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Le régime de Ceauşescu et la révolution sanglante de 1989

A la différence des autres pays d’Europe de l’Est où l’on assisté, en 1989, à la chute des régimes communistes, en Roumanie la révolution qui l’a entraînée a causé une effusion de sang. C’est que le régime de Nicolae Ceauşescu était le plus susceptible d’utiliser la violence contre son propre peuple si la situation l’exigeait. La répression brutale des manifestations des ouvriers de Braşov en novembre 1987 en fut un premier indice. Malheureusement, les soupçons furent confirmés en décembre 1989.

Le régime de Ceauşescu et la révolution sanglante de 1989
Le régime de Ceauşescu et la révolution sanglante de 1989

, 15.12.2014, 13:35



Nous avons demandé à l’historien Ioan Scurtu, ancien directeur de l’Institut de la révolution roumaine, si l’effusion de sang aurait pu être évitée en décembre 89, vu les caractéristiques du régime de Ceauşescu : « Théoriquement, elle pouvait être évitée. Si l’on pense à ce qui distinguait Ceauşescu des autres leaders des Etats socialistes d’Europe, on constate qu’il a été pratiquement le seul à ne pas avoir accepté les idées de Gorbatchev concernant la glasnost et la perestroïka, estimant que par de telles formules celui-ci minait le socialisme et contribuait, en fait, à sa chute. Par conséquent, après 1987, Ceauşescu était devenu un des dirigeants les plus rigides d’Europe Orientale et du Sud-Est, s’accrochant à l’idéologie de Marx, Engels et Lénine, et n’acceptant pas qu’entre temps les sociétés avaient évolué, rendant nécessaires d’autres formes d’édification — comme il disait — du socialisme et du communisme. »



L’historien Ioan Scurtu considère l’obsession de l’indépendance totale de la Roumanie comme une autre caractéristique du régime de Ceauşescu : « S’y ajoute un deuxième aspect : Ceauşescu a été le seul à se proposer que la Roumanie rembourse toutes ses dettes extérieures, en prétendant que le pays gagnait ainsi véritablement son indépendance — non seulement économique, mais aussi politique. Ce qui s’est matérialisé par des exportations massives de marchandises, depuis les produits industriels jusqu’aux produits alimentaires. Il a provoqué ainsi une grave crise alimentaire, il a introduit les rations, depuis longtemps éliminées de la société roumaine ».



Prisonnier des clichés marxistes, selon lesquelles il fallait forcer l’économie, Nicolae Ceauşescu, a imposé une politique désastreuse, qui a touché de plein fouet la population : «Troisième élément: puisqu’il a souhaité développer beaucoup la pétrochimie, industrie intensément énergophage, Ceauşescu a décidé d’économiser de l’énergie sur le compte de la population — d’où manque de chaleur dans les logements, interruptions de l’électricité etc. Les gens devaient faire face à des situations extrêmement graves, ce qui a augmenté le mécontentement général, surtout après avril 1989, lorsqu’on a annoncé que la Roumanie avait entièrement remboursé sa dette extérieure. Car, cette fois-ci, Ceauşescu souhaitait devenir bailleur de fonds et gagner de l’argent en recueillant des taux d’intérêt. Parmi tous les peuples vivant à l’époque sous le communisme, les Roumains avaient la situation la plus précaire et leur mécontentement a atteint un niveau intolérable. Aussi, en décembre ’89, des millions de personnes sont-elles sorties dans la rue, demandant le départ de Nicolae Ceauşescu. »



Pourquoi n’y a-t-il pas eu, au sein du PCR, de personnage réformateur, capable de demander l’évincement de Ceausescu et d’assurer un changement pacifique de régime? Voici la réponse de l’historien Ioan Scurtu: «Ceausescu a été très habile. Dans un laps de temps relativement court, de 6 à 7 ans, il a réussi à écarter tous ses rivaux potentiels à la direction du parti et du pays . En revanche, il a promu des personnes qui manquaient de probité, mais qui lui étaient dévouées. J’ai lu dans les mémoires de Dumitru Popescu, membre du Comité Politique Exécutif du Comité Central du Parti Communiste Roumain, que, lors des réunions du parti, Nicolae Ceausescu était le seul à parler, alors que tous les autres l’écoutaient. A mon avis, si Ceauşescu était arrivé à accaparer la parole au point que les autres se voyaient réduits à l’écouter et à prendre des notes, c’était aussi à cause de ceux qui avaient accepté cette situation humiliante. Le moment le plus choquant a été celui où Ceauşescu, irrité par le fait que l’on n’avait pas pris de mesures draconiennes contre les protestataires de Timişoara, aurait déclaré: Je ne peux plus travailler avec ce Comité Politique Exécutif. Allez chercher un autre secrétaire général!”. Et l’assistance de crier d’une seule voix: « s’il vous plaît, ne nous quittez pas! Nous vous sommes fidèles et nous resterons près de vous, sous votre direction ». Autant dire que, même à la vint-cinquième heure, personne n’a eu le courage de dire: « Nous prenons acte de votre démission. On va constituer un collectif de direction et porter à la connaissance du peuple révolté la démission de Nicolae Ceauşescu ». Peut-être que les choses auraient pris une tout autre tournure et que l’on aurait pu éviter le bain de sang. Bref, l’opportunisme de ces gens a eu un rôle très important dans le déroulement des événements dramatiques ultérieurs ».



Le régime tyrannique, cupide et prétendument omniscient de Nicolae Ceauşescu a été renversé. Malheureusement, 1204 Roumains en ont payé le prix le plus fort, celui de leur vie. (Trad. : Dominique, Valentina Beleavski, Mariana Tudose)

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