La reine Elisabeth de Roumanie (1843-1916)
La première souveraine de Roumanie a été la princesse Elisabeth Pauline Ottilie Luise zu Wied, épouse du roi Carol Ier, fondateur de la monarchie constitutionnelle et père de la modernisation du pays. Née en 1843, en Allemagne, Elisabeth arrive en Roumanie à lâge de 26 ans, en tant quépouse du prince Carol de Hohenzollern. Mécène et fondatrice de maintes institutions caritatives, elle a également été douée dun talent littéraire incontestable. Poétesse, essayiste et romancière, elle signe ses ouvrages du pseudonyme Carmen Sylva. Le dévouement avec lequel elle a soigné les soldats pendant la guerre dindépendance de 1877-1878 lui a valu le surnom de « mère des blessés ».
Steliu Lambru, 13.03.2016, 13:56
La première souveraine de Roumanie a été la princesse Elisabeth Pauline Ottilie Luise zu Wied, épouse du roi Carol Ier, fondateur de la monarchie constitutionnelle et père de la modernisation du pays. Née en 1843, en Allemagne, Elisabeth arrive en Roumanie à lâge de 26 ans, en tant quépouse du prince Carol de Hohenzollern. Mécène et fondatrice de maintes institutions caritatives, elle a également été douée dun talent littéraire incontestable. Poétesse, essayiste et romancière, elle signe ses ouvrages du pseudonyme Carmen Sylva. Le dévouement avec lequel elle a soigné les soldats pendant la guerre dindépendance de 1877-1878 lui a valu le surnom de « mère des blessés ».
Alin Ciupală, qui enseigne lhistoire du 19e siècle à lUniversité de Bucarest, nous a parlé de deux des contributions de la reine Elisabeth à la modernisation culturelle et sociale de la Roumanie: « La reine Elisabeth sest fait remarquer notamment dans les domaines culturel et social. A travers ses écrits, elle a œuvré à faire connaître la culture roumaine en Occident. Elisabeth a fondé des associations caritatives et des organisations qui ont milité pour lémancipation sociale et culturelle des femmes roumaines. Traduite en plusieurs langues, son œuvre littéraire est connue dans le monde entier. Le journaliste Radu D. Rosetti raconte que lors dun voyage en Norvège, il sest arrêté dans un village de pêcheurs. En apprenant quil venait de Roumanie, linstituteur du village se serait exclamé « tiens, vous êtes du pays de lécrivaine Carmen Sylva ». Un autre exemple tout aussi surprenant est lexpérience dune jeune roumaine. Pendant son voyage en Terre de feu, elle fait la connaissance dune Américaine, qui savère être une fine connaisseuse de lœuvre littéraire de Carmen Sylva. »
La situation sociale et économique du pays détermine la reine à mobiliser des ressources matérielles et humaines pour venir en aide aux plus démunis des Roumains. Elisabeth va lier son nom à des établissements sociaux, fondés vers le milieu du 19e siècle et qui existent aujourdhui encore, explique lhistorien Alin Ciupală: « Sur le plan social, la reine Elisabeth a mis sur pied de nombreuses associations et organisations caritatives, à l‘époque de la guerre dindépendance de 1877-1878. Et cest toujours à la reine que lon doit la naissance du système sanitaire privé de Roumanie. Après la guerre, Elisabeth continue de sinvestir dans la création détablissements sociaux, tels l’asile des malvoyants Vatra Luminoasă (Foyer lumineux), ou la société charitable appelée LObole. »
La reine Elisabeth sest tenue à lécart de la politique, à une seule exception près, affirme lhistorien Alin Ciupală: « La reine ne sest pas mêlée de la politique, excepté le moment où elle a voulu marier une de ses demoiselles de compagnie, Elena Văcărescu, au prince héritier Ferdinand. Les raisons qui ly poussaient étaient plutôt romantiques, mais le fait davoir ignoré les retombées politiques dun tel mariage a sans doute été une erreur, la seule quelle ait jamais commise dailleurs. Obligé dintervenir, le roi Carol le fit avec beaucoup de fermeté. »
Elisabeth est souvent évoquée par la postérité comme une femme sentimentale, la tête dans les nuages. Alin Ciupală, qui nest pas daccord avec ce portrait de la reine, explique : « Cest limage qui ressort des notes du secrétaire particulier de la reine, Robert Schäffer et des écrits de la reine Marie. Les deux ont esquissé un personnage décalé par rapport à la réalité, une romantique incurable, ne comprenant rien au monde qui lentourait. A mon avis, on a affaire à une image déformée, dictée par des animosités personnelles. Robert Schäffer, en qui Elisabeth avait eu pleine confiance, avait quitté la Roumanie en emportant avec lui une partie de largent que la reine avait amassé pour créer lasile des aveugles Vatra Luminoasă. Lancien secrétaire privé voulait ainsi dénigrer non seulement la reine mais toute la famille royale de Roumanie. Quant à la reine Marie, ses mauvaises relations avec le roi Carol et avec la reine Elisabeth étaient notoires. Si elle respectait le roi, le considérant comme un adversaire digne delle, elle a toujours méprisé Elisabeth, la décrivant comme une personne trop naïve et romantique, dépourvue de tout sens des réalités. Après lavènement au trône du roi Ferdinand et de son épouse Marie, Elisabeth sera presque oubliée. Même sa mort, survenue en 1916, à un moment difficile pour la Roumanie, passera inaperçue. La reine Marie occupait déjà le devant de la scène. »
La reine Elisabeth a sans doute été la souveraine dont les Roumains ont eu besoin. Elle sest approchée du peuple beaucoup plus que ne lavait fait son époux, le roi Carol Ier. La postérité a conservé le beau souvenir quelle mérite. (trad.: Mariana Tudose)