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Les relations roumano-américaines après 1945

Après 1945, la Roumanie et les Etats-Unis se sont retrouvés d’une part et d’autre du Rideau de fer, contre leur gré. Le sort de la guerre les avaient rangés dans des camps opposés, en dépit du fait que l’appui américain, à la fin de la Grande guerre, concrétisé dans l’énonciation des principes du président Wilson, avait été décisif dans la naissance de la Grande Roumanie. A cause de l’idéologie communiste, les rapports entre les deux pays ont traversé une période d’adversité, même s’ils n’avaient pas eu de divergences historiques. La création des deux blocs militaires opposés, à savoir l’OTAN et le Traité de Varsovie, a mené à la montée de la tension dans les relations bilatérales, notamment dans les années 1950, soit la période d’expansion du stalinisme en Europe centrale et de l’Est. Les autorités de Bucarest et de Washington ont pourtant espéré que leurs relations s’amélioreraient après 1953, lorsque Moscou allait changer de politique, suite à la mort de Staline.

Les relations roumano-américaines après 1945
Les relations roumano-américaines après 1945

, 05.03.2018, 12:21

Après 1945, la Roumanie et les Etats-Unis se sont retrouvés d’une part et d’autre du Rideau de fer, contre leur gré. Le sort de la guerre les avaient rangés dans des camps opposés, en dépit du fait que l’appui américain, à la fin de la Grande guerre, concrétisé dans l’énonciation des principes du président Wilson, avait été décisif dans la naissance de la Grande Roumanie. A cause de l’idéologie communiste, les rapports entre les deux pays ont traversé une période d’adversité, même s’ils n’avaient pas eu de divergences historiques. La création des deux blocs militaires opposés, à savoir l’OTAN et le Traité de Varsovie, a mené à la montée de la tension dans les relations bilatérales, notamment dans les années 1950, soit la période d’expansion du stalinisme en Europe centrale et de l’Est. Les autorités de Bucarest et de Washington ont pourtant espéré que leurs relations s’amélioreraient après 1953, lorsque Moscou allait changer de politique, suite à la mort de Staline.

En 1954, le diplomate Anton Moisescu fut nommé ambassadeur de Roumanie aux Etats-Unis. Il racontait, en 1995, dans un entretien au Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, le contexte général dans lequel les deux pays tentaient de renouer leur dialogue. Je tiens à préciser qu’au moment de mon accréditation en tant que ministre plénipotentiaire, le climat politique international était assez chargé. Les rapports étaient assez tendus entre les deux grands pôles du pouvoir, à savoir l’OTAN et le Traité de Varsovie, avec pour représentants principaux les Etats-Unis et respectivement l’Union Soviétique. C’est ce qui explique la tâche extrêmement difficile des missions diplomatiques à Washington des pays du bloc socialiste. Les diplomates étaient soumis à des restrictions draconiennes. Par exemple, il leur était interdit de quitter la capitale sans l’autorisation spéciale délivrée par le Département d’Etat américain. Nous autres, diplomates roumains, nous pouvions nous rendre uniquement à New York et ce grâce au statut d’observateur à l’ONU, car la Roumanie n’y avait pas encore été admise comme membre à part entière.

Les activités de la mission diplomatique roumaine aux Etats-Unis avaient un caractère très restreint, par comparaison avec la situation d’avant la guerre. La détente, soit le premier objectif poursuivi par les parties, allait venir surtout du côté des Américains. Anton Moisescu racontait que lors de la présentation des lettres de créance, il avait eu droit à un accueil très ouvert de la part du président Eisenhower.: Le corps diplomatique comportait 7 ou 8 personnes et leur épouses. Côté personnel militaire, il y avait un colonel, un commandant et un capitaine, accompagnée eux aussi par leurs épouses. Enfin, il y avait le personnel administratif, nécessaire à l’ambassade. Tous ces gens formaient une véritable famille. Nous partions en excursion et passions ensemble les week-ends. Lorsque j’ai présenté mes lettres de créance, j’ai été agréablement surpris par l’atmosphère générale et l’accueil par le président américain Dwight Eisenhower, ancien commandant suprême pendant le débarquement de Normandie et l’offensive des Alliés. Le président s’est montré fort aimable pendant notre discussion. Nous avons exprimé la volonté des deux pays de développer les relations bilatérales et de nous connaître mieux. Le président américain m’a encouragé à me rendre n’importe quand dans n’importe quel coin de son pays, ce qui contrevenait aux règles imposées à nos diplomates.

Un autre objectif de l’ambassade roumaine à Washington a été celui de se rapprocher de la communauté roumaine vivant dans ce pays. La grande majorité des Roumains des Etats – Unis était anticommuniste et s’était montrée critique à l’égard du régime de Bucarest, soutenu par Moscou. Grâce à sa stratégie émotionnelle, l’ambassade a pourtant réussi à rapprocher certains de ces Roumains de la politique de Bucarest. Anton Moisescu:Nous avons cherché à établir des liens avec le plus grand nombre possible de Roumains qui vivaient aux Etats-Unis. Ceux avec la rédaction du journal Le Roumain américain se sont avérés les plus étroits. La rédaction était basée à Detroit, où habitaient beaucoup de Roumains. La plupart d’entre eux y avaient immigré avant la guerre et travaillé surtout aux usines Ford. Le rédacteur en chef du journal et sa conjointe nous ont invités, ma femme et moi, à leur rendre visite à Detroit, à l’occasion de la Journée de la femme. Là, nous avons rencontré quelque 250 personnes. C’étaient surtout des gens d’une certain âge, qui avaient quitté la Roumanie longtemps auparavant. Je leur ai présenté un film intitulé «La Roumanie en couleurs », comportant des aspects du folklore spécifique des régions du pays, telle la Transylvanie ou la Moldavie. Le film les a émus jusqu’aux larmes. Ce moment impressionnant nous a fortement liés. Après ça, j’ai rendu visite à quelques-uns d’entre eux et je suis allé dans la fabrique. Là, j’ai fait la connaissance des membres de l’Administration, qui m’ont permis d’assister au processus technologique. De retour dans le pays, j’ai partagé les impressions de cette expérience avec les spécialistes de nos usines automobiles.

Ce n’est qu’après 1989 que les relations roumano-américaines sont véritablement revenues à la normale, au bout d’une évolution sinueuse, ayant connue des moments de coopération limitée et le retour des disputes, vers la fin des années 1980.

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