de production d’armes, et ils prenaient
des notes. On a envoyé aussi des spécialistes qui les ont aidés de bâtir des répliques
de notre Maison de l’Armée de Brasov chez eux ».




Avoir la technologie
est une chose. Savoir en faire bon usage en est une autre. Le colonel Emil
Burghelea :


« C’étaient des braves. Leur slogan était « Un contre cent ».
Ils se voyaient entourés d’ennemis nombreux, et ils leur fallaient apprendre à
les combattre, alors qu’ils se trouvaient en infériorité numérique. lls avaient
développé aussi la pratique des arts martiaux, la discipline était au top. Des
soldats très bien entraînés. Ils entraînaient les jeunes depuis qu’ils étaient
encore sur les bancs de l’école. Le Palais des pionniers de Pyongyang disposait
d’espaces spécialement dédiés à l’entraînement militaire de jeunes. Ils
apprenaient le maniement et l’entretient des armes de poing et des fusils d’assaut
».


Mais la bonne
entente entre les Roumains et les Nord-Coréens allait dans les deux sens. En
effets, les Roumains disposaient d’un accès privilégié aux matières premières nord-coréennes.
Emil Burghelea :


« Nos exportations en matière technologique n’était pas gratuits non
plus. L’on avait besoin de leur charbon, de leur tabac, du poisson, du minerai
de fer. Ceausescu avait certes ses visées de nature politique, mais il n’était
pas des ceux qui perdent au change. L’essor de notre industrie avait besoin des
matières premières nord-coréennes. Il ne s’agissait pas que d’une collaboration
de nature militaire »




Mais les relations
bilatérales florissantes d’autrefois ont été jetées aux oubliettes après la
chute du régime communiste en Roumanie. Le divorce idéologique entre les deux
Etats a vite fait de mettre un terme à la poursuite des échanges militaires, technologiques
et commerciaux être la Roumanie et la Corée de Nord. (Trad. Ionut Jugureanu)





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