RRI Live!

Écoutez Radio Roumanie Internationale en direct

Les échos de la déstalinisation en Roumanie

En 1956, 3 ans après la mort de Joseph Vissarionovich Staline, le nouveau leader soviétique, Nikita Khrouchtchev, condamnait les excès de la politique menée par le premier et prônait une autre politique. Son discours, connu comme le rapport du XXe congrès du Parti communiste de l’URSS du mois de février, document resté secret, allait être considéré comme le début de la déstalinisation. Khrouchtchev y dénonçait les pratiques ayant permis des crimes atroces, parmi les victimes figurant aussi plusieurs membres dévoués du parti et dont la fidélité envers Staline n’avait jamais été mise en doute.

Les échos de la déstalinisation en Roumanie
Les échos de la déstalinisation en Roumanie

, 12.02.2018, 13:12

En 1956, 3 ans après la mort de Joseph Vissarionovich Staline, le nouveau leader soviétique, Nikita Khrouchtchev, condamnait les excès de la politique menée par le premier et prônait une autre politique. Son discours, connu comme le rapport du XXe congrès du Parti communiste de l’URSS du mois de février, document resté secret, allait être considéré comme le début de la déstalinisation. Khrouchtchev y dénonçait les pratiques ayant permis des crimes atroces, parmi les victimes figurant aussi plusieurs membres dévoués du parti et dont la fidélité envers Staline n’avait jamais été mise en doute.

Toutefois, le rapport de Khrouchtchev dénonçait les seuls crimes de Staline contre les activistes du parti et de l’Etat, passant sous silence les crimes de masse commis par le régime stalinien. Les pays du bloc socialiste ont réservé un accueil différent à ce rapport. Alors que certains d’entre eux tentaient timidement de petites réformes, d’autres maintenaient la ligne dure du socialisme qu’ils avaient adoptée après 1945. Les contestataires de la déstalinisation entamée par Khrouchtchev saisirent l’occasion de la révolte anticommuniste qui a éclaté à l’automne 1956 en Hongrie pour montrer les risques que l’on courait en cas de politique socialiste plus détendue.

En Roumanie, les échos du discours de Khrouchtchev ont été contradictoires, en ce se sens que le dirigeant stalinien Gheorghe Gheorghiu-Dej a maintenu sa position, au détriment de ses opposants, Miron Constantinescu et Iosif Chişinevschi. En 2002, dans une interview pour le Centre d’Histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, Ştefan Bârlea racontait qu’en 1957, en sa qualité d’activiste du parti, chargé de la Jeunesse, il avait participé à la réunion pendant laquelle on avait débattu des positions exprimées par Miron Constantinescu et Iosif Chişinevschi contre Dej. Aux réunions où l’on devait décider des mesures organisationnelles ne pouvaient participer que les membres du Bureau politique, précisait Ştefan Bârlea. : « A la deuxième réunion à laquelle j’ai participé, Gheorghiu-Dej s’est absenté. C’est Nicolae Ceauşescu qui a présidé les travaux. Y étaient présents aussi Constantin Pârvulescu et quatre autres membres importants, ainsi que Liouba Chişinevschi, la femme de Iosif Chişinevschi, elle aussi impliquée dans ce conflit. Les deux contestataires, Constantinescu et Chişinevschi, n’étaient pas là. Ceauşescu a présenté la situation, secondé par Pârvulescu. J’oubliais de mentionner Alexandru Moghioroş et surtout l’acteur principal, Petre Borilă. Gheorghiu-Dej, Miron Constantinescu, Iosif Chişinevschi et Petre Borilă avaient compté parmi les participants à la réunion tenue à Moscou pendant laquelle Khrouchtchev avait dénoncé le culte de la personnalité construit autour de Staline. De l’avis de Constantinescu et de Chişinevschi, le culte de la personnalité commençait à se manifester en Roumanie aussi. Ils ont même affirmé que même Gheorghiu-Dej n’y était pas étranger, propos mal digérés par Borilă, qui les a rejetés. »

La lutte pour le pouvoir menée au sommet du parti était certes acerbe, mais elle n’allait plus jusqu’à la liquidation physique, comme cela était arrivé du temps de Staline. Ceci étant, l’intellectuel Miron Constantinescu et son camarade Iosif Chişinevschi n’eurent à subir que le blâme et la démission des hautes fonctions qu’ils détenaient. Ştefan Bârlea: « A l’insu de Gheorghiu-Dej, les deux sont allés faire du prosélytisme au sein du Bureau politique. Ils ont cherché à gagner à leur cause Constantin Pârvulescu et Moghioroş, sans pour autant y parvenir. La situation n’a pas tardé à être mise en débat au sein du Bureau politique. Gheorghiu-Dej avait l’air d’être mis devant le fait accompli. Pârvulescu et Moghioroş ayant pris leurs distances, Miron Constantinescu et Iosif Chişinevschi se retrouvèrent isolés. Comme Miron Constantinescu s’était exprimé de manière irrévérencieuse à l’égard de Gheorghiu-Dej même devant Staline, lorsqu’il avait été question de l’évincement d’Ana Pauker, Dej a assez violemment réagi. Il a donc décidé de soumettre ce problème au plénum du Comité central. Nous avons appris du jeune Ceauşescu qu’il avait été décidé que Miron Constantinescu et Iosif Chişinevschi informent la réunion plénière de la manière dont ils avaient conçu le rapport destiné au Bureau politique. Autrement dit, on les poussait à se démasquer eux-mêmes. Il fut décidé de les écarter du Comité central et des fonctions qu’ils occupaient. Miron Constantinescu avait été un proche collaborateur de Gheorghiu-Dej et détenu des fonctions importantes au sein du parti. Miron Constantinescu et Iosif Chişinevschi ont donc échoué dans leur lutte pour le pouvoir, Gheorghiu-Dej s’étant avéré plus habile. »

Pour conclure, disons que la déstalinisation n’a pas eu de très grands échos en Roumanie. Le fait que Gheorghe Gheorghiu-Dej ait maintenu intacte sa position de leader suprême en dit long. L’effet le plus important de la déstalinisation reste le retrait des troupes soviétiques, en 1958, événement qui n’a pas pour autant marqué un tournant dans l’évolution ultérieure de la Roumanie.

La Gazette des mathématiques
Pro Memoria lundi, 16 décembre 2024

La Gazette des mathématiques

Gazette des mathématiques, une place à part dans la presse roumaine   Dans l’histoire de près de 250 années d’existence de la presse...

La Gazette des mathématiques
Из истории женской прессы Румынии
Pro Memoria lundi, 09 décembre 2024

Le parti communiste roumain dans la clandestinité

Neutraliser les courants extrémistes à la fin de la Grande Guerre   A la fin de la Grande Guerre, l’espoir de paix et de concorde...

Le parti communiste roumain dans la clandestinité
Centenario Lovinescu (fonte: Muzeul Național al Literaturii Române)
Pro Memoria lundi, 02 décembre 2024

Le centenaire d’Eugen Lovinescu

Cette année les lettres roumaines rendent hommage à l’un de ses représentants de marque, le critique littéraire Eugen Lovinescu. Né en 1881 à...

Le centenaire d’Eugen Lovinescu
Из истории женской прессы Румынии
Pro Memoria lundi, 25 novembre 2024

Le sort des prisonniers soviétiques en Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale

La Bessarabie, un territoire roumain perdu   Pour tenter de récupérer la Bessarabie occupée par l’Union soviétique à la suite d’un...

Le sort des prisonniers soviétiques en Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale
Pro Memoria lundi, 18 novembre 2024

L’exil du prince Nicolas de Roumanie

 Nicolas, frère cade du futur roi Carol II   Né le 18 août 1903 à Sinaia, dans la résidence d’été des souverains roumains, le frère...

L’exil du prince Nicolas de Roumanie
Pro Memoria lundi, 11 novembre 2024

La présence des statères dans la province de Dobroudja

Des monnaies de l’Antiquité   Le statère est un terme générique qui désigne en numismatique diverses monnaies en or ou en argent...

La présence des statères dans la province de Dobroudja
Pro Memoria lundi, 04 novembre 2024

L’officiel du parti communiste roumain, le journal Scânteia /L’étincelle

La presse à l’époque communiste   Si la liberté de la presse était garantie depuis 1789 par l’article 11 de la Déclaration des...

L’officiel du parti communiste roumain, le journal Scânteia /L’étincelle
Pro Memoria lundi, 28 octobre 2024

La Sécuritate et le KGB en divorce

  Le général Neagu Cosma, ancien chef de la direction de contrespionnage de la Securitate, racontait dans une interview de 2002, conservé par...

La Sécuritate et le KGB en divorce

Partenaire

Muzeul Național al Țăranului Român Muzeul Național al Țăranului Român
Liga Studentilor Romani din Strainatate - LSRS Liga Studentilor Romani din Strainatate - LSRS
Modernism | The Leading Romanian Art Magazine Online Modernism | The Leading Romanian Art Magazine Online
Institului European din România Institului European din România
Institutul Francez din România – Bucureşti Institutul Francez din România – Bucureşti
Muzeul Național de Artă al României Muzeul Național de Artă al României
Le petit Journal Le petit Journal
Radio Prague International Radio Prague International
Muzeul Național de Istorie a României Muzeul Național de Istorie a României
ARCUB ARCUB
Radio Canada International Radio Canada International
Muzeul Național al Satului „Dimitrie Gusti” Muzeul Național al Satului „Dimitrie Gusti”
SWI swissinfo.ch SWI swissinfo.ch
UBB Radio ONLINE UBB Radio ONLINE
Strona główna - English Section - polskieradio.pl Strona główna - English Section - polskieradio.pl
creart - Centrul de Creație Artă și Tradiție al Municipiului Bucuresti creart - Centrul de Creație Artă și Tradiție al Municipiului Bucuresti
italradio italradio
Institutul Confucius Institutul Confucius
BUCPRESS - știri din Cernăuți BUCPRESS - știri din Cernăuți

Affiliations

Euranet Plus Euranet Plus
AIB | the trade association for international broadcasters AIB | the trade association for international broadcasters
Digital Radio Mondiale Digital Radio Mondiale
News and current affairs from Germany and around the world News and current affairs from Germany and around the world
Comunità radiotelevisiva italofona Comunità radiotelevisiva italofona

Diffuseurs

RADIOCOM RADIOCOM
Zeno Media - The Everything Audio Company Zeno Media - The Everything Audio Company