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Le centenaire de la Fédération roumaine d’échecs

Sport cérébral entre tous du fait de sa complexité et des exigences d’anticiper la stratégie de l’adversaire, les échecs demeurent un sport extrêmement populaire à travers le monde, la Roumanie n’en faisant pas exception. Histoire.

Le centenaire de la Fédération roumaine d’échecs
Le centenaire de la Fédération roumaine d’échecs

, 20.01.2025, 10:21

Sport cérébral entre tous du fait de sa complexité et des exigences d’anticiper la stratégie de l’adversaire, les échecs demeurent un sport extrêmement populaire à travers le monde, la Roumanie n’en faisant pas exception.

 

Des cafés pour jouer aux échecs au 19e siècle

 

Au 19e siècle, il était de coutume en Europe à ce que les meilleurs joueurs se rencontrent pour s’affronter autour d’une table d’échecs dans les cafés, et de jouer pour rafler la mise. Les endroits les plus connus pour s’adonner à ce jeu étaient sans doute le café parisien de la Régence ou encore le café Dominique de Saint-Pétersbourg, talonnés de près par le café Reiter et par le café Pékin, sis place du Théâtre à Moscou. Ces cafés furent très certainement témoins des duels entre les meilleurs joueurs de l’époque.

 

Les échecs sont mentionnés en Roumanie à compter de 1848

 

Dans l’espace roumain, la pratique du jeu d’échecs semble être importée de France et n’est documentée que depuis 1848. La Fédération roumaine d’échecs ne sera fondée que près de 80 années plus tard, en 1925.

 

Ștefan Baciu, spécialiste de l’histoire du jeu d’échecs, nous parle des débuts de ce sport en Roumanie :

« A l’instar des autres pays européens, c’est dans les cafés que les passionnés du jeu d’échecs se rencontraient à l’époque. Le Roumain George Marcu, originaire de Cernauti, publiait dans la revue spécialisée le Journal d’échecs de Vienne une partie jouée contre son frère Mihai dans le café L’Europe de la ville moldave de Cernăuţi. Mais les cafés bucarestois abritaient eux aussi des parties passionnantes. Manolache Costache Epureanu, président du Conseil des ministres vers la fin du 19e siècle, privilégiait semble-t-il poursuivre son jeu d’échecs dans son café favori, laissant attendre patiemment ses ministres, réunis au même moment autour de la table du gouvernement. La scène inédite sera immortalisée par Ion Luca Caragiale dans l’une de ses nouvelles. C’est toujours dans les cafés que furent fondés les premiers clubs d’échecs. Aussi, en 1875, le violoniste autrichien Ludovic Wiest, professeur au Conservatoire de Bucarest, organise le premier salon d’échecs au café Concordia, sis rue Smârdan, au vieux centre de Bucarest. Mais ce n’est qu’en 1892 que le premier club d’échecs verra le jour à Bucarest, café Kuebler. Et qu’importe s’il n’était pas séant à ce que les dames franchissent les seuils de cafés, car l’on voit l’industriel Basil Assan trouver rapidement la parade, en aménageant un salon d’échecs pour ses trois filles dans sa spacieuse demeure bucarestoise. »

 

Les fondateurs du premier club

 

Parmi les fondateurs de ce premier club d’échecs nous retrouvons Hercule Anton Gudju, diplômé en droit de Paris au début des années 1880, et qui avait gagné plusieurs tournois d’échecs dans la capitale française. C’est lui qui jettera les bases de la Fédération roumaine d’échecs, épaulé dans cette entreprise par son fils, Ion Gudju, membre du Cercle d’échecs de Bucarest. Aussi, pendant l’été 1924, Ion Gudju, George Davidescu et Leon Loewenton participent à Paris pendant les Jeux olympiques d’été à un tournoi d’échecs par équipes. Le 20 juillet 1924, à la fin du tournoi, 15 délégués signeront l’acte constitutif de la Fédération Internationale des Échecs (la FIDE), l’un des 15 signataires étant le Roumain Ion Gudju. Une fois rentré à Bucarest, Ion Gudju n’a eu de cesse que de fonder la fédération nationale du noble sport.

 

Ștefan Baciu nous raconte la suite de l’histoire :

« Le 4 janvier 1925, les représentants de 26 cercles d’échecs ont jeté les bases du Comité provisoire de la Fédération roumaine des Echecs. Adam Hențiescu, président du cercle de Bucarest, a été élu à la présidence de la fédération. Né en Transylvanie, Adam Hențiu a traversé les Carpates en 1877, à 21 ans, pour rejoindre volontaire les rangs de l’Armée roumaine qui tentait d’arracher l’indépendance du pays face aux armées ottomanes. Après la guerre, il s’établit à Bucarest et devient pharmacien. Volontaire encore pendant la Grande Guerre, Adam Hentiu décède avant que son rêve, la Fédération roumaine des échecs, voit le jour. Du comité d’initiative fit encore partie Alexandru Tyroler, né à Timisoara, et premier champion national d’échecs en 1926. D’autres grands joueurs de l’époque marquèrent l’histoire de ce sport en Roumanie : Nicolae Brody de Cluj, Janos Balogh de Miercurea Ciuc, ce dernier léguant son nom à la défense Balogh. »

 

Un début prometteur qui ralentit avec la crise économique

 

En 1925, la Roumanie comptait rien qu’à Bucarest 9 cercles d’échecs, bien d’autres s’organisant dans les villes, dans les lycées et les universités à travers le pays. Le 14 mars 1926 voit le jour à Bucarest la Fédération roumaine des échecs. La crise économique de 1929-1933 freine pourtant l’essor du noble sport, en 1932 et l’année suivante le championnat national masculin individuel n’étant pas organisé. Par ailleurs, alors que l’équipe roumaine avait été une présence constante lors des premières éditions des Olympiades des échecs, créées de manière informelle en 1924, elle va louper les éditions de 1937 et 1939.   (Trad. Ionut Jugureanu)

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