Le site archeologique de Târgşorul Vechi
Située à 70 kilomètres au nord-ouest de Bucarest, la commune de Târgşorul Vechi est à première vue une commune comme les autres dans le département de Prahova. Pourtant, les historiens affirment qu’elle est spéciale parce qu’il y a plus de 600 ans, le centre d’importantes activités économiques se trouvait sur ces lieux. En témoignent les ruines réunies dans une réserve archéologique où les spécialistes locaux, ainsi que des archéologues de l’Institut « Vasile Pârvan » de Bucarest, cherchent des reliques qui puissent donner plus d’informations sur le passé. La réserve archéologique de Târgşorul Vechi est d’autant plus importante parce qu’elle elle est visitée aussi par les élèves des écoles de la région qui viennent travailler aux côtés des archéologues.
Steliu Lambru, 25.11.2013, 13:13
Située à 70 kilomètres au nord-ouest de Bucarest, la commune de Târgşorul Vechi est à première vue une commune comme les autres dans le département de Prahova. Pourtant, les historiens affirment qu’elle est spéciale parce qu’il y a plus de 600 ans, le centre d’importantes activités économiques se trouvait sur ces lieux. En témoignent les ruines réunies dans une réserve archéologique où les spécialistes locaux, ainsi que des archéologues de l’Institut « Vasile Pârvan » de Bucarest, cherchent des reliques qui puissent donner plus d’informations sur le passé. La réserve archéologique de Târgşorul Vechi est d’autant plus importante parce qu’elle elle est visitée aussi par les élèves des écoles de la région qui viennent travailler aux côtés des archéologues.
Târgşorul Vechi est une localité qui date de l’époque du prince régnant Mircea le Vieux (1386-1418), son fondateur, le nom le plus important lié à l’histoire de l’endroit. Bogdan Ciupercă, chef du chantier archéologique de Târgşorul Vechi, nous introduit dans le plus ancien centre de culture et de civilisation roumaines. « Il y a 6 siècles, un document de la chancellerie du voïvode Mircea le Vieux, plus précisément un traité commercial entre la Valachie et les habitants de la ville de Braşov mentionne pour la première fois la localité de Târgşor dans sa variante slave ou Novum Forum dans la variante latine. Les deux noms sont très importants. D’un côté, dans la variante slave, Târgşor signifie petit bourg, alors que la capitale Târgovişte signifie grand bourg. De l’autre, c’est-à-dire le nom en latin, veut dire qu’il s’agissait d’une nouvelle localité, créée le plus probablement pendant le règne de Mircea le Vieux. Ce voïvode qui a fait tant de bonnes choses pour la Valachie a lié ainsi son nom de la création et du développement de Târgşor. »
L’inventaire de la réserve archéologique de Târgşorul Vechi n’et pas riche, mais recèle suffisamment de matériel pour éveiller l’intérêt des passionnés d’histoire. Les traces les plus anciennes de l’habitat humain sont les outils en silex remontant au paléolithique tardif. Quant au néolithique, sa présence est attestée par la superposition des cultures de céramique décorée de Criş, Boian et Gumelniţa. Celles datant de l’âge du bronze, à savoir Glina, Monteoru et Tei, seront succédées par les cultures spécifiques de l’âge du fer, Hallstatt et La Tène. Les premiers vestiges d’une autre grande civilisation sont le camp romain et les thermes, construits au IIe siècle après J.-Ch. Le camp faisait partie d’une ligne fortifiée qui s’étendait vers le nord, dans la région subcarpatique de la Valachie. Il a été érigé pendant les guerres daco-romaines des années 101-102 et 105-106 après J.-Ch., et servait à surveiller les voies d’accès en provenance et en direction de l’arc carpatique.
Les nécropoles et les complexes funéraires datent des siècles suivants. On y a découvert céramique, accessoires vestimentaires, bijoux et armes ayant appartenu aux tribus sarmathiques, d’origine iranienne, qui, durant leur migration, ont dû passer par la plaine roumaine.
Bogdan Ciupercă précise en quoi consiste l’importance économique grandissante de Târgşorului Vechi aux alentours du règne du prince Mircea le Vieux. « La bourgade de Târgşor a été érigée sur les propriétés princières et joui de privilèges commerciaux considérables. Elle servit de point de douane aussi. En 1413, une taxe était perçue pour les chars transportant vers la Transylvanie du poisson pêché dans les marais de Brăila. Târgşor a donc eu une histoire économique importante. Elle comptait parmi les 3 premières bourgades ou cités de l’ancienne province roumaine de Valachie et était le principal partenaire des commerçants de la contrée de Braşov. On pourrait même dire que Târgşor est la cité de Mircea le Vieux, car c’est ce dernier qui l’évoque pour la première fois. Il se peut aussi que cette bourgade sise au pied des Carpates ait été pour beaucoup dans l’essor ultérieur de la ville de Ploieşti. Târgşor est aussi lié à une autre voïvode illustre, à savoir Vlad l’Empaleur, petit-fils de Mircea le Vieux. C’est ici qu’il sera sacré prince régnant de la Valachie, en 1456, après sa victoire sur l’armée de Vlad II. »
C’est à Târgşorul Vechi, une des résidences secondaires des premiers princes valaques, que Vlad l’Empaleur Dracula fit construire en 1461 l’église St. Nicolas, partiellement conservée de nos jours. En 1667 elle fut reconstruite par les soins du voïvode Antonie qui y fonda aussi le Monastère de Turnu. Ce dernier allait être rénové et peint pendant le règne de Constantin Brancovan, vers 1700. Il n’en reste de nos jours qu’une partie des murs d’enceinte et des fresques originelles. D’autres églises, telle l’Eglise blanche et celle Rouge, datent de la fin du XVIe. Pour ce qui est de l’architecture civile, elle este représentée par le manoir des boyards Moruzi, situé vers le nord-ouest du périmètre de la réserve. La construction, du début du 20e siècle, est représentative du style néo-roumain. Derniers propriétaires du manoir, les Moruzi y ont fait élever des animaux et cultivé des plantes suivant le modèle occidental…(trad. : Mariana Tudose, Alex Diaconescu)