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Le parti communiste roumain dans la clandestinité

Le 6 février 1924, le gouvernement libéral dirigé par Ion I. C. Brătianu adoptait la loi des personnes morales, mettant hors la loi les organisations considérées comme extrémistes, soit la « Ligue national-chrétienne de défense », mouvement d’extrême droite, fondé en 1923, mais aussi le Parti communiste roumain, organisation d’extrême gauche

Из истории женской прессы Румынии
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, 09.12.2024, 10:06

Neutraliser les courants extrémistes à la fin de la Grande Guerre

 

A la fin de la Grande Guerre, l’espoir de paix et de concorde universelle caressé par certains se heurte de plein fouet à l’essor des extrémismes de droite et de gauche, du fascisme et du communisme. En effet, les traités de paix conclus à l’issue de cette guerre n’ont pas été en mesure d’assurer durablement ce dont ils étaient censés d’assurer, soit la paix. Les Etats vaincus ont dès le départ caressé des rêves de revanche, que les Etats vainqueurs ont tenté d’anéantir en sécurisant le statu quo.

 

 

C’est ainsi que le royaume de Roumanie issu du traité de Versailles eut à cœur de neutraliser les courants extrémistes et déstabilisateurs, soit tout ce qui pouvait le mettre en danger depuis son fonctionnement et jusqu’à son existence. Aussi, cent ans plus tôt, le 6 février 1924, le gouvernement libéral dirigé par Ion I. C. Brătianu adoptait la loi des personnes morales, mettant hors la loi les organisations considérées comme extrémistes. Les deux organisations visées implicitement par la loi étaient la « Ligue national-chrétienne de défense », mouvement d’extrême droite, fondé en 1923, mais aussi le Parti communiste roumain, organisation d’extrême gauche, fondée en 1921. L’artisan de cette loi, le juriste et ministre de la Justice Gheorghe Mârzescu, avait été maire de la ville de Iasi pendant la Grande Guerre.

 

Le parti communiste demeure hors la loi

 

Mais si l’extrême droite se réinvente sans peine en 1927 prenant la forme du mouvement légionnaire, le parti communiste, perçu comme un appendice soviétique, demeure hors la loi jusqu’en 1944. Ce n’est qu’à la suite du changement d’alliances opéré par la Roumanie le 23 août 1944, lorsqu’elle abandonne l’Axe pour rejoindre le camp allié, que le parti communiste roumain rentre en légalité, devenant à brève échéance le vecteur de la mainmise soviétique sur la Roumanie, occupée déjà par l’Armée rouge. A la fin de la Seconde guerre mondiale, l’heure de gloire de ces quelques communistes qui avaient maintenu la flamme du communisme allumée pendant la période de clandestinité avait enfin sonné. Ils s’appelleront dorénavant les « illégaux », portant cela comme un titre de gloire.

 

L’un de ces « illégaux » a été Ion Bică. Dans son interview enregistrée en 1971 et conservée par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, Ion Bica raconte son expérience de prisonnier politique au sein du camp de Târgu Jiu, d’où les militants communistes évaderont au mois d’avril 1944 avec l’aide d’un personnel administratif.

 

Ion Bică : « Le parti était parvenu à rétablir la communication entre les militants communistes embastillés et ceux encore libres. Aussi, au fur et à mesure de l’avancée de l’Armée rouge, l’activité du parti s’intensifiait. Certaines femmes notamment, qui travaillaient au sein de l’administration du camp, avaient été cooptées. Elles portaient nos messages et nous aidaient à maintenir le lien avec nos camarades de l’extérieur. »   

 

Militant dans la clandestinité

 

Anton Moisescu, un autre membre du parti communiste pendant sa période de clandestinité, racontait en 1995 son expérience de l’époque :

« Nous agissions en permanence dans la clandestinité. J’avais mon travail à l’usine certes, où mon identité réelle était connue de tous. Et puis je déroulais mon activité de militant communiste, dans la clandestinité, sous une fausse identité. Il fallait se cacher en permanence. Nous disposions des planques, nous nous déplacions la nuit. Nos réunions, nos actions ne pouvaient se dérouler que la nuit, et encore en prenant mille précautions ».  

 

Anton Moisescu poursuit son récit en détaillant les moyens dont lui et ses camarades disposaient à l’époque :

« Nous récoltions de l’argent grâce à nos sympathisants de Bucarest. Cet argent nous servait notamment pour aider nos camarades emprisonnés. D’autres actions de solidarité se déroulait par l’intermédiaire du Secours rouge. L’on récoltait des vêtements, des aliments, de l’argent. Les familles de nos camarades détenus nous aidaient également. Ces dons nous les faisions parvenir dans les prisons politiques. Nous disposions d’une planque, souvent mise à notre disposition par un sympathisant communiste. Il nous était impossible de louer quelque chose sous notre identité véritable. Et puis, l’on changeait souvent de planque. Il fallait se tenir en permanence sur ses gardes, ne pas se montrer, demeurer discrets. Ces gens qui nous aidaient n’étaient pas des membres de parti, c’étaient des sympathisants, la police ne les connaissait pas ».    

 

Entre 1924 et 1944, le parti communiste roumain a dû agir dans la clandestinité. La loi Mârzescu, censée empêcher la résurgence de l’extrémisme politique, n’a eu qu’une portée limitée, et ses effets sur l’évolution politique de la Roumanie demeurent sujet à débat.    (Trad. Ionut Jugureanu)

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