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Le parti communiste et la réforme agraire en Roumanie

La destruction de la propriété privée dans l’agriculture, appelée réforme agraire pour la cause, se profile en Roumanie dès le 6 mars 1945, lors de l’installation sous la pression des Soviétiques du premier gouvernement roumain contrôlé par les communistes.

Le parti communiste et la réforme agraire en Roumanie
Le parti communiste et la réforme agraire en Roumanie

, 14.10.2024, 09:59

La propriété privée, démonisée par les communistes

 

Selon les thèses de Marx, il fallait bien que dans un Etat communiste la propriété des moyens de production soit commune, et que ces derniers deviennent la propriété des producteurs et des usagers. Démonisée, la propriété privée était perçue comme la source du Mal, celle-là même qui était à la base de l’exploitation de l’homme par l’homme, selon la propagande officielle du régime. Et il n’y avait aucune raison à ce que les choses aillent autrement dans le monde rural, où la terre représentait le principal moyen de production. La patrie du communisme, l’URSS donne le ton dès 1918, alors même que la Nouvelle politique agricole promue par Lénine en 1921 allait toutefois admettre l’existence de certaines formes de propriété privée dans l’agriculture. Mais la mort de Lénine, survenue en 1924, sonnera aussi le glas d’une autre forme de propriété que collective dans l’agriculture soviétique. Aussi, après la Seconde Guerre mondiale, les pays devenus satellites de l’URSS s’empresseront d’emboîter le pas au grand frère soviétique.

 

Les débuts de la réforme agraire en Roumanie

 

La destruction de la propriété privée dans l’agriculture, appelée réforme agraire pour la cause, se profile en Roumanie dès le 6 mars 1945, lors de l’installation sous la pression des Soviétiques du premier gouvernement roumain contrôlé par les communistes. Avant même cela, au mois de janvier 1945, le Front national démocrate, soit l’alliance politique dirigée par les communistes, encourageait les paysans à occuper de force les terres et confisquer les propriétés qui dépassaient les 50 hectares. La chose fut légiférée par le gouvernement Petru Groza le 23 mars 1945. Les propriétaires qui détenaient des fermes dépassant les 50 hectares allaient s’y voir déposséder sans dédommagements, non seulement d’une partie de leur propriété mais encore des machines agricoles censées travailler cette terre. La mesure, aussi brutale qu’elle soit, faisait partie du programme des communistes, décidés d’en découdre avec la propriété privée et d’éliminer ce qu’ils appelaient l’exploitation des paysans par les grandes propriétés terriennes.

 

Instabilité et violence 

 

Dans la pratique toutefois, la destruction de la grande propriété a mené non seulement à d’innombrables exactions, brutalités et violences, mais aussi à une baisse marquée de la production agricole et à la déstructuration de l’agriculture roumaine. Le climat marqué par l’instabilité, l’arbitraire et la violence a été noté plus tard même par les membres de la nomenklatura, tel Ion Paicu.

 

Dans une interview passée en 1971 et conservée par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, Ion Paicu se souvient des pratiques auxquelles il avait assisté lors de l’application de la réforme agraire dans le département Mehedinți, situé dans le sud-ouest de la Roumanie :

« Nous avions des difficultés dans l’application de la réforme agraire. Les propriétaires terriens s’y opposaient de manière décidée, parfois l’arme au poing, au partage des terres. Certains, tels un nommé Istrătescu du village de Bâcleş, puis Bumbaru de Malovăţ, mais aussi Ionică Ionescu, un type qui avait tué un militaire soviétique lorsque des unités de l’Armée rouge étaient passées dans les parages, faisaient opposition. Ceux-là ont pris pour leur grade. Nous avons réuni des groupes de choc, des ouvriers, parce que les paysans craignaient trop pour s’en prendre à eux. Sachez qu’en l’absence du soutien de la classe ouvrière, les paysans ne seraient pas parvenus à faire appliquer la réforme agraire. Ce n’est que grâce aux ouvriers, dirigés par le parti communiste, que nous sommes parvenus à mettre au pas les propriétaires terriens et à faire appliquer la réforme agraire. »

 

Attirer la sympathie des paysans

 

Certes, en promouvant la réforme agraire, le parti communiste entendait s’attirer de premier abord la sympathie des paysans. Mais le dogme communiste n’entendait pas s’arrêter en si bon chemin. Faire passer de main la propriété, tout en continuant à laisser les terres aux mains des particuliers était loin d’être l’objectif ultime des communistes.

 

L’ancien syndicaliste Tudor Constantin, interviewé en 2003 par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, détaille à son tour la manière dont cette réforme a été appliquée dans une région agraire située à 60 Km au sud-ouest de Bucarest, près de la ville d’Oltenița  :

« Ecoutez, j’ai reçu un lopin de terre lors de la réforme agraire de 1945. Parce que j’étais vétéran de guerre. Puis, ils me l’ont pris. Tous ceux qui possédaient dans notre commune des terrains agricoles ont dû le céder à l’Etat. Il y avait un parti, le Front des agriculteurs. C’étaient des alliés des communistes. Et il y en avait chez nous deux, trois qui étaient inscrits dans ce parti. Ils ont pris la tête d’un groupe de paysans et sont allés dans les champs pour prendre possession des terres du propriétaire du coin. Ce sont eux qui ont marqué et réparti les parcelles aux uns et aux autres. Ils n’avaient aucune compétence pour ce faire ni aucune légitimité. Puis les paysans ont pris possession de leur lopin et l’ont travaillé comme si c’était le leur jusqu’à la collectivisation de l’agriculture ».   

 

 

La mise en œuvre de la réforme agraire de 1945 a duré jusqu’à 1949. Mais cette réforme ne fut qu’en leurre. Car dès que les communistes se sont vus seuls maîtres à bord ,après l’abdication forcée du roi Michel le 30 décembre 1947, ils ont montré leur vrai visage et mis en œuvre leur véritable dessein. Car cette première réforme fut rapidement suivie par la collectivisation de l’agriculture, autre euphémisme pour marquer la confiscation des terres jusqu’au moindre lopin par l’Etat. Aussi, l’agriculture socialiste venait de naître. (Trad Ionut Jugureanu)

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