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Les souterrains de Bucarest

Rues, tunnels, rivières souterraines, bunkers, catacombes, pièces immenses recelant des mystères, labyrinthes et autres facilités dont dispose une ville sont l’arsenal qui compose l’histoire secrète de Bucarest. Au-delà de l’imagination riche des théories du paranormal et de la fantaisie de ceux qui croient à une ville parallèle inconnue, il y a bel et bien un Bucarest souterrain réel, non moins spectaculaire.

Les souterrains de Bucarest
Les souterrains de Bucarest

, 28.07.2014, 13:00



Des souterrains à des fin précises on été effectivement construits à Bucarest. Au Moyen Age, les caves des producteurs de vins et des marchands abritaient les récipients servant à garder la boisson. Les caves et les celliers étaient tellement vastes et hauts que l’on pouvait y circuler en carriole. Au XIXe, des constructions disposant de tunnels d’évacuation ont commencé à apparaître, tels celui du Palais Ghica Tei, dans le nord-est de Bucarest, vers le monastère de Plumbuita, long d’un km. Dans le coin nord-est du parc de Cişmigiu, au centre de Bucarest, on trouve l’église Schitu Magureanu, reliée par des souterrains au palais Kretzulescu, sis à une centaine de mètres plus loin. Parmi les souterrains de Bucarest les plus connus, l’on compte ceux liés à la zone de la Place de la Révolution du centre-ville.



Augustin Ioan est professeur à l’Université d’architecture et d’urbanisme «Ion Mincu» de Bucarest. Il a évoqué les raisons qui font que les souterrains de Bucarest soient plus attrayants point de vue histoire secrète qu’en tant que simples lieux, admirés pour leur propre destination: «Le thème des souterrains ne manque pas d’intérêt comme il pourrait sembler à première vue, et ce pour deux raisons. C’est, tout d’abord, un thème récurrent dans l’histoire de Bucarest. La manie des souterrains, des voies d’accès en cas d’arrivée des Turcs, relève du fait que cette ville, à l’instar de toutes les villes extra carpatiques, n’a pas pu être fortifiée parce que l’administration ottomane ne l’a pas permis. Cette obsession des souterrains servant de voies d’issue a existé voici longtemps. A la fin du XVIIIe, le prince Alexandru Ipsilanti aurait fait creuser un tunnel depuis la Cour royale située sur l’Avenue de la Victoire, jusqu’à son palais, dans la zone de l’actuel Palais du Parlement. Le maire actuel a dit que si ces tunnels existent, il faudrait les mettre en valeur. Certains ont existé. On parlait d’un accès vers le parc de Cişmigiu par de tels souterrains. Il y a à coup sûr des voies d’accès souterraines au palais Ghica, je les ai vus moi-même; on pouvait en sortir en fiacre. L’idée c’était de gagner du temps pour la fuite si l’ordre de destitution du prince régnant venait».



Une deuxième raison du débat sur les souterrains de Bucarest est à retrouver en 1989. Il s’est alors agi d’une véritable psychose parce que la dureté des changements radicaux dans la société étaient difficilement acceptables. S’y ajoutait la peur du personnage terroriste, l’anonyme qui apportait la mort, qui se promenait sans entrave où il voulait. Augustin Ioan a également parlé de certaines histoires qui, par souci d’authenticité, ont été assumées par les témoins comme étant les leurs. « Les souterrains sont revenus en tant que thème pendant la révolution. Tous les terroristes y circulaient et regagnaient la surface qui sait où. On indiquait même les endroits de leur remontée à la surface, soit des trappes de l’actuelle Place de la Révolution. Cette histoire n’a jamais été tirée au clair — elle continue d’être un mystère de la période révolutionnaire. C’est une obsession qu’on peut psychanalyser et j’y ai d’ailleurs pensé. La psychologie publique fonctionne dans ce cadre, notamment quand il s’agit de la Maison du Peuple. Cette cartographie permanente de la Maison, des souterrains se retrouve dans le sous-conscient en tant que thème du maître Manole. Des renvois à cet aspect on en retrouve dans des textes et des livres. Un lieutenant ayant pris part aux travaux de construction de la Maison du Peuple affirme avoir été témoin du moment où quelqu’un a été jeté à l’endroit où l’on versait le béton. On aurait entendu parler d’un tel cas, après la révolution de 1989. Mais l’obstination avec laquelle reviennent ces témoignages conduisant à des mythes fondateurs des édifices est une réalité ».



La construction la plus spectaculaire de Bucarest c’est le Palais du Parlement, connu à l’époque communiste sous le nom de la Maison de la République Socialiste de Roumanie. C’est aussi autour d’elle qu’existe une histoire des voies secrètes de communication. Alors qu’il faisait partie d’un groupe de journalistes, aux début des années ’90, Augustin Ioan est arrivé au niveau le plus bas du Palais. C’est là que l’architecte Anda Stefan a pris des photos étonnantes qu’elle a réunies par la suite dans une exposition: «On avait rencontré dans un sous-sol des ouvriers qui y aménageait un SPA, ils y posaient des carrelages. On avait voulu savoir qui les avaient fait faire ça. Personne n’a reconnu qu’on travaillait avec l’argent et sur l’ordre de quelqu’un. Pour se disculper, le gérant de l’édifice a conduit les journalistes et les caméramans au niveau le plus bas de la Maison. L’obscurité y régnait, les seules sources d’éclairage étant celles des caméras vidéo. On a pris des photos formidables. Une collègue architecte a réalisé des photos au flash au hasard, dans le noir. Après avoir développé le film, elle découvrit quelque chose de fabuleux: des inscriptions qui appelaient à l’anarchie, toute sorte de symboles, dont des symboles maçonniques — tout cela dans un endroit inaccessible aux gens. C’était un endroit pleins de détritus, un endroit qui aurait dû être assaini».



Le mystère est presque toujours plus intéressant que la réalité banale. Bucarest a ses histoires à lui, où le réel se mêle à la fantaisie et l’histoire au paranormal…(trad.: Ligia Mihaiescu, Alexandra Pop)

Foto: pixabay.com
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