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La Securitate et l’économie roumaine

Après 1948, l’Etat communiste roumain a confisqué toutes les entreprises, devenant l’unique propriétaire de l’économie, selon l’idéologie marxiste-léniniste. De plus, l’Etat est devenu aussi producteur, administrateur, distributeur, commerçant, fournisseur de services et l’unique compétiteur sur un marché quasi inexistant. Comme la consolidation du régime dépendait de l’économie, en suivant le modèle soviétique, le Parti Communiste Roumain l’a transformée en priorité zéro. La Securitate, la police politique communiste, avait le rôle de surveiller de près l’économie, une mission décrite dans les décrets et actes réglementaires comme suit: « connaître, prévenir et liquider tout geste de nature à miner l’économie nationale et à porter atteinte à la sécurité de l’Etat».

La Securitate et l’économie roumaine
La Securitate et l’économie roumaine

, 18.04.2016, 14:43

Après 1948, l’Etat communiste roumain a confisqué toutes les entreprises, devenant l’unique propriétaire de l’économie, selon l’idéologie marxiste-léniniste. De plus, l’Etat est devenu aussi producteur, administrateur, distributeur, commerçant, fournisseur de services et l’unique compétiteur sur un marché quasi inexistant. Comme la consolidation du régime dépendait de l’économie, en suivant le modèle soviétique, le Parti Communiste Roumain l’a transformée en priorité zéro. La Securitate, la police politique communiste, avait le rôle de surveiller de près l’économie, une mission décrite dans les décrets et actes réglementaires comme suit: « connaître, prévenir et liquider tout geste de nature à miner l’économie nationale et à porter atteinte à la sécurité de l’Etat».

Liviu Ţǎranu est chercheur au Conseil national pour l’étude des archives de l’ancienne Securitate. Il explique les structures économiques de la police politique communiste: « Etant directement liée à l’appareil du parti, la Securitate a reçu une variété de missions dans le domaine de l’économie. La structure qui a surveillé l’activité économique entre 1950 et 1970 s’appelait la Direction de Contre-sabotage, connue par la suite comme la Deuxième direction des renseignements économiques dans les années 70 et 80. Ce n’était pas la seule structure chargée de l’économie. Il y en avait d’autres aussi qui ont activé dans les différentes zones économiques. Par exemple la Première Direction de renseignements intérieurs, le Département de renseignements extérieurs, le Centre de renseignements intérieurs créé après 1978. S’y ajoute toute une série d’unités indépendantes, dont le Service indépendant pour le commerce extérieur ou la célèbre Entreprise de commerce extérieur Dunarea. »

La police politique communiste avait ses propres méthodes de surveiller l’économie, étroitement liées aux programmes politiques. Liviu Ţǎranu explique : «En 1989, dans un article paru dans la revue Securitatea, le chef de la Deuxième direction de renseignements économiques, le général Emil Macri, affirmait que la structure qu’il dirigeait était active. C’est la preuve la plus évidente du fait que le Parti Communiste se servait de la Securitate dans l’économie aussi, selon les priorités de sa politique économique et de sa direction. Il s’agissait d’une manière spécifique d’agir : création de réseaux informatifs, surveillance, perquisitions, arrestations, enquêtes, correspondance interceptée, écoutes téléphoniques. La Securitate avait ses propres méthodes d’atteindre ses objectifs. Dans les années 70 – 80 le côté préventif de son activité était essentiel, accentué par Nicolae Ceausescu lui-même et par les chefs de la police politique. Les mesures préventives comportaient un nombre important d’avertissements et destructions de l’entourage.»

Malgré les actions de la police politique, l’économie de la Roumanie communiste allait de mal en pis. Par conséquent, la Securitate a voulu connaître les causes du dysfonctionnement toujours plus profond de l’économie.

Liviu Ţǎranu: «A compter des années ’70 et surtout pendant les années ’80, à mesure que la crise économique s’approfondissait, la Deuxième Direction s’est vu attribuer des tâches visant la surveillance de la production industrielle et agricole du pays, tant au niveau qualitatif qu’au niveau quantitatif. C’est la production destinée à l’exportation qui était privilégiée. Dans les années 80 il fallait savoir pourquoi l’objectif de la production planifiée n’avait pas été atteint, pourquoi certaines installations étaient utilisées de manière inefficace et qui étaient les personnes responsables de l’état négatif des choses au sein des unités économiques. Bref, dans les années ’80, la Securitate devient une sorte de superviseur des chaînes de production industrielle et de l’économie en général. En même temps, elle supervisait la coopération entre les différentes unités industrielles qui auraient dû collaborer mais qui ne le faisaient pas en raison du blocage existant. L’absence d’une coordination entre les unités économiques, les retards majeurs de livraison de produits, la qualité faible de la plupart des produits, les problèmes d’approvisionnement et l’incapacité d’atteindre les chiffres prévus dans le plan – c’étaient autant de priorités de la Direction de renseignements économiques. »

Les enquêtes de la Securitate ont mis au jour non seulement les lacunes du système, mais aussi et surtout la dégradation psychologique des ressources humaines.

Liviu Ţăranu : «Un autre côté de l’activité de la Direction des renseignements économiques était de surveiller les programmes de modernisation des technologies utilisées par les grandes entreprises de l’industrie. Il s’agissait de surveiller entre autres les instituts de recherche scientifique, d’ingénierie technologique que les chefs de la Securitate, dont notamment Emil Macri, son dernier chef, tenaient pour coupable pour les défauts de fabrication des produits roumains. Ce n’est pas la fabrication, mais la conception des produits qui était, selon la Securitate, la cause principale de la faible qualité des produits de l’industrie autochtone. L’expérience des officiers de la Deuxième direction témoigne du fait que les erreurs de conception étaient à l’origine de la qualité précaire. La mauvaise fabrication y comptait à peine pour 5 à 10%.»

Même la présence de la redoutée Securitate n’a pas pu sauver l’économie roumaine qui a fait faillite en 1989. Cela prouve que la volonté d’un régime tyrannique ne peut pas être supérieure à la logique élémentaire du fonctionnement de l’économie, ni aux désirs et aux attentes de la population. (Trad. Valentina Beleavski)

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