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L’Eglise grecque-catholique et le régime communiste

L’Eglise grecque-catholique, également appelée l’Eglise unie à Rome ou Uniate, fit son apparition vers 1700 en Roumanie, plus précisément dans les contrées de Transylvanie, de Banat, de Crişana et de Maramureş, habitées par une population majoritairement roumaine à l’époque de l’Empire Autriche-Hongrie. En ces temps de début de l’émancipation nationale, nombre de personnalités sont issues de la population greco-catholique, dont l’homme politique Iuliu Maniu et l’évêque Iuliu Hossu, celui qui allait lire, à Alba Iulia, l’acte de l’Union de la Transylvanie avec la Roumanie.

L’Eglise grecque-catholique et le régime communiste
L’Eglise grecque-catholique et le régime communiste

, 26.02.2018, 12:53

L’Eglise grecque-catholique, également appelée l’Eglise unie à Rome ou Uniate, fit son apparition vers 1700 en Roumanie, plus précisément dans les contrées de Transylvanie, de Banat, de Crişana et de Maramureş, habitées par une population majoritairement roumaine à l’époque de l’Empire Autriche-Hongrie. En ces temps de début de l’émancipation nationale, nombre de personnalités sont issues de la population greco-catholique, dont l’homme politique Iuliu Maniu et l’évêque Iuliu Hossu, celui qui allait lire, à Alba Iulia, l’acte de l’Union de la Transylvanie avec la Roumanie.

C’est la ville de Blaj, au cœur du pays, qui, avec son Eglise métropolitaine grecque – catholique et son Académie théologique, a joué le rôle le plus important dans la vie de cette communauté religieuse.

En 2001, dans une interview au Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, le prêtre greco-catholique Nicolae Lupea décrivait l’atmosphère tout à fait spéciale qui régnait à Blaj, ville considérée à l’époque comme « la Petite Rome ».

Nicolae Lupea : « C’était une ambiance d’étude, car on y formait les futurs serviteurs de l’Eglise. Au bout des 4 ans que duraient les cours à l’Académie théologique, les étudiants pouvaient opter pour la maîtrise en théologie. Les disciplines spécifiques mises à part, dans cette haute école de théologie on prêchait aussi un certain état d’esprit, l’union spirituelle avec Dieu. »

Au fil de son histoire, l’Eglise grecque – catholique a eu des rapports normaux, naturels avec les autres Eglises et cultes de l’espace roumain. Pourtant, à l’été 1940, les premières persécutions se font jour dans le nord de la Transylvanie, qui venait d’être cédé à la Hongrie. Prêtres et fidèles greco-catholiques sont déportés, certains même tués. La grande vague de persécutions allait commencer en 1948. L’Etat communiste interdisant l’Eglise grecque-catholique, ses prêtres sont obligés d’accepter l’union avec l’Eglise orthodoxe.

Ceux qui refusent seront jetés dans la prison. Ce fut aussi le cas de Nicolae Lupea : « Le recteur de l’Académie, Gheorghe Dănilă, et moi, nous avons été emmenés à la prison d’Aiud. Lui, il a été incarcéré 7 mois, moi 9, après quoi on nous a lâchés sans aucun procès. Quant à la raison de notre emprisonnement, on pensait qu’elle était liée à l’affrontement qui avait eu lieu en 1946 entre ouvriers et étudiants de l’Académie, à l’occasion de la visite à Blaj du premier-ministre Petru Groza et d’une partie de ses ministres, pour assister à un service divin. Les ouvriers avaient voulu attaquer les étudiants, mais ces derniers s’étaient retranchés dans l’Académie et en avaient fermé les portes d’accès. Entre temps, la police avait fait son apparition. Tout s’était donc passé le 15 mai et l’échauffourée avait opposé les monarchistes aux adeptes du parti communiste ou quelque chose comme ça… »

Nicolae Lupea se rappelle les moindres détails de ce moment crucial pour l’Eglise grecque-catholique : « La pluie tombait dru. Petru Groza quitta la Cathédrale d’un pas pressé. Lorsque notre évêque sortit à son tour, Petru Groza frappa contre la vitre de sa voiture et lui fit signe de le rejoindre. Peu après, apparut de nulle part le métropolite orthodoxe Nicolae Bălan de Sibiu. Petru Groza l’invita à monter dans sa voiture. Comme l’évêque orthodoxe trébucha en s’apprêtant à y entrer, notre évêque lui tendit la main, pour l’aider à se relever. Regardez bien, monsieur le premier-ministre! J’ai saisi sa main et je ne la lâche plus! Que les liens avec Rome se brisent et que les frères se retrouvent de nouveau ensemble, lança l’évêque orthodoxe. Et le nôtre de lui rétorquer: Je vous ai tendu la main pour vous aider à vous relever. Après ça, ils se sont dirigés vers Câmpia Libertăţii. C’est là que Bălan a appelé les fidèles grecs – catholiques à rompre les liens avec Rome et à rentrer au bercail, c’est-à-dire à regagner l’Eglise orthodoxe. Lorsque l’évêque Suciu a demandé la parole pour protester, on la lui a refusée. »

Des persécutions inimaginables s’en sont suivies contre le clergé et les fidèles grecs-catholiques. De l’avis de Nicolae Lupea, l’Eglise orthodoxe a eu elle aussi sa part de contribution à la grande injustice que le régime communiste allait faire à l’Eglise grecque – catholique.

Nicolae Lupea : « Ensuite, la police politique, la Securitate, a commencé à arrêter des prêtres de village. Pendant l’enquête, on leur a demandé de passer à l’orthodoxie, ce à quoi certains ont finalement acquiescé. Ceux qui ont refusé, se sont vu menacer de prison et d’exclusion de leurs enfants de tout établissement scolaire. Je voudrais insister sur le fait que si le gouvernement a interdit notre Eglise il l’a fait avec l’appui des hauts prélats de l’Eglise orthodoxe. Ce n’est donc pas par hasard que Bălan, le métropolite de Sibiu, ait choisi de se rendre à Blaj juste au moment de la visite du premier-ministre Petru Groza. En effet, pendant son discours lors de la cérémonie d’installation en tant que métropolite, Bălan avait affirmé qu’il ne trouverait pas la paix tant que l’Eglise grecque-catholique ne serait interdite. »

Cette grande injustice dans l’histoire de la Roumanie allait être réparée le 31e décembre 1989, date à laquelle l’Eglise grecque-catholique rentrait dans la légalité. (Trad. Mariana Tudose)

Timisoara comemorare (sursa foto: Radio Timisoara)
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